Monsieur Charest, comme pour la campagne électorale de 2003, la priorité de votre programme, c’est la santé.
Comme les mots sont importants, permettez-moi de vous corriger; la priorité de votre programme, ce n’est pas la santé, mais la maladie. On devrait donc dire : le Ministère de la Maladie plutôt que celui de la Santé.
Vous croyez que j’exagère. Vous vous trompez. Voici pourquoi.
De quoi parle-t-on généralement quand on parle de la santé dans les médias? De délais d’attente pour les opérations au genou ou à la hanche, des salles d’urgence engorgées, de la bactérie C difficile, des salles d’opération, des nouveaux appareils à la fine pointe de la technologie, des médicaments, de l’industrie pharmaceutique, de la rémunération des médecins spécialistes, parfois de certains abus à des personnes âgées en CHSLD et du manque de médecins de première ligne et … que le réseau de la maladie coûte cher.
Je sais que ce serait moins bien électoralement de prioriser la santé plutôt que la maladie. Mais, pour les contribuables, ce serait plus économique à long terme et la population serait plus heureuse parce que plus en santé.
Je sais aussi que les puissants lobbys des entreprises pharmaceutiques et d’appareils de technologie médicale, des médecins et des fondations des hôpitaux mettent une énorme pression sur le gouvernement pour que la maladie soit la priorité budgétaire plutôt que la prévention.
Voici, d’après mon expérience professionnelle et de vie quels pourraient être certains éléments d’une réelle PRIORITÉ DE LA SANTÉ.
1. Leadership dans le nettoyage de l’environnement
Oui, il y a un lien entre la santé et l’environnement. Et, c’est urgent de faire le virage environnemental tout en sommant votre ami le premier ministre Harper de s’ouvrir l’esprit sur la question et de jouer un rôle de leader auprès d’autres chefs d’états récalcitrants.
Ce virage devra comprendre une intensification du transport en commun, des normes plus strictes pour les voitures et les entreprises polluantes, l’encouragement de la production et de l’achat des voitures électriques, la coordination par Hydro-Québec de la production et de la distribution de l’énergie éolienne, la dépollution des lacs et des rivières, l’intensification du recyclage, etc.
2. Rétablir la plupart des CLSC autonomes sauf dans les milieux ruraux éloignés où la mission hospitalière est minime et accélérer la mise sur pied des groupes de médecine familiale
Oui, ce fut une erreur de fondre les CLSC partout avec les hôpitaux. Pourquoi? Parce que la priorité de ces nouvelles grosses structures bureaucratiques est inévitablement la maladie plutôt que la prévention, les services de première ligne et les services sociaux et communautaires.
Vous doutez de mon affirmation? Consultez les ordres du jour des nouveaux établissements regroupant les CLSC et les CHSLD avec l’hôpital et comparez-les avec ceux de l’ancienne structure CLSC.
Les CLSC, structurés de façon plus légère et souple, sont bien placés pour jouer un rôle de leader dans l’intensification de la prévention et pour procurer des services sociaux et communautaires adaptés aux besoins.
Ils sont aussi mieux en mesure de jouer un rôle de leader avec les groupes de médecine familiale afin de combler les lacunes dans les services de premières lignes et pour assurer la continuité des services.
3. Prioriser l’intensification des services aux jeunes familles puisque c’est là que commencent la prévention et la prise en charge de la santé
Il faut plus de services pour les femmes enceintes, autour de l’accouchement et pour les services aux jeunes familles. Ces familles, surtout les familles défavorisées, mais aussi celles qui ne le sont pas économiquement ont besoin de plus de services pour qu’eux et leurs jeunes enfants soient en santé dès le départ. Sans oublier des mesures favorisant la conciliation travail-famille!
4. Promouvoir la bonne alimentation, l’activité physique dont la pratique du sport et la prise en charge individuelle de sa santé
Si la bonne alimentation et l’activité physique étaient à la mode, combien y aurait-il de lits de moins à urgence, d’interventions de moins par les médecins spécialistes, de médicaments de moins prescrits, de personnes âgées autonomes de plus en santé chez-eux?
5. Encadrer et supporter la pratique responsable de la médecine alternative
Si tant de Québécois s’intéressent aux médecines alternatives, serait-ce que la médecine traditionnelle ne répond pas à leur quête de la santé? Peut-être, mais, il faut que le gouvernement encadre et supporte cette médecine.
6. Prioriser la santé, ça se passe aussi en interpellant d’autres secteurs de l’activité gouvernementale
Comment pouvez-vous dire, Monsieur Charest, que la priorité du gouvernement est la santé quand, d’une part, des sociétés d’État exhortent à ce point les gens au jeu et à la consommation d’alcool et que d’autre part, le gouvernement investit peu pour réparer les pots et les vies cassés?
Quel est le coût de la maladie de milliers de Québécois aux prises avec un problème de jeu ou d’alcool? N’oubliez pas que le système de santé (maladie) inclut la dimension sociale.
L’État n’investit pas assez pour prévenir le décrochage scolaire et aider les décrocheurs à intégrer le marché du travail. Que dire des milliers de nouveaux Québécois qui ne réussissent pas à se trouver un emploi à la hauteur de leur compétence?
C’est un fait que plus les personnes ont un niveau de scolarité élevé, meilleures sont les opportunités de travail et meilleure est leur santé.
Ne croyez-vous pas, Monsieur Charest, qu’en priorisant véritablement la santé plutôt que la maladie, les Québécois seront plus en santé et les coûts cesseront de croître hors de contrôle?
Et, en terminant, ne me dites pas qu’un tel programme de santé est une utopique!
Un ancien directeur général de CLSC,
Georges le Gal
Montréal
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