Éric Poirier est juriste. Il vient de faire paraître un livre d’une richesse exceptionnelle que tout le monde devrait lire avant de parler de nouveau de l’avenir du français.
Le titre? La Charte de la langue française: ce qu’il reste de la loi 101 quarante ans après son adoption.
Français
Un mythe se dégonfle: celui voulant que notre sécurité linguistique comme peuple soit assurée grâce à la loi 101.
Car cette dernière a été déconstruite. Elle devait faire du Québec une société francophone.
Mais à force d’être révisée par les tribunaux, on l’a vidée de son contenu. Au point même où Stéphane Dion, le ministre le plus hostile au Québec du gouvernement Trudeau, a déjà dit qu’il s’agissait d’une grande loi canadienne.
C’est cette histoire que nous raconte Poirier. Une histoire qui se déroule sur 40 ans, de 1977 à aujourd’hui. C’est l’histoire d’une guérilla juridique.
Le livre est d’une érudition époustouflante. À la différence de ceux qui parlent sans savoir, Poirier sait de quoi il parle.
La conclusion politique qu’on peut en tirer est terrifiante: croyant vivre à l’abri de la loi 101, nous ne comprenons pas qu’elle ne protège plus notre identité culturelle.
On croit que tout est beau. On traite d’extrémistes ceux qui s’inquiètent du progrès de l’anglais à Montréal.
Régression
On camoufle cette régression du français en progression du bilinguisme.
Habile.
On nous ménage en nous disant qu’on peut toujours se faire servir en français si on le souhaite.
On s’habitue à se considérer comme une minorité correctement accommodée, mais étrangère chez elle.
Maître chez nous? C’est un vieux souvenir.
«Bonjour/Hi.» «Press nine.» Tous les jours, on nous rappelle que le français n’est plus la langue commune.
Et nous continuons à siffloter dans l’insouciance, car, officiellement, la loi 101 nous protège. Nous aimons cette illusion rassurante.
Elle nous empêche d’avouer notre régression.
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