Maxime vole au secours d'Arthur

Tribune libre


Question de se détendre un peu, voici la dernière brillante trouvaille des conservateurs pour tenter de se rallier les bonnes grâces de l’électorat du Québec, telle que racontée par Gilbert Lavoie sur son blogue du 26 janvier :

« Les conservateurs ne reculent devant rien pour obtenir une majorité, même si elle devait ne tenir que par un vote, celui d’André Arthur. Stephen Harper, qui ignore les journalistes et les tables éditoriales des journaux, a accordé une entrevue à un hebdomadaire de Portneuf pour donner son appui à Arthur. Et voilà que Maxime Bernier, qui faisait du ski au Mont Sainte-Anne vendredi au lieu de faire campagne dans son comté, est allé faire du porte à porte dans Portneuf, pour aider son « ami » Arthur.

L’histoire fait les nouvelles jusque dans le Globe and mail de Toronto qui ne comprend pas une telle attitude. Voici le premier paragraphe du texte du Globe :
« Les conservateurs accordent leur appui à un député indépendant du Québec qui détient le pire record d’assiduité au Parlement, et dont les propos, lorsqu’il était à la radio, ont été condamnés comme étant « racistes et outrageux » par la Cour suprême. »

Pas étonnant que, selon une rumeur, Maxime et Arthur se seraient donné rendez-vous à l’aube du jour de Pâques, sur les bords de la rivière Sainte-Anne, dans le comté de Portneuf, afin d’y puiser l’eau de Pâques aux vertus miraculeuses… question de contrer les intempéries qui grondent autour de leur territoire et d’éloigner les mauvais esprits de leur maisonnée! De toute façon, mal en point comme le sont les deux compères, ils n’ont rien à perdre à croire encore aux miracles! Toutefois, vous le savez, il ne faut pas croire toutes les rumeurs!…
***
Le noeud gordien
Selon la légende, le timon du char du roi Midas, fils de Gordias, était lié par un nœud indénouable et quiconque parviendrait à le dénouer deviendrait le maître de l’Asie, exploit qu’accomplit Alexandre le Grand en le tranchant d’un coup d’épée.
À mon sens, le texte de Hugo Girard, qui se qualifie lui-même comme un jeune souverainiste de la génération montante, paru sur cette tribune le 26 avril et intitulé « C’est sûr qu’on n’est pas prêts pour l’indépendance », en particulier l’extrait qui suit, nous place, en tant que peuple, en plein nœud gordien, soit devant un problème inextricable.
« Nous ne convaincrons pas le peuple à faire la souveraineté dans la situation actuelle; ce que le Québécois moyen ou normal voit, c’est une certaine harmonie…Notre niveau de vie est acceptable aussi. Pourtant, le Québec souffre dans son corps, dans son cœur et dans son âme mais le Québec veut montrer au reste du Canada qu’il est fort capable de se tenir debout sans lui, mais en même temps, il a le désir secret que le Canada l’aime et le protège. »

Cette valse hésitation légendaire des Québécois, voire même viscérale, dont l’auteur de ce texte nous décrit les effets nocifs qui nous cantonnent dans une stagnation perpétuelle, nous a souvent placés devant des situations où nous avons dû nous retrousser les manches pour parvenir à les surmonter. Toutefois, l’histoire nous enseigne aussi, qu’une fois le danger écarté, nous avons tendance à nous retirer à l’abri des tempêtes, à la chaleur de notre foyer douillet.
Pourtant, il existe une expression populaire qui est née du nœud gordien… c’est « trancher le nœud gordien », à savoir, résoudre le problème de manière radicale, irréversible. Pour rattacher cette expression au contexte politique du Québec dont parle Hugo Girard et lancer un élément de réponse à sa question « Pourquoi on n’y arrive pas? » , il n’existe qu’une seule manière pour le peuple québécois de trancher de façon irrévocable le nœud gordien qui l’accable depuis des siècles, c’est de le trancher « d’un coup d’épée » en accédant à sa souveraineté et devenant, à l’exemple d’Alexandre le Grand, maître du territoire du Québec!
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2037 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2011

