Il y a quelques jours, Andrew Scheer, de passage à CBC, s’est permis de remonter les bretelles d’une journaliste qui faisait semblant de l’interviewer pour mieux faire son procès. Il lui a reproché le biais systématique de la radiotélévision fédérale contre le Parti conservateur.
Plus largement, il a reproché à cette dernière de s’enthousiasmer de manière gênante pour la politique américaine, au point d’y adopter un point de vue militant pro-démocrates, et de négliger son devoir d’un traitement équitable de la politique canadienne.
Et dans son discours de départ, il a attaqué férocement le système médiatique en dénonçant son orientation globalement hostile au conservatisme.
Biais
Je n’entends pas revenir sur le détail de ce discours, qui était par ailleurs plus qu’excessif dans sa critique de Justin Trudeau, mais poser une question simple : les politiciens ont-ils le droit de critiquer les journalistes ou doivent-ils faire semblant que ces derniers sont tous neutres ?
Poser la question, c’est y répondre.
Pourtant, les politiciens se font blâmer lorsqu’ils se permettent de critiquer les journalistes, comme s’ils brimaient la presse.
Mais il faut sortir de l’hypocrisie.
Les médias ont un rôle essentiel et indispensable en démocratie. Mais ils ne sont pas irréprochables. Ils ont un pouvoir immense, qui n’est plus seulement un contre-pouvoir.
Contre-pouvoir
Ils trient parmi les faits entre ceux qui sont importants et ceux qui sont secondaires. Ils tissent la trame de l’actualité, ils racontent quotidiennement notre société en repérant quelles questions méritent d’être au cœur de l’espace public et quels sujets doivent être laissés à sa périphérie.
Ils distinguent entre les politiciens respectables et les infréquentables, souvent en collant à ces derniers une sale étiquette.
Sachant cela, si les politiciens trouvent que le traitement qu’on leur réserve est injuste, ils sont en droit de le dire. C’est même leur devoir.
Les contre-pouvoirs doivent aussi être surveillés.