Lettre à nos lâches

Chronique de Jean-Jacques Nantel

Peut-être est-ce dû à notre passé de colonisés ou au fait que la majorité d’entre nous soient à moins de deux ou trois générations de la misère crasse, mais une chose est certaine : la majorité des Québécois n’ont pas encore perçu l’extraordinaire valeur morale de leur peuple.
Bien sûr, nous sommes loin d’être parfaits et je suis le premier à dénoncer notre désespérante naïveté dans le domaine des droits de l’homme ou le fait que nos élites politiques ont rarement su se montrer à la hauteur de leur tâche. Mais quand même, où sur cette planète rencontre-t-on une autre nation qui sache garder toute sa dignité alors qu’elle est dominée depuis un quart de millénaire par un peuple de voleurs, de tricheurs et d’ethnocidaires, par ces descendants d’une race qui a ravagé et pillé la planète entière? Comment ne pas être fier de la noblesse d’un peuple qui sait rester pacifique, courtois et généreux même quand il se voit envahi par des centaines de milliers d’étrangers qui travaillent à l’unisson contre ses intérêts. Notre peuple en vaut vraiment la peine.
Cela m’amène à parler de ces courriels méprisants que j’ai récemment reçus d’un de ces petits tâcherons de l’à-plat-ventrisme fédéraliste auxquels nous sommes tous régulièrement confrontés, un de ces individus tenaillés par la crainte qui ressentent toujours le besoin d’avoir deux assurances différentes ou trois serrures aux portes; des gens si effrayés par la vie qu’ils n’oseraient jamais sortir la nuit pour contempler un ciel étoilé ou une aurore boréale. En usant d’une intelligence évidente, le correspondant en question a pris la peine de m’écrire plusieurs courriels qui ne nous grandissaient ni l’un ni l’autre dans l’unique but de baver sur le Québec en disant que ce qu’on écrivait sur Vigile était du simple verbiage, que nous voulions créer une république de bananes, etc. Enfin, vous connaissez le genre!
J’avoue que les jets spontanés qui sont sortis de ma plume en réponse à ses pitoyables missives contiennent plus de feu que mes écrits habituels, mais ils expriment si bien ce que je pense que j’ai décidé de vous les livrer tels quels, à peine retouchés. (Il est vrai que j’ai toujours rêvé d’écrire avec du feu; un feu qui se verrait de loin!)
Premier courriel :
Le 6 janvier 2012
Vous semblez avoir une piètre idée de vous-mêmes puisque vous, votre famille, votre peuple et tout ce que vous représentez seraient, d'après vous, incapables de produire autre chose qu'une république de bananes. Quand j'habitais au Canada anglais, j'ai rencontré beaucoup d'ex-Québécois qui, comme vous, répétaient à qui voulait les entendre (et les Canadiens anglais adorent entendre cela) que tout ce qu'ils étaient, tout ce qui les avait formés, tout ce qui était québécois, c'était de la merde! J'étais admiratif!
Pour ma part, je n'ai JAMAIS rencontré de Canadiens anglais dont la supériorité m’ait fait tomber en bas de ma chaise. Ce sont des gens comme les autres. S'ils sont plus riches, plus puissants et mieux organisés que nous, c'est le simple héritage d'une invasion.
Avant qu'ils ne nous envahissent, en effet, nous avions la même diversité de population qu'eux avec des gouverneurs, des marchands, des intellectuels, etc. Curieusement, tout de suite après, et pour 252 ans et jusqu'à aujourd'hui, nous sommes devenus et restés plus pauvres qu'eux. La césure, c'est le moment de l'invasion où ils ont expulsé nos élites en prenant leurs emplois (nos leaders sont repartis en France) pour ensuite nous maintenir artificiellement dans la pauvreté en utilisant toutes sortes de petits trucs sales.
La souveraineté va enrichir le Québec principalement en arrêtant les vols du Canada anglais. Les trois universités anglaises, les 18 hôpitaux et toute l'infrastructure anglo-québécoise payée par nos taxes en sont la preuve à crever les yeux. Les Canadiens anglais sont des voleurs; un point, c'est tout! Et nous nous sommes développés malgré leur volonté expresse et malgré l'écoeurante complicité de tant des nôtres. (Notons que ce ne sont pas les Québécois qui sont comme ça, mais l'humanité.)
Pour ce qui est du verbiage de mes articles, ce n'est pas du tout de quoi il s'agit. Car ce sont les idées qui mènent le monde. On réfléchit d'abord et on passe ensuite à l'action. C'est ce que nous sommes en train de faire sur Vigile. C'est d'ailleurs ainsi qu’est organisé le corps humain dont le cerveau est conçu pour économiser de l'énergie en réfléchissant avant d'agir. (Vous voyez, ce mode d'organisation nous vient de loin).
Les fédéralistes et les anglophones ont gagné la première manche contre nous parce qu'ils étaient plus riches et mieux organisés que nous. Mais tant d'aurores n'ont pas encore lui. Il nous suffit donc de réfléchir à nos erreurs et de les corriger pour repartir à la conquête de notre liberté et, surtout, de notre puissance et de notre richesse.
Enfin, disons, pour réduire vos peurs, vos craintes et vos transpirations au sujet de l'avenir, que le Québec possède désormais du pétrole en quantité (au moins un demi-million de dollars par Québécois) en plus de tout ce que nous avons déjà bâti, seuls et malgré les bâtons dans les roues jetés par vos dieux du Canada anglais; une réussite qui fait du Québec un pays où des millions d'étrangers rêvent de venir habiter.
De toute façon, il est HORS de question que je me laisse voler, bande de méprisables lâches!
Jean-Jacques Nantel, ing.

