Paul Journet La Presse (Québec) Le mouvement étudiant ressent une certaine «inquiétude» parce que le Parti québécois (PQ) ne promet pas le gel des droits de scolarité à long terme. «On ressent un malaise», a réagi Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE. «Que le PQ dénonce avec nous les hausses du gouvernement, c'est une bonne chose. Mais on ne leur fait pas confiance pour la suite», a-t-il ajouté.
La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) est plus nuancée. «Je ne dirais pas qu'on est déçus, ça reste à voir, mais il y a une inquiétude», dit prudemment sa présidente, Martine Desjardins. Même réaction de Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).
Ce matin, la FEUQ et la FECQ participeront avec le PQ, Québec solidaire, Option nationale et des syndicats à une conférence de presse au Palais des congrès, en prévision de la grande manifestation à Montréal. «On va pouvoir en parler (avec le PQ)», a indiqué M. Bureau-Blouin. Comme la FEUQ, il tient à rappeler que le PQ a été un «allié» dans la mobilisation étudiante. Quant à elle, la CLASSE ne sera pas à la conférence de presse.
En prévision de la manifestation, Pauline Marois a répété mercredi qu'elle s'engageait à abolir la nouvelle hausse des droits de scolarité du gouvernement Charest. Mais elle n'exclut pas que le PQ ne la remplace pas par une hausse moins grande.
La chef du PQ maintiendrait la hausse précédente, de 50$ par semestre de 2007 à 2012. Elle abolirait la nouvelle hausse du gouvernement, de 1625$, répartie sur cinq ans. Par la suite, elle organiserait un sommet avec «la communauté universitaire, les employeurs et la société civile» sur l'enseignement supérieur. C'est seulement après qu'elle prendrait position. «Nous établirons un mode de financement acceptable pour tous les partis concernés, y compris, bien sûr, les contribuables», a-t-elle indiqué.
Mme Marois n'a pas voulu préciser ce que serait une hausse acceptable. Elle ne veut pas dire non plus si elle est en faveur de l'indexation. «Je ne statuerai pas sur [cela]. C'est justement ce que nous voudrions pouvoir discuter à un forum: s'il y a lieu qu'il y ait une hausse, et de quel ordre», a-t-elle répondu.
Le PQ règlerait la question dans une loi-cadre, qui contrôlerait les droits de scolarité ainsi que les frais afférents. Il proposerait «différents modes de remboursement» des dettes d'études pour «assurer l'accès à l'éducation» et «limiter ou atténuer» l'endettement.
Cette position avait été adoptée au dernier congrès du PQ en avril 2011. La FEUQ et la FECQ l'avaient accueillie «très favorablement». Ils se réjouissaient alors que la «réduction de l'endettement étudiant» soit à l'ordre du jour de ce sommet. Ils ne semblaient toutefois pas penser qu'à la suite du sommet, les droits de scolarité pourraient être augmentés.
En décembre 2010, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, avait elle aussi organisé un sommet. Les groupes étudiants avaient claqué la porte en après-midi, car le gouvernement refusait même de considérer le gel des droits.
Mercredi, la chef du PQ a exhorté une fois de plus le gouvernement Charest à rencontrer les leaders étudiants. Elle exige que le gouvernement cède sur ses positions, mais ne demande pas la même chose aux étudiants. Mme Marois rappelle que le mouvement étudiant est fragmenté. La CLASSE réclame la gratuité, tandis que la FEUQ et la FECQ demandent plutôt le gel.
Lorsqu'elle était ministre de l'Éducation en 1996, Mme Marois avait songé au dégel, avant de reculer. Elle s'y était opposée en 2002, puis y était favorable à la course à la direction du PQ en 2007.
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