Il faut se souvenir de l’emballement médiatique pour l’arrivée en 2018 de Meghan Markle dans la famille royale, comme l’avaient souligné ici Camille Galic et Nicolas Faure. Emballement de la presse people et pas seulement souligné ici en Grande-Bretagne, mais aussi des principaux médias du monde entier. Une femme branchée, étrangère et surtout métisse allait apporter enfin de la diversité ethnique dans une famille jugée trop britannique et trop blanche par la presse du politiquement correct.
Du mariage de conte de fées à la fuite
Dès le mariage le ton était donné avec le rôle accordé à un télé-évangéliste pur Harlem. La starlette a cru pouvoir imposer, avec l’aide d’un prince Harry docile, sa vision du monde à une monarchie qui ne lui convenait pas. Mais c’est l’échec. Elle a plusieurs fois choqué et était devenu depuis un certain temps le vilain petit canard de la famille royale…. Elle ne deviendra jamais un cygne. Elle le constate et, refusant les obligations reçues par les liens du mariage, elle quitte la famille qui l’avait rendue mondialement célèbre, entraînant son mari dans cette fuite.
On aurait pu penser qu’une presse initialement très meghaniste lui apporterait son soutien mais les choses ont largement évoluées depuis des mois. En octobre dernier, Harry et Meghan s’étaient confiés dans un documentaire sur leurs difficultés face à l’exposition médiatique, s’attirant des critiques acerbes de la presse en s’épanchant de la sorte lors d’un voyage en Afrique. Meghan Markle avait d’abord été considérée comme un souffle de fraîcheur par les puissants tabloïds britanniques, qui se sont ensuite retournés contre elle, dénonçant dans des articles au vitriol son comportement capricieux et l’attaquant sur sa relation conflictuelle avec son père ou son train de vie luxueux. Face à ces critiques, le prince Harry a déposé plainte contre des tabloïds en octobre dernier. Il avait dit craindre que sa femme ne connaisse le même sort que sa mère Diana, morte en 1997 dans un accident (toujours contesté) de voiture à Paris. On pouvait donc attendre au moins au moins une certaine compréhension. Or, il n’en est rien. Le couple n’avait même pas prévenu la reine, c’est le péché capital. La décision du prince Harry et son épouse Meghan de se mettre en retrait de la monarchie a placé le Royaume-Uni en émoi et a donc été violemment fustigée par la presse pour son hypocrisie. Le choc était tel qu’il a relégué au second plan le vote historique des députés britanniques, qui ont donné leur feu vert à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne après trois ans et demi de déchirements.
« La reine va être totalement dévastée par cela. C’est la dernière chose dont elle a besoin. Elle a beaucoup d’affection pour Harry, mais de quelque manière qu’on veuille présenter l’affaire, ce qui se passe, c’est qu’Harry et Meghan se retirent de leurs obligations et se défilent », estime le Daily Mail. De leur côté, Charles et William sont « furieux », selon The Sun. Pour The Times, cette annonce porte « tous les signes de l’égoïsme et de l’impulsivité pour lesquels le prince Harry est maintenant tristement connu. »
Money is money
La presse a aussi la dent dure pour la « duchesse capricieuse », qui serait à l’origine de ce départ. La revendication d’indépendance financière des Sussex est perçue comme hypocrite. La dotation royale, à laquelle Harry, 35 ans, et Meghan, 38 ans, entendent renoncer, ne représente que 5 % de leurs dépenses officielles, le reste étant financé par les revenus privés du prince Charles. Mais va-t-il la maintenir ? Cependant, la presse s’interroge aussi sur la future vie du couple. « L’annonce du duc et de la duchesse soulève des questions difficiles». Et The Times d’ajouter qu’il est légitime de s’interroger sur le rôle à la fois public et privé du couple. « Après une série de consultations et de rencontres ces derniers jours, la famille royale devrait examiner plusieurs configurations, en prenant en compte les propositions des Sussex », a ainsi expliqué une source proche de la cour à NBC News, précisant que le changement de rôle du duc et de la duchesse de Sussex nécessite « des discussions complexes et réfléchies ». Selon certains médias britanniques, citant une source au sein du palais de Buckingham, les équipes de la reine, de son fils Charles et des fils de ce dernier, William et Harry, ont pour instruction de travailler « à un rythme soutenu » pour trouver des « solutions ». Une issue est une question « de quelques jours, pas de semaines », a rapporté cette source. Pour le duc et la duchesse de Sussex, il s’agira ni plus ni moins de décider de leur futur rôle au sein de la famille royale. Un rôle qu’Harry et Meghan devraient vouloir limiter à son strict minimum, le couple ayant d’autres projets, loin de Buckingham Palace.
Tous deux aurait en effet décidé de quitter leurs fonctions officielles pour se consacrer pleinement au lancement de leur nouvelle fondation caritative, comme par hasard, qui interviendra cette année, mais aussi au développement de leur marque « Sussex Royals » — Money is money . Une ambition que plusieurs experts royaux attribuent d’ailleurs à Meghan Markle, seule instigatrice du coup de théâtre. « Honni soit qui mal y pense ».
Pierre Boisguilbert
13/01/2020