Québec -- Pauline Marois perd des plumes. Moins de Québécois voient en elle la personnalité politique qui ferait «le meilleur premier ministre», selon ce qu'indique un sondage Léger Marketing-Le Devoir. Alors qu'en mai, 30 % des personnes interrogées la préféraient aux autres chefs, le dernier coup de sonde indique qu'ils sont maintenant 25 % à en dire autant.
Pendant ce temps, le chef libéral Jean Charest a vu sa cote s'améliorer légèrement, passant de 30 à 32 %.
De plus, les Québécois consultés se montrent plutôt critiques envers la chef péquiste puisque 29 % d'entre eux seulement se disent très satisfaits
(3 %) ou satisfaits (26 %) de son travail dans l'opposition. La fin de session du printemps difficile pour le PQ, malgré les dossiers gouvernementaux ardus (Caisse de dépôt, tests pour le cancer du sein, FIER, etc.), ainsi que la perte du franc-tireur principal de l'équipe, François Legault, ont nuit à la cote globale de
Mme Marois. D'autant plus qu'au cours de cet été pluvieux, elle a surtout fait parler d'elle, dans les médias, lorsqu'on a abordé la question de la mise en vente de son manoir de l'Île-Bizard.
L'écart dans les intentions de vote entre les deux partis n'a toutefois pratiquement pas bougé depuis le printemps. Si les élections avaient lieu aujourd'hui au Québec,
41 % opterait pour le PLQ et 37 % pour le Parti québécois. «On obtient un peu les mêmes chiffres qu'à la fin du printemps et ce n'est pas vraiment surprenant, car il ne s'est pratiquement rien passé en politique québécoise pendant l'été», a fait remarquer Christian Bourque, vice-président de la recherche chez Léger Marketing.
La différence de quatre points est toutefois la plus importante dans les intentions de vote pour les deux grands partis depuis l'élection de décembre 2008. Le coude à coude était la règle depuis. Les intentions de vote pour l'Action démocratique, actuellement sans chef (et ce, jusqu'au 18 octobre), demeurent à 8 %. Stagnation aussi pour Québec solidaire (5 %), dont le porte-parole Amir Khadir semble un peu plus populaire que son parti, puisqu'il obtient 7 % à la question sur le «meilleur premier ministre».
Quant à la satisfaction à l'égard du gouvernement Charest, de mai à septembre, elle s'est déplacée d'un seul petit point, passant de 37 à 38 %, malgré la récession. «Habituellement, les gouvernements traversent mal, ou ne traversent pas, les récessions. Mais ici, les libéraux s'en tirent pour l'instant», dit Christian Bourque. L'été est toujours bon pour le gouvernement en place, ajoute-t-il. Le fait d'être moins visible l'aide à donner l'impression que les choses vont bien. La visibilité encore moins grande accordée à l'opposition ne facilite pas les choses à cette dernière, fait-il remarquer.
Le vote francophone au PQ
Le Parti québécois se consolera en soulignant qu'il a encore l'avance dans le vote francophone, où 45 % l'appuient, contre 33 % pour le Parti libéral. C'est pourquoi, même si «on note une avance pour les libéraux dans les intentions de vote, ça demeure une avance précaire», juge Christian Bourque.
À ce chapitre aussi toutefois, les chiffres indiquent une petite baisse pour le PQ et une légère remontée pour le parti au pouvoir, car en mai, une enquête de Léger Marketing accordait 48 % au PQ et 31 % au PLQ. Le PQ n'a donc plus les 17 % d'avance dans le vote francophone. Lorsque l'écart est de plus de 15 % en ces matières pour le PQ, ce dernier peut s'imaginer au pouvoir avec un gouvernement majoritaire. Or, l'écart est maintenant de 12 %. Il reste que le PQ «souffle dans le dos» du parti de Jean Charest, insiste M. Bourque. Par conséquent, ce dernier «ne peut gouverner comme s'il était seul à bord».
Les questions éthiques soulevées à propos de contrats accordés sans appel d'offres à une firme dont le ministre du Travail, David Whissell, est copropriétaire étaient dans l'actualité lorsque l'enquête a été menée (du 31 août au 2 septembre), mais pas celles entourant le nouveau député Jean D'Amour, qui fait l'objet d'une enquête du commissaire au lobbyisme. De toute façon, croit Christian Bourque, «tant que ces questions ne semblent pas toucher directement au premier ministre, il ne semble pas y avoir de mouvement dans l'opinion». C'est du moins ce que les sondeurs ont constaté lors du scandale des commandites, rappelle M. Bourque.
Le travail risque d'être ardu pour les troupes de Pauline Marois cet automne. D'abord, les gens sont «obsédés par la crise», sans toutefois voir dans le gouvernement un agent responsable de cet état de fait, puisqu'elle est «mondiale»; le Québec, selon plusieurs analystes, semble aussi s'en tirer un peu mieux qu'ailleurs. «S'ils veulent faire bouger l'opinion, les partis d'opposition vont devoir trouver les enjeux qui peuvent vraiment faire office de "poignées à saisir"», soutient Christian Bourque.
L'été pourrait se poursuivre
Or, tout semble conspirer à détourner l'attention de la politique québécoise cet automne. Dans la population, les esprits seront monopolisés par les élections municipales... et très probablement fédérales. Le gouvernement -- toujours sur le plan de l'attention -- pourrait donc voir son été se poursuivre. «Ça ne donne rien de faire de grandes annonces. À l'inverse, c'est peut-être le temps de prendre certaines décisions moins populaires», croit M. Bourque. C'est justement un grand dialogue sur les finances publiques qu'a annoncé le premier ministre le mois dernier, sans rien préciser depuis.
Il est à prévoir aussi que tactiquement, le gouvernement du Québec cherchera à attirer l'attention sur l'élection fédérale. La stratégie de se poser en «défenseur des intérêts du Québec» qui réclame beaucoup du fédéral lui a fait marquer plusieurs points dans l'opinion dans des circonstances similaires l'an dernier, souligne M. Bourque. L'opposition aura toutefois beau jeu de lui rappeler que depuis, les avancées n'ont pas été nombreuses.
Marois perd des plumes
Alors qu'en mai, 30 % des personnes interrogées la préféraient aux autres chefs, le dernier coup de sonde indique qu'ils sont maintenant 25 % à en dire autant.
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