Après une nouvelle réponse aussi mesquine que la première, voici le second courriel que j’ai envoyé à ce représentant tout à fait typique de nos fédéralistes rampants.
Le 7 janvier 2012
Je crois que vous répondez à mes écrits pour vous rassurer sur votre valeur personnelle.
Ma propre opinion sur cette valeur vous surprendra sûrement. En toute sincérité, je crois vraiment, et de façon parfaitement authentique, que vous et vos semblables (j'en ai connu beaucoup) êtes des gens intelligents, capables et doués et que, d'ordinaire, votre niveau de vie reflète parfaitement l'existence de ces éminentes qualités de naissance.
Vous faites partie des rares élites produites péniblement par notre peuple. Cependant, le fait que vos qualités de naissance vous aient été octroyées par le hasard vous oblige moralement à les mettre au service de vos proches, de votre famille et de votre peuple; ce peuple envahi dont la majorité des membres n'ont pas pu profiter, comme vous, de hasards aussi heureux. C'est encore plus vrai si on considère que la vie, et surtout la vie intelligente, est une rareté dans l'univers. Compte tenu des quelques courtes années de vie qui vous sont imparties (une étincelle) et de votre immense valeur de base, vous devriez normalement vous tenir au côté de l'élite de l'humanité et traverser votre époque comme un météore ¨pour remplir tout l'univers d'étonnement et de gloire¨.
Mais il y a un hic, car vos éminentes qualités sont contrôlées par la moindre petite peur qui tortille vos tripes. Cela fait qu'au lieu d'aider vos proches (les seuls que vous puissiez véritablement aider dans votre courte vie), vous retournez toute votre valeur contre eux pour leur nuire, les dénigrer, les décourager, les insulter, leur dire qu'ils sont incapables de produire autre chose qu'une république de bananes, etc. En un mot, vous répandez votre bave sur ceux à qui vous devez tout. Vous faites toujours le plus facile et le plus lâche. Les gens comme vous feraient tuer leurs propres enfants si on parvenait à leur faire suffisamment peur.
C'est votre éminente valeur elle-même qui fait de vous un être foncièrement nuisible, un individu infiniment inférieur au moindre quidam de nos rues. En quelque sorte, vous êtes l'image miroir de la valeur.
Même si nous sommes tous deux des intellectuels, les gens comme moi, qui goûtent pleinement toute l'émouvante beauté du monde et qui défendent le bien, le bon, le vrai et le juste, auront toujours la joie, le bonheur et la lumière intérieure, et domineront toujours d'une infinie altitude la boue que vous représentez. Et nous mourrons tous, les lâches comme les braves, après moins d'un siècle de vie. Mais à quoi sert donc la lâcheté?
Bien sûr, ces valeurs vous sont incompréhensibles puisque tout votre être est guidé, non par l'aspiration au bien et au beau, mais par les plus mesquines petites peurs et les plus petits comptages de trente sous.
Compte tenu de ce que je pense de vous, pourquoi alors ai-je pris la peine de vous répondre? Mais, c'est tout simple: parce que vous avez l'intelligence de comprendre le sens profond de mes propos... et de les goûter.
Pour terminer, je vous avouerai que je ne peux vous détortiller les tripes au sujet du niveau de vie exact d'un Québec souverain parce que je ne le connais tout simplement pas; il y a trop de variables en jeu. La seule chose que je sais, c'est que les gens braves sont toujours gagnants dans la compétition pour l'existence. (La plupart des très riches sont des braves alors que les esclaves ont toujours été pauvres et lâches). Un Québec souverain aura donc un bien meilleur niveau de vie tout simplement parce qu'il sera libre de ses choix. Si vous voulez vraiment avoir le détail de tous les gains à faire, allez lire les nombreux articles que j'ai écrits sur le sujet dans la banque de textes de Vigile. Mais, bien sûr, vous n'êtes pas vraiment intéressé puisque c'est la peur qui vous guide.
Soyez assuré que j'ai bien apprécié notre petit échange épistolaire. Vous devriez le faire partager à vos amis pour qu'ils puissent accroître leur admiration pour vous...
Jean-Jacques Nantel, ing.


P.S. Les anciens Égyptiens croyaient qu'après sa mort, chaque individu devait passer devant un juge qui décidait ce qui allait lui arriver dans l'après-vie. Ce juge lui posait alors deux questions: la vie t'a-t-elle donné de la joie? As-tu donné de la joie à autrui? Vous, dites-moi, qu'avez-vous fait de votre vie? Est-ce du verbiage que de se demander ce qu'on a fait de la seule existence dont on ait disposé? Dites-moi aussi: dans un pays aussi riche que le nôtre, à quoi servent les trente sous que vous croyez sauver avec vos mesquineries si ce n’est à créer de la beauté et de la joie pour vous-mêmes et vos proches?


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 janvier 2012

    C'est pour cela qu'il faut répéter ad nauseam les vols
    du Canada Anglais;les trois universités anglaises,les 18
    hôpitaux et toute l'infrastructure anglo-québécoise
    payée par nos taxes et bientôt nous assimiler.
    Réveillons-nous avant qu'il ne soit trop tard.

  • Pierre Tremblay Répondre

    13 janvier 2012

    Vous avez tout à fait raison.
    Les gens ne réalisent pas que les Anglais sont arrivés devant Québec en 1759 et ils ont pris DE FORCE notre territoire en bombardant Québec tuant à coup de canons les gens de la ville de Québec et nos soldats.
    Pour cela je ne leur pardonnerai JAMAIS et je vais toujours revendiquer ma liberté jusqu'à la fin de ma vie.
    Comment notre population peut accepter ce qu'on a fait à leurs ancêtres?
    Quand on connaît notre histoire on ne peut accepter ce coup de force , cette utilisation de la violence et la perte de nos droits historiques.