Le premier ministre Justin Trudeau aurait averti la compagnie Facebook qu'elle devait corriger ses problèmes de « fausses nouvelles » sinon elle allait se heurter à une réglementation plus sévère de la part d'Ottawa. C'est en novembre dernier que le premier ministre a rencontré la directrice de l'exploitation du géant des réseaux sociaux, Sheryl Sandberg, pour lui faire part de ses préoccupations à ce sujet.
M. Trudeau lui aurait dit que la société n'en faisait pas assez pour empêcher la diffusion d'informations trompeuses sur sa plateforme. Ni le bureau du premier ministre ni Facebook n'ont voulu discuter des détails de cette réunion. M. Trudeau avait déjà rencontré Mme Sandberg en janvier 2016, soit seulement trois mois après son élection à titre de premier ministre.
Y a-t-il lieu de s'interroger sur la proximité des libéraux avec Facebook ? Certains le croient, car en décembre dernier, on apprenait que Kevin Chan, le directeur des politiques publiques de Facebook, avait rencontré des ministres du cabinet Trudeau. Entre juin et septembre 2017, M. Chan avait eu au moins quatre rencontres et avait participé à deux panels avec les ministres des Institutions démocratiques, des Petites Entreprises, de l'Environnement, des Finances et de la Condition féminine.
« C'est très inquiétant », avait déclaré à ce sujet Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN). « C'est notre culture, notre économie, notre souveraineté nationale qui est en jeu […] et ce qui me préoccupe, c'est que des entreprises américaines ont des entrées au gouvernement [beaucoup] plus ouvertes [que nous]. »
Rappelons que Facebook a déjà signifié son intention de mettre sur pied un projet en vue de « protéger » le Canada contre les « fausses nouvelles ». Des experts avaient alors dit craindre une dérive autoritaire de l'entreprise américaine, qui censurerait des informations non pas parce qu'elles seraient fausses, mais parce qu'elles seraient contraires à un certain point de vue, désormais placé au rang de Vérité.
Une telle dérive a déjà été vue chez YouTube qui a, par exemple, censuré en août 2017 une vidéo dans laquelle était abordée une problématique sensible, mais réelle en Europe : les abus sexuels commis par les migrants illégaux accueillis à partir de 2015.