Réinvestissement dans les services publics, vous dites!
Le 25 octobre 2016, le ministre-banquier des Finances du Parti libéral du Québec (PLQ), Carlos Leitão, a continué à rire du monde avec sa mise à jour économique, une autre tromperie. À cet effet, le Devoir titrait le 26 octobre 2016 : «Mise à jour économique. Fort d’un surplus hérité de l’austérité, Québec investit dans les services publics». Réinvestir dans les services publics qu’ont dit les grosses têtes du PLQ. Ai-je bien entendu? Faites-moi rire.
Après avoir sabré quelques milliards, on ajoute des pinottes
Mes amis, au cours des deux dernières années, soit depuis sa réélection en 2014, le PLQ a coupé des milliards de dollars dans tous nos programmes sociaux alors qu’il n’avait jamais parlé de cette boucherie, de cette austérité ou de cette «rigueur» budgétaire durant la campagne électorale. Jamais les gens ne l’ont élu pour faire ça. Ben non, hypocrite comme il l’a toujours été, il nous a doré la pilule pendant les élections. Une fois réélu, majoritairement, grâce à la lâcheté du Parti québécois à tenir ses promesses pour le peu de temps qu’il a formé un gouvernement minoritaire, le PLQ a vargé de façon draconienne dans nos services publics et a été le seul à adopter de telles politiques insensées en Amérique du Nord. Le tout même à l’encontre des mesures recommandées par des organismes, pourtant à droite comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), alors qu’il n’y avait nullement péril en la demeure. Ce qui est important pour le PLQ, et son allié du patronat, est d’imposer ses pratiques néolibérales à tout prix : moins d’État, moins de services publics, moins d’impôts sur le revenu, plus de taxes à la consommation et de tarifications de services publics. Ça fait qu’en deux ans au pouvoir, le PLQ a accentué les inégalités économiques déjà scandaleuses et a frappé de plein fouet la classe moyenne ainsi que les plus vulnérables. Par contre, il a fait du bien au patronat et aux pleins, comme il vient encore de le faire en abolissant la taxe santé, ce qui leur fera économiser environ 800$ par année. Oui, il aurait pu éliminer la taxe santé pour ceux qui gagnent moins de 75 000$ l’an et la laisser en place pour le gratin qui compte une tonne d’abris fiscaux.
Des coupes sauvages dans nos services publics essentiels, en voici des exemples :
-«Des compressions de 2,4 milliards. Québec impose (sic) un important effort (sic) budgétaire notamment à la Santé et à l’Éducation» (La Presse, 7 mai 2014). Mais n’ayez crainte, cela n’affectera nullement la «qualité» et la «quantité» de services rendus à la population que le PLQ a eu le culot de nous dire et qu’il continue à colporter. On n’a pas les pires urgences en Occident pour rien.
-«La santé écopera encore (sic) l’an prochain. Québec imposera (sic) des compressions de 700 millions (additionnels) de dollars en 2016» (La Presse, 8 octobre 2015). Un autre 1,2 milliard de coupures en tout et 700 millions en santé, toujours sans affecter d’aucune façon les services rendus à la population : «Coupes en santé : Philippe Couillard invoque toujours l’équilibre budgétaire» (La Presse, Canadienne, 20 juin 2016). Équilibre budgétaire imposé comme une religion au Québec par le PLQ alors qu’aux États-Unis, en Ontario et même en Alberta, ils ont opté pour des politiques qui ont augmenté le déficit et la dette publique telles que proposées par le FMI, entre autres. Expliquez-moi, mes amis. Le PLQ coupe tout mais en accordant des milliards en hausse de salaires, le privilège aux médecins de s’incorporer et en tolérant d’autres milliards en augmentation des prix des médicaments de la mafia pharmaceutique. Alors, dites-moi, le PLQ coupe obligatoirement ailleurs en santé publique. Mais où? Pouvez-vous me le dire?
Et le «goon» en chef, qui est très fier de son coup : «Des coupes agressives (sic) pour garantir la survie du système de santé, dit Gaétan Barette» (Le Devoir, 26 juin 2014). Couper pour assurer la survie du système de santé publique. Ça relève du délire. Pour sauver le système de santé publique, faut couper et surtout pas investir, ce qui ne ferait qu’affaiblir la santé publique et peut-être même mener à sa fin. Avec Barrette, on en apprend à tous les jours.
