Avant même que le gouvernement Legault ne présente sa Charte de la laïcité, certains de ses adversaires annonçaient qu’ils entendaient non seulement s’y opposer politiquement, mais y désobéir juridiquement une fois qu’elle serait adoptée.
Montréal
C’est le cas notamment de la Commission scolaire English-Montreal. Ses représentants l’ont dit clairement : ils refuseront d’appliquer la loi. En d’autres mots, ils croient avoir le droit de choisir les lois auxquelles ils se plieront et celles auxquelles ils désobéiront.
Mais ils ne sont pas les seuls à agir ainsi.
Dans les franges les plus radicales de la mouvance multiculturaliste pseudo-inclusive, on s’agite aussi en lançant le même appel. Quand la démocratie ne donne pas les résultats qu’ils souhaitent, ces militants préfèrent suspendre la démocratie.
À la Ville de Montréal, on s’excite aussi. Même s’il n’emprunte pas le vocabulaire de la désobéissance civile, Lionel Perez, le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, espère agrafer à la Charte de la laïcité une clause Montréal, qui permettrait à la métropole de se séparer juridiquement, culturellement et symboliquement du Québec autour de la question de la laïcité.
Ces gens rêvent à une société distincte montréalaise. Ils rappellent les partitionnistes qui, après 1995, espéraient se protéger des résultats d’un troisième référendum qu’ils craignaient gagnant en réclamant de s’arracher au Québec s’il devenait souverain pour se rattacher au Canada.
Mépris
Le débat autour de l’adoption du projet de loi 21 agira comme révélateur. Il y aura d’un côté les adversaires légitimes, qui s’opposent à la laïcité, mais qui l’accepteront une fois adoptée. Il y aura de l’autre ceux qui refusent la démocratie québécoise, et qui prétendent s’y soustraire quand ses résultats leur déplaisent.
Ne nous trompons pas : cela révèle un immense mépris pour la majorité historique francophone, qu’on préférerait politiquement impuissante, soumise au régime canadien, heureuse des miettes qu’on lui laisse et consentant lentement à sa disparition.