Nous sommes menacés. C’est un fait, une réalité, que seuls les philosophes des beaux quartiers comme Raphaël Enthoven – et leurs nombreux disciples – ne veulent pas voir.
Chaque semaine, la France profonde, la France des oubliés, subit des attaques au couteau, mortelles : Timothy à Villeurbanne, Thomas à Bordeaux, et tant d’autres. La liste de tous ces jeunes Français tombés est trop longue. Et des malheureux qu’ils ont laissés derrière eux. Vite oubliés, nos dirigeants et nos philosophes ne s’attardent guère sur leur sort, préférant choyer d’autres victimes. Chaque jour, des agressions ont lieu, dans nos rues, nos services publics, nos établissements scolaires. Chaque jour, les trafics, les racailles et l’islamisme gagnent du terrain. Pompiers, policiers, enseignants, soignants, quelle que soit notre situation, nous voyons, nous subissons. La semaine dernière, la liste des victimes s’est encore allongée. Et les Français découvrent avec stupeur qu’au cœur même de la Préfecture de police de Paris il y avait un islamiste avéré – et signalé – qui, très légalement et en toute impunité, pouvait avoir accès à des informations ultra-sensibles. Et commettre le carnage qu’il a commis jeudi.
C’est Eric Zemmour qu’on accuse !
Nous sommes menacés, nous sommes dans la nasse, c’est-à-dire acculés à ne pas réagir, ne pas nous organiser, ne pas nous révolter. Dans la nasse, et de trois façons.
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D’abord idéologiquement, médiatiquement et judiciairement. Notre statut de victime nous est dénié. Nos agressions sont niées ou minimisées. Leurs causes diluées, noyées, vite balayées. Et les situations inversées : c’est Eric Zemmour qu’il faut priver de parole, accuser, mettre en examen ! Le dernier exemple, donné par Christophe Castaner, est un cas d’école, énorme : l’islamiste de la préfecture de police ne présentait « aucun signe d’alerte. »
Ensuite, nous sommes dans la nasse au sens propre : les mouvements un peu contestataires de ces dernières années ont été sévèrement réprimés, la police a été instrumentalisée contre les manifestants des gilets jaunes comme de la Manif pour tous.
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Enfin, nous sommes politiquement dans la nasse, de par une situation institutionnelle inédite qu’exploite sans vergogne Emmanuel Macron. En effet, dans un cas identique à celui de l’attaque de la Préfecture de police, imaginons une seconde ce qu’auraient été, en tant que Présidents, la réaction -même simplement opportuniste- d’un Chirac, d’un Sarkozy. Immédiatement, devant la gravité des faits et de tout ce qu’ils révèlent des dysfonctionnements au cœur de la sécurité intérieure, ils auraient bouleversé l’agenda, fait tomber les têtes du ministre de l’Intérieur et du préfet de police, afin de renouer un peu la confiance, et avec les forces de police, et avec les Français. Emmanuel Macron, lui, peut se permettre le luxe de n’en rien faire. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas en face de lui d’opposition digne de ce nom. Pas de leader et d’équipe crédibles. Pas de mouvement ou de coalition prêts à assurer l’alternance. Les mêmes Sarkozy ou Chirac, dans l’opposition, auraient d’ailleurs demandé cette démission, fait pression sur le pouvoir et l’auraient obtenue. C’est la loi, saine, de la démocratie, avec sa majorité et son opposition. Ce n’est plus ainsi qu’elle fonctionne dans le face-à-face actuel: Macron-Le Pen. Et c’est inquiétant.
Regarder le réel en face
Alors comment sortir de la nasse, qui ne fait par ailleurs que grossir, au fur et à mesure que la réalité se découvre, que la liste des victimes -et des mensonges- s’allonge, que la révolte monte, à la fois contre la réalité et contre ceux qui, faute de s’y attaquer réellement, tentent de la dissimuler ?
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Il faut évidemment casser ces nasses, en sortir, c’est-à-dire soutenir toutes les initiatives qui brisent les murs, jettent des ponts. Et il y en a eu beaucoup, depuis le travail d’Emmanuelle et Robert Ménard jusqu’à cette Convention de la droite il y a une semaine et d’innombrables actions de terrain, peu médiatisées. Il faut fédérer et aller plus loin. Et malgré toutes les sympathies que peuvent susciter les gilets jaunes ou la Manif pour tous (LMPT), il faut passer à autre chose, voir plus grand. Leurs causes, pour belles et justes qu’elles soient, sont des niches – au sens commercial et politique, du terme. Et des niches que le pouvoir libéral-libertaire a transformées en nasses. Il faut sortir des impasses politiques, de la nasse « bioéthique » où s’enferme LMPT, de la nasse RN où Emmanuel Macron est trop heureux d’enfermer le vote populaire, sortir de la nasse gilets jaunes. Retenons cependant le sens de l’organisation et de l’encadrement de LMPT; et le goût du terrain, de la proximité et l’assise populaire des gilets jaunes.
L’heure n’est plus à la lutte des classes, ni à l’affrontement des masses, mais à la sortie des nasses !