CONVENTION RÉPUBLICAINE

Loi, ordre et chaos à Cleveland

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Derrière la façade d’unité, rififi chez les Républicains

Dur avec ses ennemis, tendre avec les siens. Dans le contexte des violences qui ont marqué les États-Unis ces dernières semaines, la convention républicaine s’est ouverte lundi avec l’ambition de projeter l’image d’un Donald Trump résolu à défendre le pays, alors que sa femme, Melania, devait tenter d’assouplir celle d’un homme controversé. Mais l’homme de « la loi et l’ordre » et les organisateurs ne sont pas parvenus à prévenir le chaos sur le plancher de la convention, ou des délégués rebelles ont manifesté avec véhémence leur opposition au candidat républicain qui doit être investi au cours de la semaine.

Les organisateurs ont fait de la sécurité nationale le thème central de la première journée de convention avec le slogan « Make America Safe Again » (« Rendre l’Amérique sécuritaire à nouveau »), avec l’ambition avouée de miser sur le sentiment d’insécurité qui plane présentement aux États-Unis. Les tensions raciales qui ont marqué le pays au cours des dernières semaines, avec les fusillades dans un club gai d’Orlando et contre les forces policières à Dallas, de même qu’à Baton Rouge dimanche dernier, ont d’ailleurs mis les forces de sécurité sur le qui-vive à Cleveland, où la moitié du centre-ville est bouclé pendant la semaine.

Le droit de port d’armes en Ohio, où est sis Cleveland, ajoutait également aux anxiétés des forces de l’ordre, qui ont demandé — en vain — aux autorités de l’État de retirer temporairement ce droit.

Clinton égratignée


Alors que des milliers de manifestants pro et anti-Trump prenaient les rues de Cleveland — sans incidents majeurs au moment d’écrire ces lignes —, un aréopage éclectique d’orateurs ont chanté tour à tour au sein du Quicken Loans Arena les vertus de Donald Trump comme éventuel commandant en chef. En plus des vedettes de téléréalité et de téléromans, des personnalités politiques tels le maire de New York lors des attentats du 11 septembre 2001, Rudy Giuliani, le lieutenant-général Michael Flynn et des représentants et sénateurs américains, les organisateurs ont fait une place de choix à des témoignages sur l’attaque de 2012 contre le consulat américain de Benghazi, en Libye. La mère de l’une des victimes a notamment écorché vive Hillary Clinton, secrétaire d’État lors de l’incident. « Je mets en cause Hillary Clinton personnellement pour la mort de mon fils […]. Donald Trump est tout ce que Hillary Clinton n’est pas : il est cru, direct et fort. Il parle avec sa tête et son coeur. Et en ce qui concerne la menace posée par le terrorisme islamique radical, il n’hésitera pas à tuer des terroristes. »

Sur l’immigration illégale, l’un des thèmes de prédilection du milliardaire, trois personnes sont également venues dire leur malheur d’avoir perdu leurs proches lors d’incidents impliquant des immigrants illégaux. « Il est temps d’avoir une administration qui prend davantage soin des Américains que des illégaux. Un vote pour Hillary, c’est mettre la vie de tous nos enfants à risque », a dit l’une d’entre elles.
Le contraste était enfin des plus marqués lundi entre démocrates et républicains sur la question des tensions raciales et des récents incidents violents. « Nous avons devant nous un travail difficile, douloureux, mais essentiel pour réparer les liens entre nos communautés et notre police », a déclaré Hillary Clinton lors d’une activité de la NAACP, principale organisation de défense des Noirs aux États-Unis. En soirée, à Cleveland, le shérif David Clarke a plutôt livré un plaidoyer senti en faveur des forces policières, dénonçant au passage plusieurs des actions « anarchistes » du groupe militant Black Lives Matter.

Donald Trump cherche toujours à se distinguer en tant que candidat de « la loi et l’ordre ». Un sondage CBS News/New York Times publié il y a cinq jours indique que Donald Trump et sa rivale, Hillary Clinton, sont à égalité (46 %) quant à la confiance qu’ils inspirent chez les électeurs sur les enjeux de terrorisme et de sécurité nationale.

Dans un geste inhabituel pour une convention, celui qui doit être investi cette semaine comme candidat républicain à la présidentielle est monté sur scène dès lundi, peu après 22 h, afin de présenter sa femme, Melania Trump, qui devait être le clou de la soirée, à heure de grande écoute, sur les grands réseaux de télévision américains. Dans une brève apparition, il a lancé « Nous allons gagner », avant de céder la parole à Mme Trump. L’ex-mannequin originaire de Slovénie a dépeint son mari comme un homme déterminé, droit et protecteur. « Il n’a jamais eu d’agenda caché en ce qui concerne son patriotisme, car, comme moi, il aime son pays du fond de son coeur », a déclaré celle qui s’était rarement exprimée publiquement jusqu’ici.

Rébellion anti-Trump


Plus tôt en journée, peu après 16 h, le ton est monté de plusieurs crans à l’intérieur de l’amphithéâtre. Dans un scénario que cherchaient à tout prix à éviter les organisateurs de la convention, une poignée de délégués anti-Trump a profité d’un vote de procédure pour signaler leur opposition au candidat républicain, Donald Trump.

Refusant d’adopter sans vote la motion sur le règlement de la convention, les délégués rebelles exigeaient un vote État par État, ce qui leur aurait permis de montrer à la face du monde leur opposition, tout en imposant un important retard dans la programmation. Or, après de longues minutes au cours desquelles les pro et anti-Trump ont crié leurs slogans et leurs doléances, le maître de séance a fini par prétexter le non-respect des critères pour rejeter la requête des délégués rebelles. La tentative de mutinerie a dès lors été définitivement mise en échec.
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