Une première mondiale pour le PLQ
Du jamais vu dans le monde d’hier à aujourd’hui. Austérité inventée oblige, le PLQ coupe des milliards de dollars dans nos services publics tout en promettant des baisses d’impôt sur le revenu qui profitent principalement à l’élite : « Leitão fait miroiter des baisses d’impôt» (Le Devoir, 7 juillet 2016). Couper des milliards de dollars dans nos services publics déjà pas très forts pour réduire les impôts des riches, c’est du jamais vu. Ça relève de l’idéologie d’un gouvernement de la droite radicale affranchi au patronat et à la secte supérieure. Pourtant, depuis toujours, sondage après sondage, les Québécois préfèrent de beaucoup le réinvestissement massif dans leurs programmes sociaux plutôt que des baisses d’impôt sur le revenu qui favorisent les nantis. Contrairement à ce que croit monsieur Leitão, les Québécois ne sont pas cons.
Attachez votre tuque, le PLQ réinvestit
Carlos Leitão, lors de sa dernière mise à jour économique, vient donc d’annoncer, tenez-vous bien, un immense et incroyable investissement de 35 millions$ en éducation cette année et 100 millions$ en santé. Wow! Après avoir sabré des milliards de dollars en deux ans dans l’éducation et dans la santé, le ministre-banquier des Finances vient nous annoncer, en grande pompe, un investissement additionnel de 30 et de 100 millions$ en éducation et en santé respectivement. Ce n’est pas juste rire du monde, c’est les mépriser. J’espère que vous ne vous laisserez pas emberlificoter par cette autre minable arnaque du PLQ. Et dire que des journalistes et des chroniqueurs ont embarqué dans ce vaudeville burlesque et funeste.
Fonds des générations et équité intergénérationnelle à saveur du PLQ
Ah ben, voilà que Carlos Leitão s’enfonce toujours plus dans le ridicule. Ça sonne vraiment tout croche de voir le PLQ se faire l’apôtre de l’équité intergénérationnelle. Si l’équité intergénérationnelle tenait réellement à cœur aux messieurs et dames du PLQ, et qu’ils étaient vraiment sincères, voici quelques politiques à adopter dès maintenant :
- -Hausser le salaire minimum à 15$ l’heure;
- -Investir massivement dans notre système d’éducation publique de la maternelle à l’université comme d’ailleurs vient de le faire le gouvernement libéral de l’Ontario;
- -Adopter des politiques environnementales rigoureuses afin de préserver la nature de demain léguée à nos jeunes au lieu de laisser faire les pétrolières, les gazières, les cimenteries, les alumineries, etc. à leur guise. Au lieu de s’en prendre aux groupes écologistes et aux élus régionaux, ils devraient d’en prendre aux groupes patronaux, à leurs lobbyistes et à leurs escortes universitaires;
- -Être aussi déterminés à freiner l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux et à couper dans les vaches sacrées consenties au club sélect de la classe supérieure (sous forme d’une panoplie d’abris fiscaux invraisemblables comme les gains en capitaux, les options d’achat d’actions, l’incorporation abusive, le report d’impôt par l’achat d’instruments dérivés, les sociétés en commandite, les compagnies de gestion personnelle et j’en passe) qu’ils l’ont été pour varger dans les programmes sociaux des jeunes d’aujourd’hui et de demain. C’est probablement au nom des générations futures qu’ils saccagent leurs services publics?
Si je comprends bien, monsieur Leitão coupe lâchement dans nos programmes sociaux (ce qui n’affectera pas les générations futures, je suppose?) et augmente la facture d’électricité de la population afin de mettre 1,5 milliard de dollars dans le Fonds des générations futures et ainsi réduire la dette du Québec? Et après, il ose prétendre prendre à cœur le sort des générations futures. Peut-être que oui, mais seulement pour les jeunes issus de familles bourgeoises.