    Récapitulation
    Le lien de l'élection de La petite vie:
    http://www.youtube.com/watch?v=p3SR65Agn7Q

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2011

    Désolé pour les liens erronés de mon dernier commentaire.
    http://www.ledevoir.com/…/la-realite-du-terrain-rattrape-le-npd-au-quebec

    L'élection de La petite vie.
    http://www.youtube.com/watch
    J'espère ne pas me tromper cette fois-ci sinon trouvez-les vous-mêmes si ça vous le dit...

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2011

    23 avr. 2011 ... Nous pouvons prouver aux cyniques qu'ils ont tort, a martelé Jack Layton. !

    "La vague orange ressemble à celle qui a porté l'ADQ en 2007. Un amour pour le chef, une lassitude envers les «vieux partis»... et une ribambelle de candidats inconnus. Certains des candidats du NPD sont encore aux études, d'autres à la retraite. Une semaine après le déclenchement des élections, il manquait encore des dizaines de candidats au parti dans la province. «Il faudra bien les encadrer à Ottawa si certains sont élus», concède un stratège néodémoc. Ce ne sont pas tous des Thomas Mulcair! Beaucoup sont des poteaux et ils ne s'attendent pas à être élus."

    www.ledevoir.com/.../la-realite-du-terrain-rattrape-le-npd-au-quebec

    Cette élection a atteint les limites du cynisme rarement dépassé sauf peut-être par Serges Meunier dans La petite vie?
    www.youtube.com/watch

