Par le biais d’une lettre ouverte, 73 professeurs et employés de l’Université d’Ottawa interpellent le recteur Jacques Frémont de prendre des mesures afin de protéger la liberté universitaire.
Les signataires demandent aussi au recteur de présenter ses excuses à la professeure Verushka Lieutenant-Duval. Pour l’un des signataires, le professeur de biologie François Chapleau, cela serait une première étape vers la réconciliation entre l’administration et le personnel.
Ce serait un bon geste pour rétablir la confiance avec les professeurs, car en ce moment ils se censurent, parce qu’ils ont peur puisqu’ils n’ont pas l’appui de leur institution. Alors, les cours sont modifiés, car on veut éviter les controverses.
« Le recteur peut dire tout ce qu’il veut sur la liberté académique et la liberté d’expression. S’il n’offre pas des excuses à Verushka, les professeurs ne vont pas le croire. »
La semaine dernière, un rapport faisant état de sept recommandations a été rendu public à la suite de la controverse entourant l'utilisation du mot en N en classe. Le recteur disait vouloir mettre en action les recommandations du rapport après en avoir discuté au Sénat de l'Université d’Ottawa.
Le recteur a le rapport depuis plusieurs semaines. On se demande pourquoi il n’a pas été davantage de l’avant. On s'attendait à plus de leadership de l'institution. On n’en voit pas, on voit de l’attentisme
, a déploré François Chapleau.
Se cacher derrière un grief
Depuis le début de la controverse du mot en n, bon nombre de professeurs de l’Université d’Ottawa ont dénoncé avec véhémence la façon dont l’administration a géré le dossier. François Chapleau est l’un d’eux, et il en a long à dire sur le recteur Jacques Frémont.
Ce qui nous a choqués aussi, c’est le fait qu’il se soit caché derrière le concept du grief pour évacuer toute question sur Verushka, mais il a été établi dans le rapport qu’elle a utilisé ce mot dans un cadre pédagogique et acceptable.
Selon le vice-président de la mobilisation des membres à l’Association des professeurs à temps partiel de l’Université d’Ottawa, Luc Angers, la situation n’empêche pas que les bons gestes peuvent suivre, indépendamment du grief. Ce serait même un geste exemplaire
.
Le professeur titulaire au département de communications de l'Université d'Ottawa, Marc-François Bernier, abonde dans le même sens.
Unilatéralement, le grief existe, car il y a un refus de s’excuser et de réparer le tort. Ça semble encore une fuite en avant. Quand venait le temps de sanctionner Mme Lieutenant-Duval, personne n’a attendu le Sénat. Cela a été fait de façon arbitraire, précipitée, irréfléchie, un peu dans la panique et dans la mauvaise gestion.
Avec les informations de Catherine Morasse