C’est bien pour dire, Jean. Tu as prêté la main aux boursicoteurs de la CDP, acceptant avec légèreté de faire perdre plus de 40 milliards aux futurs retraités québécois : ç’a passé comme du beurre dans la poêle.
Tu as accepté en catimini qu’Hydro-Québec, moyennant sans doute quelque faveur à certains de ses dirigeants (et à de bons Rouges, peut-être), laisse aller un pactole d’hydrocarbures sis à Anticosti.
Tu as généreusement permis (au bénéfice de qui?) à la même entreprise publique de vendre notre hydro-électricité aux multinationales pour moins que son prix coûtant.
Tu as promu un Plan Nord favorable exclusivement aux prédateurs mondialistes pour vider notre sous-sol de ses richesses naturelles, en leur payant à même notre poche les moyens de le faire.
Tu as avantagé, au nom de la tolérance, les écoles rabbiniques, qui ne forment ni des citoyens ni encore moins des Québécois.
Tu as accepté qu’on forme des immigrants d’abord et avant tout en anglais, alors que tu représentes officiellement le carré des derniers Gaulois d’Amérique.
Tu es même allé jusqu’à promouvoir l’enseignement intensif de l’anglais à des écoliers qui ne maîtrisent pas encore suffisamment leur propre langue écrite et parlée.
Tu as copiné, et tu le fais toujours, avec les prévaricateurs qui s’enrichissent au détriment de notre patrimoine, de même que de la qualité et de la quantité de nos services publics.
Tu as infesté notre magistrature et notre haute fonction publique de serviteurs de notre dénationalisation au nom de la mondialisation.
Tu as protégé et encouragé les mafias qui grugent 35% de nos frais en infrastructures pour engraisser ton parti de quelques miettes.
Tu as vendu pour un plat de lentilles notre indépendance aux descendants des colonialistes de l’Empire en brandissant ton passeport issu des mêmes.
Tu as, de mèche avec un indépendantiste jaune, fait condamner pour antisémitisme appréhendé un patriote peut-être malcommode mais intègre, parce que ça vous arrangeait tous les deux pour des raisons différentes.
Hier à peine, tu as joyeusement transgressé la Charte québécoise des droits et libertés pour enfoncer les étudiants au nom du principe de l’utilisateur-payeur, d’abord pour satisfaire ton mercenariat pour le compte de prédateurs bien de chez nous, ensuite pour te masquer du manteau des droits individuels au détriment des droits collectifs afin de radouber ton bateau électoral en passe de couler. Et, comme il était plutôt difficile de t’en prendre directement à tes ennemis, tu as lancé ta police sur leurs enfants en oubliant qu’ils étaient déjà plus adultes et plus intègres que leurs pères.
Tu ne nous a rien épargné à ton profit, minable et à celui, considérable, de tes quelques semblables qui se nourrissent de notre travail à bouchées bien plus énormes que tu n’es capable d’avaler toi-même.
À une autre époque pas si lointaine, un de tes devanciers avait pris le même chemin, avec une différence de taille : hormis l’enflure de son ego formé aux principes d’Ancien Régime, il n’avait jamais profité financièrement, sur le plan personnel, de ses magouilles. Un triste sire, sans doute, mais tout de même, à sa manière, beaucoup moins malhonnête que toi; il mêlait à son cynisme un relent de ses croyances, même s’il avait mis les représentants, le plus souvent indignes, de ces dernières à son service : en somme, le tribut faisandé du vice à la vertu.
Bref, tu nous a trahis avec, d’ailleurs, l’aval d’une partie des nous-mêmes, qui ne savent pas toujours bien qui ils sont, mais dont plusieurs d’entre eux commencent à l’apprendre grâce à tes turpitudes.
Alors, continue, lâche pas, et, dès que le coq aura chanté trois fois, même ceux qui t’ont encensé si longtemps te passeront l’élection au cou, si jamais ils se contentent de ce bénin châtiment, ce qu’il faut charitablement te souhaiter. Non, nous ne t’en voulons pas, détruire ton oeuvre diabolique et t’oublier à jamais nous suffira amplement.
Bonne éternité, Jean.