Les souverainistes qui désertent le Parti Québécois se trompent s'ils le
font parce qu'ils pensent que la réticence des Québécois à la tenue d'un
nouveau référendum est un obstacle insurmontable pour une issue favorable à
la souveraineté du Québec. Le référendum est un outil de consultation
populaire d'exception justement caractérisé ainsi d'exception parce qu'il
répugne à un esprit démocratique d'imposer la volonté de la majorité à la
minorité. Il se trouve cependant des questions comme celle de l'avenir du
Québec qui ne pourra se résoudre qu'avec la tenue d'un tel référendum car
les oppositions sont trop marquées durablement pour espérer un quelconque
ralliement sur une position consensuelle et ce, peu importe l'option
considérée.
Les politiciens abusent les électeurs en interprétant la réponse à ces
questions des sondages qui portent sur l'opportunité du référendum en
voulant y voir des arguments partisans. Si, en effet, une majorité nette
des Québécois s'opposent à la tenue d'un nouveau référendum, c'est que les
Québécois ont toujours espéré que la décision sur l'avenir du Québec soit
prise de façon consensuelle. Les Québécois sont habitués à diriger leurs
affaires publiques par consensus. Un grand nombre de projets de loi,
certaines années jusqu'à 80 % des lois votées à l'Assemblée nationale, sont
adoptées à l'unanimité, ce qui témoigne de la cohésion remarquable de la
société québécoise.
Le Parti Québécois doit cependant assumer une part de responsabilité d'une
telle attente d'un consensus sur la question nationale. Il suffit de se
rappeler la main tendue de Jacques Parizeau à Robert Bourassa au lendemain
de l'échec des accords du lac Meech et pire encore, la manifestation de
crainte exprimée par plusieurs ténors souverainistes se préoccupant des
retombées d'une victoire serrée au référendum de 1995.
Le Parti Québécois a intérêt à préparer les esprits à la légitimité d'un
résultat serré d'un éventuel référendum, ce qui est le résultat normal à
concevoir d'un tel exercice proprement justifié par les circonstances
politiques.
Durant cette campagne électorale, le Parti Québécois soutiendra
ainsi mieux les orientations de son programme qui promet la tenue d'un
référendum au cours du prochain mandat. Cela pourra aussi avoir l'effet de
stopper le mouvement des souverainistes vers les autres partis et de les
rapatrier au bercail en influant un brin d'optimisme.
Gilles Laterrière
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