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2011

    Bonjour M. Marineau,
    Intéressante que cette référence au noeud Gordien. Moi-même j'avais utilisé la même métaphore pour parler du même problème, mais sous une optique différente, dans un de mes précédents articles parus sur cette Tribune Libre, "Démocratie v2.0" (http://www.vigile.net/Democratie-v2-0) :
    Extrait :
    [(...) La question qui se pose est donc triple : comment donner un réel pouvoir et une réelle voix au citoyen dans le système politique et que la volonté citoyenne s’accomplisse ; comment éviter la corruptibilité au sein de l’appareil d’état et l’appareil public ; comment faire adhérer un plus grand nombre de personnes de toutes tendances à la cause souverainiste et francophone, en sous-question comment faire pour que cette adhésion soit plus forte et plus permanente ?
    Ne vous-en faites pas, ce n’est pas une question référendaire...
    Mais si, plutôt que de représenter un insoluble noeud Gordien, cette triple question (agrémentée d’une sous-question) contenait sa réponse, toute simple, en son sein ? Autrement dit, et si la réponse se trouvait dans la question ? À mon humble avis, c’est bel et bien le cas, tellement ça me saute aux yeux. Je m’explique.
    Regardons le problème sous l’angle de l’accession à l’indépendance du Québec. Bien que l’idée d’indépendance elle-même est alléchante, et que c’est surtout sur cette vague idée qu’il s’est presque réalisé en 95, les projets d’indépendance sur lesquels la population ont eu la chance de se prononcer jusqu’ici n’étaient ni plus ni moins que des chèques en blanc, un acte de foi quasi-religieuse placé dans la confiance des politiciens de ne pas nous trahir lors de cette accession à l’indépendance. Nous pouvons constater depuis lors qu’une telle foi aveugle en nos politiciens indépendantistes était peut-être une erreur. Cela ne m’a pas empêché de voter Oui au référendum de 95, le seul auquel j’ai eu droit de voter dans ma vie, mais mon colocataire de l’époque, bien que se disant souverainiste, avait voté Non sur le principe qu’il n’était pas d’accord avec le principe de signer un chèque en blanc (ces mots sont de lui). Force m’est d’admettre aujourd’hui qu’il avait peut-être raison, nonobstant le gout amer que ce constat peut laisser dans ma bouche.
    L’accession à l’indépendance au concert des nations n’est pas une chose qui arrive à tout les jours. Nous avons tout intérêt à ne pas s’improviser dans l’aventure, et la meilleure manière d’éviter l’improvisation est de se préparer à l’avance ; donc de rédiger à l’avance les documents fondateurs de la nation Québécoise, tels que sa Constitution, son système politique, les questions concernant la monnaie, etc. Ce n’est pas une fois indépendants qu’il faudra se poser ces questions, et ces choses-là sont trop importantes pour être laissées dans les seules mains des politiciens.
    Ce qu’il faut donc faire, c’est de définir à l’avance ce que serait la société d’un Québec indépendant, officiellement francophone, géré par la souveraineté du peuple et tourné vers l’avenir, de façon à ce que ces mots ne se transforment pas en termes creux. Et tant qu’a vouloir faire la souveraineté, pourquoi ne pas prendre le temps de penser à ce que signifie vraiment l’expression "souveraineté du peuple" dans un monde où le pouvoir (et l’argent) corrompt, ou sinon il est alors souvent plus simple d’assassiner un leader politique ou d’envahir militairement un pays pour en remplacer le gouvernement, afin de voir que tout système basé sur l’élection de représentants à qui le citoyen confère d’exercer le pouvoir politique en son nom est défaillant depuis la conception, ou comme le dise les anglais "flawed by design", ou pour constater à quel point cette "souveraineté du peuple" peu facilement être piétinée sous une botte.
    Il faut donc définir un projet de société, et si possible un projet de société le plus désirable possible pour le plus grand nombre de personnes possible. C’est de ce projet de société que l’indépendance du Québec elle-même tirera son support et son adhésion. La seule question que chaque citoyen aura à se poser une fois avoir en pris connaissance sera de savoir s’il veut, oui ou non, faire la transition vers un tel projet de société.
    Donc, on a tout intérêt à le rendre attrayant, ce projet de société ! Et surtout mieux défini qu’un vague concept d’accession à l’indépendance d’Ottawa.
    Laissons maintenant cet aspect de la question de côté pour un instant, et concentrons-nous un peu sur la question de la corruption du pouvoir étatique et de l’appareil d’état. En cette matière, l’équation est fort simple : le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. J’ajouterai à cela que la solution de cette équation est également fort simple : la solution, c’est la dilution. en diluant la concentration du pouvoir à son extrême, on se retrouve avec l’ensemble des citoyens possédant un pouvoir politique égal à celui des autres. Ce qui veut donc dire que la corruption dans ce contexte est extrêmement difficile, voire presque impossible, vu l’incroyable quantité de personnes qu’il faudrait corrompre. Bien entendu, pour qu’un réel pouvoir politique puisse s’exercer, il se doit d’être accompagné d’un pouvoir économique, mais il s’agit là d’un tout autre débat que je ne désire pas aborder ici pour diverses raison que je vais mentionner plus loin.
