Boycott | Le marcheur
Les fascistes s'invitent
Mathieu Turbide - La présence, devant la boutique Le Marcheur, de Jean-Roch Villemaire (à gauche), fondateur du Mouvement nationaliste révolutionnaire du Québec (MNRQ), continue de susciter la controverse.
© Mathieu Turbide/Agence QMI
La participation d'un groupe révolutionnaire d'extrême-droite à la campagne de boycottage de la boutique de chaussures Le Marcheur, à Montréal, embarrasse Québec Solidaire et l'organisme PAJU, qui organise, depuis quatre mois, des manifestations devant le commerce de la rue Saint-Denis.
Les dirigeants de PAJU (Palestiniens et Juifs unis) ont annoncé, hier, qu'ils cessaient leurs manifestations «pour deux semaines, en raison de la rumeur selon laquelle des membres du Mouvement Nationaliste-Révolutionnaire Québécois (MNRQ) planifient de se présenter devant la boutique Le Marcheur, ce samedi ».
Le PAJU soutient que le MNRQ «est raciste, anti-immigrants et prône la violence comme instrument révolutionnaire ».
La co-chef de Québec Solidaire Françoise David a, elle aussi, cherché à prendre ses distances par rapport au mouvement de «droite socialiste», dans un billet publié sur son blogue, hier.
«Nous ne buvons pas de cette eau-là. Elle est nauséabonde et pue l'antisémitisme et le racisme», déclare Mme David, au sujet du MNRQ, qui appelle ses membres à venir manifester devant Le Marcheur pour dénoncer la vente de quelques paires de souliers fabriqués en Israël.
Le MNRQ, qui veut «fermer les frontières à l'immigration» en plus de «briser l'échine de l'idéologie sioniste», a promis de revenir devant la boutique de-main, à 13 h.
«Toutes ces idées et expressions, soutient Françoise David, sont inspirées de l'idéologie nazie de l'Allemagne hitlérienne. »
Chicanes entre manifestants
Toutefois, le fondateur du Mouvement Jean-Roch Villemaire, un ex-candidat du Parti indépendantiste, se défend d'être un militant d'extrême-droite et songe à poursuivre Françoise David.
«J'estime que Françoise David a l'obligation de réparer le tort qu'elle m'a fait, sinon je communiquerai avec elle par la bouche de mon avocat. Je ne suis ni raciste, ni antisémite, ni nazi», a-t-il indiqué, dans un courriel envoyé au Journal, hier.
Pourtant, sur le site Web de son Mouvement, on peut lire que le MNRQ «insiste sur l'indispensable obligation de fermeture des frontières à l'immigration de masse. Il suspendra le droit du sol et appliquera le droit du sang ; la nationalité est un héritage intimement lié à l'origine ethnique [...]».
Le groupe s'inspire aussi grandement de l'idéologie de François Duprat, un militant fasciste français, décédé en 1978. qui a notamment signé le Manifeste nationaliste révolutionnaire, une sorte de guide de révolution qui appelle à «former » des militants radicaux selon «une discipline de type militaire».
Selon le chroniqueur Éric Duhaime, qui a organisé des manifestations d'appui au commerçant, Québec solidaire est responsable de cette escalade.
«Ce sont les discours et les actions antisionistes d'Amir Khadir qui, aujourd'hui, attirent les Jean-Roch Villemaire à cette cause. Amir Khadir doit s'excuser pour l'immense tort qu'il a fait subir au propriétaire de cette boutique», dit-il.
Une patate chaude
Visiblement, le boycott de ce commerce, qui vend quelques paires de chaussures israéliennes, est une patate chaude pour Québec solidaire.
Il y a quelques jours, Françoise David avait tenté de justifier la décision d'Amir Khadir de se rendre manifester devant la boutique, en compagnie de son père, militant anti-israélien très actif du PAJU.
* Les manifestations devant Le Marcheur ont lieu chaque samedi après-midi, et ce, depuis quatre mois.
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