Manuel Valls s'inquiète d'un FN «premier parti chez les jeunes qui votent»

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Ça promet !

LE SCAN POLITIQUE - Le candidat à la primaire s'exprimait samedi à La Bellevilloise lors du rassemblement du Mouvement des jeunes socialistes. Devant un public a priori hostile, il a déroulé un projet ancré à gauche et évité les sujets qui fâchent.


L'épisode de La Rochelle semble oublié. En août 2015, le premier ministre Manuel Valls avait été sifflé et pris à parti par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) en marge de l'université d'été du parti. Une défiance qui avait à l'époque débouché sur un affrontement avec un militant, conclu par une tape au visage interprétée comme une claque. De quoi augurer d'une rupture définitive entre deux gauches «irréconciliables»? Non, à en croire la manière dont se sont déroulées les retrouvailles samedi. Invité à s'exprimer devant 200 personnes réunies à La Bellevilloise (XXe), le candidat à la primaire a été accueilli par des applaudissements. Timides, mais des applaudissements quand même. «Vous vous attendiez à quoi, des huées?», a eu beau feindre son entourage, un tel accueil n'avait rien d'évident, tant le public lui est a priori hostile.

C'est d'ailleurs conscient de ces antagonismes que l'élu d'Évry a ancré son discours à gauche, et évité les sujets qui fâchent. «Parler de la jeunesse de manière générale est toujours difficile, complexe», a-t-il d'abord prévenu. Avant de chercher à s'attirer les faveurs de la salle: «Je ne sais pas si l'on peut dire que la jeunesse est prioritaire... Elle l'est naturellement!» Il a ensuite enchaîné, plus grave: «Ce qui me frappe, alors que nous sommes un pays jeune sur le plan démographique, c'est que nous avons une jeunesse engagée mais parmi les plus pessimistes du monde, et un pays qui doute et ne lui fait pas confiance». «Le problème de la France est aujourd'hui celui de la confiance que la société adresse ou non à la jeunesse», a-t-il ensuite constaté. Une double «angoisse» à laquelle il a dit vouloir répondre en construisant «un pacte entre la société et la jeunesse».

«Quand je me suis engagé en politique, l'idée était au fond que la jeunesse était forcément progressiste. Ça n'était déjà pas tout à fait vrai. Mais aujourd'hui, avec le regard que la société porte sur la jeunesse, avec cette forme de pessimisme qui peut étreindre la jeunesse…», a-t-il semblé regretter, sans terminer sa phrase. Il a ensuite poursuivi: «La jeunesse de France est diverse, belle, de toutes les couleurs. Et moi j'étais maire d'une ville qui reste la plus jeune de France! Mais dans le monde d'aujourd'hui, avec les dangers qu'il porte (…) une partie de la jeunesse n'est pas seulement tentée par l'abstention, le rejet du système, la révolte, l'indignation… Mais elle est tentée par l'extrême droite», a-t-il alerté. «Et vous le savez, parmi les jeunes qui votent, le FN fait des scores impressionnants, et il est aujourd'hui le premier parti», a-t-il encore prévenu, comme pour se placer en meilleur rempart.


Le président du MJS, Benjamin Lucas, avec le candidat à la primaire socialiste Manuel Valls.

Le président du MJS, Benjamin Lucas, avec le candidat à la primaire socialiste Manuel Valls. Crédits photo :


Service civique obligatoire

Ainsi Manuel Valls a-t-il déroulé son programme, placé sous le signe de la «lutte contre les inégalités». «Il faut que la jeunesse continue de s'engager. (…) Et moi je suis frappé, contrairement au discours ambiant, par la générosité et l'engagement que je rencontre dans la société française», a-t-il débuté.

Une manière d'introduire sa proposition de service civique obligatoire, seul outil capable selon lui de permettre un «brassage garçons-filles de tous les milieux sociaux» qu'il juge «indispensable». «Nous avons mis en place le service civique. Il y a toujours eu des débats sur son caractère obligatoire. Les organisations de jeunesses sont d'ailleurs sceptiques sur ce plan. Mais moi je propose 6 mois, car je constate que le caractère facultatif ne donne pas les résultats que nous nous sommes assignés», a-t-il estimé. Il a toutefois assuré ne pas vouloir que cela devienne un «corset» ni que l'on «toise tout le monde».

Estimant qu'il fallait que «le système éducatif donne toujours une nouvelle chance à la jeunesse», Manuel Valls a ensuite consacré une bonne partie de son intervention à l'éducation. De la création d'un «service public de la petite enfance» à l'instauration d'un «plan d'un milliard par an pour les universités», en passant par la conservation de la «priorité donnée à l'école primaire», la poursuite de «ce qui a été fait pour le collège» et l'engagement de la «réforme du lycée», le candidat a balayé l'ensemble des questions éducatives. «Je suis convaincu que la France a plus que jamais besoin de la gauche, et que la jeunesse de ce pays a besoin de s'inscrire dans un projet qui redonne de l'espoir. Et dans cette mobilisation, vous allez jouer un rôle essentiel! C'est à vous de mener ce combat!», a-t-il finalement martelé. Avant de repartir sans s'attarder, et toujours sous de timides applaudissements. Déjà une victoire en-soi.


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