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Loi 96: 17 600$ pour se faire traiter de nazis

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Il faut en finir avec le surfinancement des anglophones


Dix-sept mille six cents dollars. En 2018-2019, c’est le montant qu’a reçu du gouvernement québécois West Quebecers, une organisation anglophone de l’Outaouais. En septembre dernier, lors d’audiences de la Quebec Community Groups Network (QCGN) sur le projet de loi 96, leur président, Arthur Ayers, a accusé les Québécois d’être des fascistes et des nazis.


Vous pouvez voir la vidéo ici, ça commence à 3 h 32 min. 







L’un des objectifs de cette association (qui est également financée par Ottawa) est d’aider des immigrants anglophones à s’établir en Outaouais afin qu’ils puissent y vivre en anglais. Le fait que le français recule dramatiquement (même les fédéraux le disent) n’émeut guère M. Ayers. Il fulmine contre le projet de loi 96 qui, entre autres, enchâsserait unilatéralement dans la Constitution le fait que le Québec est une nation de langue française.


Selon tous les experts, le projet caquiste est nettement insuffisant pour enrayer le déclin de notre langue. Mais c’est évidemment beaucoup trop pour les gens de West Quebecers. Tambour battant, leur président mène une virulente campagne de Québec bashing avec l’argent de nos taxes.


Nous serions porteurs d’un «nationalisme xénophobe» visant les anglophones et les immigrants. Il nous compare à l’Italie de Mussolini en affirmant que, «suivant la plupart des définitions, vous vous trouvez devant ce qui est considéré comme du fascisme».


On peut se demander ici à quelle partie du règne du Duce il fait référence... Serait-ce l’attaque contre Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, en février 1937? Les Italiens y avaient massacré 20 000 civils, incluant des femmes, des enfants et des vieillards, sans compter le bombardement des hôpitaux et des ambulances de la Croix-Rouge. Peut-être, qui sait, que le président de West Quebecers a plutôt en tête les rafles de Juifs italiens qui, à partir de 1943, étaient livrés aux Allemands pour être ensuite gazés?


L’intéressé dresse par ailleurs un parallèle entre les Québécois et Hitler en déclarant ceci: «Nous ne sommes pas l’Allemagne nazie, mais nous avons fait un pas dans cette direction. Si vous êtes en retard de 2 min, vous n’êtes pas à l’heure.»


M. Ayers fait référence à la montée du nazisme, c’est-à-dire aux événements qui se sont déroulés à l’époque de la république de Weimar, le régime sous lequel le nazisme a pris de l’ampleur avant de prendre le pouvoir dans l’Allemagne de 1933. Est-ce que le projet de loi 96 serait comparable au coup d’État raté fomenté par Hitler en 1923? À moins que notre contempteur songe plutôt à la publication de Mein Kampf, en 1925, livre dans lequel le chef nazi explique vouloir mener une guerre contre les races soi-disant inférieures? Peut-être qu’il songe plutôt aux assassinats politiques perpétrés par les nazis contre des journalistes, des professeurs et des intellectuels qui défendaient la démocratie allemande?


La mémoire de la Deuxième Guerre mondiale devrait être utilisée pour nous unir contre le totalitarisme et le racisme, au-delà des clivages linguistiques et politiques. Elle doit servir à nous rassembler dans un humanisme commun et dans la célébration de nos valeurs démocratiques qui ont triomphé de l’hitlérisme. C’est exactement l’inverse que fait M. Ayers. En l’instrumentalisant, il profane cette mémoire à des fins bassement partisanes.


Celui-ci est furieux parce que le Québec va utiliser la clause dérogatoire, une «mesure autoritaire». Cela permettrait de protéger la future loi 96 d’une éventuelle invalidation en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, laquelle nous a été enfoncée dans la gorge lors du rapatriement constitutionnel. Or, la Loi constitutionnelle de 1982 prévoit qu’une province peut déroger aux décisions des juges fédéraux grâce à la clause nonobstant.


C’est ce que nous avons le malheur de faire aux yeux de la West Quebecers. Le Québec ne devrait même pas utiliser les dispositions d’une loi constitutionnelle qu’on lui a imposée de force! Agir de la sorte fait de nous des émules d’Hitler et de Mussolini. Curieusement, quand l’Ontario a utilisé cette même clause dérogatoire, plus tôt cette année, Arthur Ayers s’est bien gardé de traiter ses compatriotes anglophones de nazis ou de fascistes.


Son association a refusé de me dévoiler le montant des subventions qu’elle admet avoir reçues des deux paliers de gouvernement en 2020, même s’il s’agit de fonds publics. En cherchant sur internet, j’ai découvert qu’elle a obtenu des fédéraux 123 900$ en 2005 et 123 000$ en 2013.


Quoiqu’il en soit, il est impératif que Québec et Ottawa exigent la démission de M. Ayers. Cet homme s’est disqualifié comme président d’un organisme qui reçoit des subventions gouvernementales. S’il refuse de partir, les deux gouvernements doivent lui couper les vivres.


Si on cherche des gens qui font des parallèles entre le Québec et l’Allemagne nazie, on a qu’à demander à l’avocat contre la loi 21 Aziz Hussein, qui a comparé celle-ci aux lois de Nuremberg. On peut aussi se tourner vers maître Anne-France Goldwater, qui associe la loi 96 à la Gestapo. Ces derniers offrent gratuitement leurs services de Québec bashing. Ils ont assez de cohérence pour ne pas exiger en retour de l’argent provenant des contribuables québécois.



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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.





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