Lettre à Patrick Bourgeois

Je ne serai pas avec vous l'artisan d'un nouveau pogrom. Je ne participerai pas à vos tactiques staliniennes.

RRQ tourne en bouriques les fédéralistes à Québec et à Ottawa

Michel Trudeau - Psychologue - L'auteur réagit ici à la publication, le 2 décembre dernier, par le RRQ (Réseau de résistance du Québécois) de la liste des donateurs de plus de 3000 $ au Parti libéral du Québec sur un site Internet.
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Cher Patrick Bourgeois. Je vous écris pour vous parler de ma surprise de me retrouver sur votre site, en tant que «grand donateur» du Parti libéral du Québec et, surtout, comme fidèle supporteur d'un «chef» ayant pour nom Jean Charest.
Vous publiez mon adresse personnelle, en prenant soin d'y accoler le nom de mon épouse, Fabienne Larouche. Vous devriez savoir qu'il s'agit là d'une violation de la vie privée. Le DGE n'a pas publié son adresse. Vous vous servez de son nom, sachant que les moteurs de recherche inciteront les nombreuses personnes qui la suivent à venir vers vous. Êtes-vous fier de vous? C'est cette pensée-là que vous proposez aux futurs citoyens du pays du Québec?
J'ai aussi reçu par la poste une lettre que vous ne signez pas, mais qui vous identifie comme le rédacteur. Dans cette lettre, vous prenez soin d'écrire: «Nous avons mis en ligne un site Internet... Qui vous identifie en tant que (sic) grand donateur du Parti libéral du Québec. Votre nom s'y trouve de même que votre adresse personnelle... Nous invitons les gens à nous imiter et à faire pression sur vous...»
Avec, en filigrane, ce bon vieux patriote, symbole de la résistance armée. À quel genre de pressions vous attendez-vous avec un tel discours?
Je n'ai jamais caché avoir soutenu mon amie Line Beauchamp dans sa campagne pour se faire élire. Elle le méritait. Je l'ai fait parce que j'estimais que ce gouvernement avait besoin d'une femme comme elle. Je le referais volontiers si elle me le demandait, quitte à être perçu par vous et vos soldats de plomb comme un grand argentier libéral.
Sachez cependant qu'en tant que «grand argentier libéral», j'ai été des premières heures du Parti québécois. J'ai eu ma carte jusqu'au départ de M. Lévesque. Je l'ai reprise pour Pauline et l'ai retournée après sa défaite au congrès.
Je soutiens personnellement et financièrement Pierre Curzi chaque année. Allez-vous publier la liste des donateurs du PQ? Auquel cas je devrais m'y retrouver aussi en tant que «très grand contributeur à la cause de l'indépendance du Québec», selon les termes de votre pompeuse rhétorique.
J'étais à la permanence le soir du dernier référendum, avec mon ami Richard Langlois de la CSQ. Que je puisse aider une femme de valeur comme Line Beauchamp à se faire élire dans un gouvernement qui ne compte pas que des êtres exceptionnels peut aussi faire avancer les choses.
L'accession à l'indépendance du Québec n'est qu'une étape. Que va-t-on en faire après, de cette indépendance? On n'en parle pas assez. Lorsque vous instaurez une police Internet aussi stupide, qui ne prend même pas la peine de vérifier sur qui elle tire, que vous publiez les adresses personnelles de gens connus en y accolant de vagues menaces, le jour même de l'anniversaire de la mort de John Lennon, vous n'agissez pas de manière à me rassurer sur la société que vous voulez instituer. Je ne serai pas avec vous l'artisan d'un nouveau pogrom. Je ne participerai pas à vos tactiques staliniennes.
Les problèmes de corruption, je les ai dénoncés bien avant vous, au milieu des années 90. En ces temps-là, ils n'étaient pas de mode de s'en plaindre. Je vous invite à consulter mes textes publiés dans l'hebdomadaire Voir pour me connaître mieux.
Je comprends votre colère devant nos problèmes sociaux. Espérons que vous comprendrez mon dépit face à vos actions. Outre la violation de ma (notre) vie privée, me qualifier de «grand argentier libéral» publiquement est diffamatoire. C'est de l'ironie. Je prends la peine de préciser parce qu'à l'épreuve de votre fanatisme, je ne suis pas certain que le sens de l'humour tienne le coup.
Les vrais corrupteurs ne sont pas «fichés» dans les registres du DGE. La corruption se transige en liquide, pas en chèques. Un vrai courage vous porterait à publier les adresses personnelles, les numéros des comptes de banque et les noms des sociétés «écrans» de ces gens-là. Je vous inciterai toutefois à la plus grande prudence dans le glissement progressif vers l'héroïsme. Agir pour vrai n'est pas un jeu d'enfant. Fin de la récréation. Le crime est une réalité.


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