Les analyses publiées sur Boulevard Voltaire sont-elles lues jusqu’à l’Élysée ? Comme la passionnante interview d’Alain de Benoist sur le destin politique d’Emmanuel Macron, tellement impopulaire et détesté qu’il ne pourrait pas se représenter. Une analyse qui traduit, avec une longueur d’avance, ce qui se dit au Palais et dans Le Monde. Dans son rôle de gentil concierge indiscret de la Macronie, le quotidien est contraint à la lucidité : « La présidentielle de 2022 commence à inquiéter Emmanuel Macron et ses proches » – « Les stratèges n’hésitent pas à envisager une élimination dès le premier tour du chef de l’État, qui cristallise les mécontentements. » Titre et sous-titre parfaitement synthétiques.
De leur tournée des popotes macroniennes, voici ce qu’ils nous ont ramené : « Les stratèges de l’exécutif s’inquiètent : tout peut “arriver”. Y compris une élimination de leur champion au premier tour de l’élection présidentielle de 2022. Nombreux sont ceux, en effet, à ne pas croire au scénario écrit à l’avance d’un nouveau duel opposant, au second tour, Emmanuel Macron à la présidente du RN, Marine Le Pen. “L’enjeu de la prochaine présidentielle, c’est la qualification au second tour”, estime un conseiller du pouvoir. “Je ne parierai pas que le match soit Macron-Le Pen. Je ne sens pas cette envie chez les gens”, ajoute un ministre. »
Encore une rasade de lucidité ? « “Le pays est à feu et à sang, alors que nous avions joué sur la bienveillance en 2017. C’est un échec”, reconnaît un député de la majorité. »
Bien sûr, Le Monde ne faillit pas à sa mission de ne pas totalement désespérer Le Touquet : on apprend que la fin du quinquennat sera orientée vers des sujets de consensus, de « réconciliation », comme l’écologie, le régalien, le handicap. Enfin, tout ce qu’on entend depuis trois semaines. On nous révèle aussi le possible slogan pour 2022 : « La France en commun ». On nous confie que la stratégie électorale consistera à « changer d’électorat », c’est-à-dire à récupérer à droite ce qu’ils perdent à gauche ; ça, on le sent venir depuis longtemps.
D’ailleurs, cela mériterait des réflexions stratégiques actives dans toutes les droites qui devraient se préparer, elles aussi, à toutes les éventualités, avec intelligence et souplesse. La pratique du retrait d’un candidat mal parti mais faisant le jeu de l’adversaire, après tout, est-ce encore trop leur demander ? Sans obligation de sextape à la russe, évidemment.