Monsieur le premier ministre, je n’aime pas m’adresser directement à des personnes, dans mes chroniques.
« Lettre à la mairesse », « Lettre au premier ministre », « Lettre au responsable de la réfection des routes – section nids-de-poule », ce n’est pas trop mon genre.
Je trouve que ça fait cavalier.
Comme si je vous croisais dans la rue et vous apostrophais.
QU’EST-CE QUI VOUS BLOQUE ?
Mais je n’ai pas trouvé une autre façon d’aborder le sujet dont je veux traiter aujourd’hui.
La question me turlupine depuis trop longtemps, il faut que je vous la pose directement, au risque de paraître effronté.
Pourquoi refusez-vous d’étendre la loi 101 aux cégeps ?
De quoi avez-vous peur ?
Que les électeurs anglophones désertent la Coalition Avenir Québec ? Mais ils n’y sont pas !
D’être pris à partie par les habitants du reste du Canada ? Bof, ils vous traitent déjà de tous les noms à cause de la loi 21 !
Et puis, sur la question du traitement des minorités linguistiques, ces gens n’ont aucune leçon à nous donner.
Alors, c’est quoi le problème ? Qu’est-ce qui vous bloque ?
LA VOIE EST LIBRE
Comme l’écrivait mon collègue Philippe Léger : « Partout au Québec, des professeurs se lèvent et revendiquent l’extension de la loi 101 au cégep.
« Un sondage de juin 2021 révélait que 58 % des Québécois y étaient favorables.
Les Québécois le demandent, les chercheurs le justifient, et maintenant les profs le revendiquent. Mais la CAQ, elle, reste figée. »
Pourquoi ?
Monsieur le premier ministre, vous qui aimez les sondages, vous avez une autoroute à six voies devant vous !
La route est libre, tous les feux sont verts, et aucun embouteillage ne vous bloquera le chemin.
Qu’est-ce qui vous empêche d’appuyer sur le champignon ?
Vous ne cessez de dire que vous êtes nationaliste.
Eh bien, prouvez-le ! Frappez la balle et envoyez-la de l’autre côté de la clôture !
Être nationaliste, ce n’est pas seulement dire aux gens de mettre des fraises d’ici dans leur « panier bleu » ou ouvrir un « espace bleu » de 50 mètres carrés à Saint-Agapit !
BOURASSA, SORS DE CE CORPS !
C’est maintenant qu’il faut prendre le taureau par les cornes.
Pas dans 10 ans.
Si l’on se fie aux sondages, tout indique que votre gouvernement décrochera un deuxième mandat dans sept mois.
Et – ça ne serait pas surprenant, vu le marasme dans lequel patauge le Parti libéral du Québec, qui ne réussit ni à attirer les francophones ni à retenir les anglophones – un troisième dans quatre ans.
Allez-y ! Profitez de la confiance que vous accordent les Québécois pour poser des gestes significatifs !
C’est quand, la prochaine fois qu’un gouvernement bénéficiera d’une telle marge de manœuvre ?
La fenêtre est ouverte, profitez-en avant qu’elle se referme !
Vous avez montré, avec la loi 21 et votre refus de tomber dans le piège du « racisme systémique » que vous tendaient vos adversaires (et même votre candidate dans Marie-Victorin !), que vous avez du courage.
Eh bien, continuez !
Faites mentir ceux qui disent que vous n’êtes qu’un clone de Robert Bourassa !
Et la CAQ, un parti rouge qui porte une robe bleue !
Montrez-nous que votre nationalisme n’est pas un tatouage qui part au lavage !