Réduire la dette publique : un autre prétexte pour couper
Dans sa dernière mise à jour économique, toujours au nom de la supposée équité intergénérationnelle (vraiment touchant), il va réduire de quelques centaines de millions de dollars la dette publique du Québec. Des dollars qui auraient dû servir plutôt à financer nos services publics comme le recommande le FMI. Ça n’a aucun sens de couper dans les programmes sociaux afin de dégager des fonds pour réduire la dette publique du Québec : «Conseil du FMI aux États. Construisez et endettez-vous! Emprunter pour investir dans les infrastructures permettra de générer de la croissance, plaide le Fonds monétaire international» (Le Devoir, 1et octobre 2014). Justement de la croissance pour les jeunes. Tiens, tiens, monsieur Leitão, une autre qui vient contredire les supposés bienfaits des politiques d’austérité et de ses prétentions fallacieuses : «Élimination de la dette. Le Québec fait fausse route. L’austérité est une politique nuisible pour la plupart des pays, peut-on conclure à la lumière d’une étude du FMI» (Le Devoir, 3 juin 2015). Monsieur le ministre devrait faire lire ce genre d’études de recherche à ses p’tits amis du patronat et de sa milice universitaire.
Et pourquoi pas deux autres du FMI, juste pour Carlos et ses acolytes
Parlant d’austérité, le FMI a encore dit: «Le FMI admet que l’austérité aggrave les inégalités sociale» (Le Devoir, 14 mars 2014). Ben y’a pas de problème pour le PLQ. C’est exactement ça qu’il veut, soit accroître les inégalités économiques. Et enfin, toujours pour Carlos, peut-être que ça pourrait l’inciter à augmenter le salaire minimum, même s’il trouve que celui qu’on a actuellement au Québec (10,75$ l’heure) très généreux : «La fortune sourit aux pays dont les moins bien nantis s’enrichissent. À l’inverse, le PIB recule lorsque ce sont les revenus des plus riches qui s’accroissent, ont mesuré des chercheurs du FMI» (Le Devoir, 16 juin 2015). Que Carlos mette ça dans sa pipe, il n’est tout de même pas assez tata pour remettre en cause la crédibilité et l’expertise du FMI? Alors, Carlos, pourquoi faire le contraire de ce que recommande le FMI? Assuré que tu vas avoir mérité une belle grosse job payante dans une belle grosse banque après ton séjour en politique?
À bas le mythe de la grosse dette au Québec
Rien à faire avec le PLQ, le patronat, leurs universitaires et les autres : ils vont continuer à vous mentir sur la dette du Québec afin de vous faire peur ainsi pour que vous vous soumettiez à leurs diktats qui vous appauvriront davantage au profit de la classe dominante.
Premièrement, si on tient compte des actifs collectifs du Québec (Hydro-Québec, SAQ, Loto-Québec, Caisse de dépôt, nos autoroutes, ponts, aqueducs, écoles et hôpitaux), comme honnêtement on doit le faire pour déterminer vraiment si vous êtes trop ou pas assez endettés, eh ben, il n’en a plus de dette publique au Québec. Zéro, niet, c’est-y assez clair? Au contraire, on arrive avec un actif net au Québec de plusieurs milliards de dollars. On a des actifs que d’autres provinces et pays n’ont pas comme Hydro-Québec.
Deuxièmement, encore cet été, la firme internationale de notation américaine Standard & Poor’s n’a pas diminué, ni maintenu la cote de crédit du Québec; elle l’a plutôt relevée : «La cote de crédit du Québec en hausse. Standard & Poor’s estime que l’économie se porte bien» (Le Journal de Montréal, 2 juin 2016). Et cela ne date pas d’hier puisqu’en 2011 : «Québec garde sa bonne cote de Moody’s» et aussi «DBRS maintient la cote du Québec» (La Presse, 16 septembre 2011). DBRS, Moody’s et Fitch sont d’autres importantes firmes de notation qui viennent justement de rabaisser encore une fois la cote de crédit de Bombardier dans laquelle le PLQ a distribué 3 milliards$ de notre argent collectif. Bah, Bombardier, c’est pas un service public, on peut donc leur garrocher de notre fric public même si ce sont des incompétents invétérés.
Troisièmement, si le Québec est si endetté, comment se fait-il que la province puisse emprunter à des taux légèrement supérieurs à 1% et que «La dette du Québec trouve facilement preneur»? De plus, «Québec emprunte 1,5 milliard en deux semaines» (La Presse, 5 août 2011 et 15 février 2012).
