À écouter ou lire les commentaires de nos chers médias, Marine Le Pen, au Québec, se serait lamentablement vautrée.
« Marine Le Pen se fait sévèrement reprendre par une journaliste québécoise », titre TV Mag Le Figaro. « Elle n’est pas près d’y remettre les pieds [au Québec] », « Sa stature internationale en a pris un sacré coup », glousse Yann Barthès au « Petit Journal » ; Marine Le Pen « mise en difficulté », « sans repartie » : à l’entendre, Marine Le Pen, toute raplapla, ne ferait déjà plus partie du paysage politique…
« Anne-Marie Dussault a été détruite, liquéfiée, pulvérisée », « carrément un combat de boxe », « Anne-Marie Dussault très arrogante », « ébranlée », « manque de préparation », semblent se délecter des journalistes québecois, relatant l’interview comme « l’élément marquant média de la semaine ». Selon Radio Québec, un match à huit rounds remporté sans l’ombre d’un soupçon par Marine Le Pen – « quelqu’un de calibre », face à une journaliste « quasiment évanouie », sans aucun argument, en un mot « un carnage », conclut-elle.
Mais comment diantre en arriver à deux analyses aussi diamétralement opposées ? Élémentaire, mon cher Watson : Canal+ a coupé pour ne montrer que ce qui l’arrangeait. Que ce qu’il fallait pour orienter le jugement des Français, leur laissant accroire une Marine Le Pen « complètement désemparée face à Anne-Marie Dussault bien décidée à la pousser dans ses retranchements ». Et de s’empresser de montrer l’intrusion de militants d’extrême gauche, lors de la conférence de presse de la présidente du FN, hurlant « Québec vous emmerde », le Premier ministre refusant de débattre avec elle, ou encore la rue supposée remplie de Québécois anti-FN très en colère. Du Canal+ dans toute sa splendeur, en passant sous silence son interview sur Québec Matin, où elle a pu s’exprimer avec infiniment plus de tranquillité.
On a beau, depuis le temps, savoir à quoi nous en tenir avec les médias, et Canal+ en particulier, il n’empêche, quand ils roulent pour l’idéologie du pouvoir en place au mépris des plus élémentaires règles de déontologie, piétinant sans vergogne la Charte d’éthique professionnelle, méritent-ils toujours le nom de « journaliste» ?
Car qu’en est-il « des piliers de l’action journalistique » tels que « l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité » quand ils commettent « l’intention de nuire, la déformation des faits et le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure […], considérés dans ladite Charte comme « les plus graves dérives professionnelles » ?
C’est cela, la conception du « respect de la dignité des personnes », selon le petit commissaire Barthès : censurer les passages d’une interview parce qu’ils prouvent l’indiscutable supériorité intellectuelle de Marine Le Pen sur le vide argumentaire de la journaliste en face d’elle ? Des Yann Barthès, le problème, c’est qu’il s’en fabrique à la pelle… Vivement 2017 !
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