    Si on prend le problème sous l’angle de comment le citoyen pourrait exercer ce pouvoir afin qu’il ait une réelle signification, et sur comment se prémunir d’un changement non désiré de régime politique provenant d’influences extérieures au peuple Québécois, on se rend compte que la dilution du pouvoir répond également correctement et et de manière optimale à ce problème. Si, au lieu de voter tout les 4-5 ans pour un représentant en qui on lègue en toute bonne foi le pouvoir d’exercer notre pouvoir politique, on avait un système politique où chaque citoyen avait une opportunité égale de soumettre des idées ou de proposer des projets, une opportunité égale d’accéder au débat public d’une manière constructive et ordonnée, et une opportunité égale de se prononcer sur chaque projet ou idée par l’entremise d’un vote, on règle à la fois le problème de la corruption et le problème de l’accès du citoyen à la participation de la vie politique. Ainsi, le débat public pourrait retrouver toute sa vivacité en sortant des carcans imposés par les lignes de partis traditionnels, puisque ceux-ci n’auront alors plus de raison d’exister.
    Et par le fait même, telle que se le doit une solution digne d’un noeud Gordien, plutôt que de n’être qu’une fin ultime en soi et source de débats interminables, l’indépendance du Québec devient alors une nécessité de facto, qui est à mon humble avis désirable et souhaitable par une majorité de gens de toutes tendances politiques, fédéralistes inclus. Au pire, ils voudront exporter ce concept dans le ROC afin d’éviter la "séparation", au mieux, ils montreront alors leurs vraies tendances fascisantes, ce qui ne pourra que les marginaliser encore plus face à une population en manque de Démocratie, et en droit de la recevoir.
    Une fois un tel système en place, impossible de le "remplacer" comme dans le cas d’un gouvernement traditionnel, car il n’y a plus de tête dirigeante effective. Au pire, des délégués seront élus à certains postes pour fins de représentation, surtout au niveau international, ou pour des raisons de gestion interne de l’appareil d’état, mais le vrai pouvoir politique décisionnel demeurera entre les mains de toute la population dans son ensemble. Une telle distribution du pouvoir n’est pas sans rappeler la nature distribuée de l’Internet, qui fut conçu au départ justement pour résister à un attaque nucléaire, rien de moins ! L’armée à finalement réalisé qu’un tel système était impossible à réaliser, car pour détruire Internet lui-même par attaque nucléaire, il suffit de bombarder l’ensemble du territoire américain. Et c’est ainsi que cette technologie militaire top secret s’est retrouvée dans le domaine de la recherche publique pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. De même, pour détruire ce système politique, il faudra procéder du génocide.
    Et le plus beau dans tout ça, c’est que nous avons aujourd’hui toute la technologie nécessaire pour y parvenir. On serait bien inconscients de s’en priver ! (...)]
    Concernant cette technologie déjà existante, un blogueur de la Flandre à repris un extrait d'un de mes textes qui focalise sur ce seul aspect de la question dans cet article intitulé "Démocratie 2.0: Des précisions sur les outils informatiques nécessaires" (http://universal-consilience.blogspot.com/2011/04/democratie-20-des-precisions-sur-les.html).
    Vous terminez votre texte de la façon suivante :
    "Pourtant, il existe une expression populaire qui est née du nœud gordien… c’est « trancher le nœud gordien », à savoir, résoudre le problème de manière radicale, irréversible. Pour rattacher cette expression au contexte politique du Québec dont parle Hugo Girard et lancer un élément de réponse à sa question « Pourquoi on n’y arrive pas ? » , il n’existe qu’une seule manière pour le peuple québécois de trancher de façon irrévocable le nœud gordien qui l’accable depuis des siècles, c’est de le trancher « d’un coup d’épée » en accédant à sa souveraineté et devenant, à l’exemple d’Alexandre le Grand, maître du territoire du Québec !"
    Voilà donc selon moi comment « trancher le nœud gordien, à savoir, résoudre le problème de manière radicale, irréversible ».
    Bien à vous,
    Adam Richard

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    27 avril 2011

    @ Henri Marineau:
    Pour ce qui est de Maxime Bernier allant prêter main forte à André Arthur, disons qu'en lisant ça à Toronto, dans le «Globe & Mail», ils ont dû nous traiter de frogs, de pea soups et tout le reste, à profusion...
    Mais, en ce qui concerne votre comparaison avec Alexandre et le noeud gordien, vous avez bien illustré une partie du problème, je pense. Vous voyez, c'est que le peuple québécois, selon moi, a le triste défaut, qu'en raison de son immaturité (politique, notamment), il attend une sorte de Messie qui le guidera sur la voie de la souveraineté, comme Alexandre tranchant avec fougue le noeud gordien, plutôt que de se prendre en main, et faire ce qu'il faut, étape par étape, pour se donner un pays.
    René Lévesque est décédé. Jacques Parizeau ne fait plus de politique active. Alors, cessons d'attendre un Messie souverainiste. Voilà!