Plus de 5000 clandestins ont défilé samedi dans Paris, malgré l’interdiction de la préfecture et les risques sanitaires. La manifestation n’a pas été réprimée. Un tel laxisme démontre que le gouvernement n’entend pas infléchir une politique migratoire folle, selon Yves Mamou.
La répression est un marqueur des politiques publiques, c’est souvent un très bon révélateur. Quand les matraques s’abattent sur une population donnée, que les lances à eau de la police la refoulent, le pouvoir politique fait savoir qu’elle n’est pas « dans le même camp » qu’elle. Comme l’a dit un jour le préfet de police Lallement à une dame en gilet jaune.
Marche des solidarités en cours à Paris pour la régularisation des sans papiers.
Devant la forte mobilisation, le cortège s’élance malgré l’intervention des forces de l’ordre pour interdire le départ des manifestants (regroupement + de 10). pic.twitter.com/gtp8TeMBDh
— Remy Buisine (@RemyBuisine) May 30, 2020
Le 30 mai, plus 200 organisations gauchistes et antiracistes ont organisé librement, sans aucune répression policière, une manifestation de quelques milliers de sans-papiers, au mépris de l’interdiction faite à cette manifestation de se former et au mépris de l’interdiction sanitaire de se regrouper au-delà de dix personnes. C’est la démonstration terrible que le pouvoir politique considère les sans-papiers comme “dans son camp”.
Les LBD sont restés rangés
Comme toutes les manifestations de sans-papiers, celle-ci était une provocation gauchiste et indigéniste. Ses organisateurs ont voulu montrer que les règles communes ne s’appliquent pas aux étrangers entrés illégalement dans le pays, et que ces étrangers en situation illégale ont des droits supérieurs à ceux des citoyens qui résident légalement dans le pays. Et la provocation a réussi, puisque le pouvoir politique a laissé faire, sans quasiment intervenir.
La non-répression de cette manifestation illégale n’a pas trente-six interprétations ! Pour le gouvernement, la mondialisation heureuse avec son corollaire de liberté totale pour les flux migratoires continue et va continuer. En d’autres termes, le gouvernement n’a pas tiré les leçons de la pandémie.
A lire aussi, du même auteur: Emmanuel Macron, un maniaque du “devoir de mémoire”
N’a-t-il pas remarqué qu’à la première alerte, tous les Européens en goguette dans un autre pays que le leur sont rentrés dare-dare à la maison? N’a-t-il pas remarqué que les frontières ont été rétablies dès que la pandémie a menacé ? Surtout, le gouvernement ne veut-il décidément pas voir qu’il existe aujourd’hui une catégorie d’étrangers, originaires d’Afrique sub-saharienne et du Maghreb principalement, mais aussi d’Asie et du Moyen Orient, qui eux, n’entendent pas du tout rentrer à la maison? Pour eux, les frontières restent ouvertes et ils manifestent à Paris pour exiger logement, papiers, gel hydroalcoolique et masques… le tout au frais du contribuable local, naturellement. Et aucune grenade lacrymogène, ni aucun tir de LBD ne leur ont fait savoir que les temps avaient changé.
Cités sensibles, clandestins: ne surtout pas contrarier
Pour le gouvernement, les migrants continuent d’être traités comme les habitants des cités hors de contrôle : il ne faut surtout pas les contrarier. Ces citoyens-là jouissent d’un statut à part. Ils peuvent continuer de se rassembler comme bon leur semble, organiser des rodéos sur la place publique ou régler à coups de barre de fer leurs conflits ethniques comme cela s’est passé récemment à la gare de Lyon. On peut aussi rappeler que des immigrés étaient déjà rentrés en force au Panthéon pour accuser la France de colonialisme ou de racisme, et que d’autres ont carrément profané la basilique de Saint-Denis pour réclamer des papiers ou un logement. Toujours pas de PV, pas de réprimande, pas de coups de matraque, ni tirs de LBD.
En refusant de sévir, le pouvoir rappelle à la population française dite « de souche » qu’elle a un coût salarial élevé, que les délocalisations en Chine pourraient continuer et que l’immigration sans frein a pour but de faire baisser les coûts de tous les emplois qu’on ne peut décidément pas délocaliser (sécurité, BTP, santé…). Et si cette population-là proteste d’être concurrencée sur son territoire par une main d’œuvre étrangère trop nombreuse, si elle manifeste comme l’ont fait les gilets jaunes en leur temps, alors là cela pourrait être à coups de LBD dans l’œil qu’elle serait sommée de rentrer dans le rang !
Bonjour la souveraineté vantée par Macron!
Le laxisme avec lequel cette petite manifestation d’immigrés sans-papiers a été traitée est préoccupante. Emmanuel Macron parle de « rebâtir notre souveraineté » économique, il projette de « produire en France », mais cette stratégie de recentrement national peut-elle s’effectuer avec une main d’œuvre mercenaire, déqualifiée, sous payée et qui n’adhère à aucune des valeurs d’une nation souveraine ?
A lire aussi: Reconquête républicaine: le poids des mots, le choc de la photo
Face à un changement rapide de l’environnement extérieur, face à une Chine qui a aujourd’hui laissé tomber le masque et entend imposer son leadership par la menace et peut-être demain par la force ; face à l’islamisme qui gangrène des zones entières du pays et attente à l’identité comme à la cohésion du territoire, le pouvoir politique semble toujours tétanisé.
Il parle de « reconquête » mais soutient toujours la même politique d’affaissement du national qu’auparavant : élargissement continu de l’Union européenne (Albanie et Macédoine du Nord dernièrement, et pourquoi pas la Turquie un jour prochain?), multiplication des traités de libre-échange avec des pays comme le Vietnam et donc importation continue d’une main d’œuvre non européenne intéressée par les avantages de notre système social mais pas toujours préoccupée de s’inscrire dans le projet français. Jamais le contraste entre les paroles et les actes des politiques n’a été aussi grand.