Et la meilleure pour la fin : «Étude sur la solvabilité des provinces. Le Québec est plus solide que l’Ontario et l’Alberta» (La Presse, 19 octobre 2012). Mais n’ayez crainte, pour justifier leurs coupes abominables, ils vont continuer à dramatiser sur la dette publique et sur les finances de la province comme le font régulièrement le patronat, les élus du PLQ, et leur confrérie universitaire et sans oublier le seul et unique (une chance) Philippe Couillard qui se fait poète à ses heures. Il est tellement cultivé : «Couillard juge la situation alarmante» (La Presse, 5 septembre 2014). Ce qui ne l’empêchera nullement de baisser les impôts de ses copains. Comme il fait niaiseusement son petit poète, peut-être le vrai poète Richard Desjardins voudra être son ami? Peut-être aussi que Philippe va convaincre Richard de se présenter comme candidat libéral aux prochaines élections? Entre poètes. Que c’est dommage que le poète Gaston Miron soit décédé. Peut-être aurait-il été ébloui par les talents poétiques de Philippe de même que Gilbert Langevin?
Ailleurs au Canada, on fait le contraire du PLQ
Même en présence de déficits largement supérieurs qu’au Québec, l’Alberta, l’Ontario et Justin Trudeau à Ottawa ont emprunté des voies totalement différentes du PLQ, soit celles recommandées par les organismes internationaux comme le FMI, l’OCDE, la Banque mondiale et les éminents économistes (prix Nobel) Joseph Stiglitz et Paul Krugman. En des périodes plus difficiles qu’au Québec, ils ont préféré investir dans les services publics, emprunter, couper dans les abris fiscaux des riches et augmenter leurs impôts sur le revenu :
-«Pendant ce temps en Alberta : déficit et hausses d’impôts» (La Presse, 27 mars 2015). Hausse d’impôt en Alberta, vous avez bien lu.
-«60G$ de plus (sic) dans les infrastructures. Trudeau prêt à renouer avec le déficit pour stimuler la croissance économique» (Le Journal de Montréal, 28 août 2015). Et le verdict de cette politique contraire à Couillard est : «Étude de l’OCDE. Le Canada a pris les bonnes mesures» (Le Devoir, 14 juin 2016). Aussi : «Ottawa. Au moins 18G$ de déficit» (Le Journal de Montréal, 23 février 2016). Des déficits qui font freaker le PLQ même si c’est courant en Occident et encore plus aux États-Unis.
-L’Ontario veut faire payer les riches» et : «Ontario. Les libéraux reviennent à la charge avec le même budget» (La Presse, 2 mai et 15 juillet 2014). Budget qui prévoit 130 milliards de dollars en infrastructures et 12,5 milliards de dollars de déficit. Tout le contraire du PLQ qui fait payer les plus vulnérables, c’est lui-même qui l’a dit, et qui détaxe les riches et les compagnies. Rare que l’on a vu ça : l’Ontario et l’Alberta à gauche et le Québec de Couillard très à droite.
Et enfin : «Au Canada, l’heure n’est pas l’austérité» (Le Devoir, 6 décembre 2014). Mais au Québec, dogmes néolibéraux obliges afin d’exécuter l’agenda patronal, Couillard et le PLQ ont inventé de toutes pièces toutes sortes d’histoires afin de justifier la mise en place de la «modernisation» et de la «réingénierie» de l’État qui débouchent sur moins d’États, moins de services publics, moins d'impôts sur le revenu et plus de privé, mais très subventionnés par des fonds publics et plus de taxes à la consommation et plus de tarifications de services publics. Comme l’a dit le petit fanfaron prétentieux Martin Coiteux : «Coiteux annonce l’État du 21ième siècle» (Le Devoir, 26 novembre 2014). En parlant de cet État du 21ième siècle, l’ex-ministre libéral des Finances devenu lobbyiste et administrateur de banque, monsieur Raymond Bachand, qualifiait ça de «Une révolution culturelle selon Raymond Bachand» (Le Devoir, 23 février 2010). Charest, Couillard, Leitão et Coiteux, des «révolutionnaires, vraiment? Si oui, on n’a plus les révolutionnaires que l’on avait. Couillard et Charest, des Fidel Castro et des Che Guevara du 21ième siècle et même du 22ième. Tellement visionnaires qu’ils sont en avance sur leur temps et sur tout le monde.
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