Petit bilan des erreurs de Jean Charest dans la crise des carrés rouges...
Certains lui ont reproché de ne pas avoir vu venir la crise. C'est injuste. Personne, même pas les instigateurs de la fronde, n'avait prévu l'ampleur qu'elle prendrait.
Ce qu'on peut lui reprocher, par contre, c'est d'avoir trop tardé avant de faire des concessions. La crise était déjà envenimée quand il a annoncé l'étalement de la hausse et la bonification du régime de prêts et bourses.
C'était une concession majeure, qui va bénéficier aux enfants de la petite classe moyenne. Hélas, et c'est la deuxième erreur, le premier ministre n'a pas trouvé les mots pour la «vendre» aux Québécois.
Même si la population était d'emblée favorable à la position gouvernementale sur les droits de scolarité, une meilleure stratégie de communication aurait empêché les carrés rouges de jouer les martyres, et aurait court-circuité le discours - au demeurant fort habile - de leurs porte-parole, qui ont occupé pendant quatre mois tout l'espace médiatique grâce à la complaisance de journalistes en admiration béate devant ces beaux enfants de bonne famille qui s'exprimaient si bien.
Hélas, cette incapacité de communiquer efficacement ses idées et ses projets est une maladie chronique du gouvernement Charest. Un gouvernement dont les têtes d'affiche ont une telle pauvreté de vocabulaire, et si peu d'agilité syntaxique, que leurs interventions sont toujours marquées par la maladresse et le manque d'inspiration.
En guise de plaidoyer gouvernemental, on a eu droit à quelques remarques bougonnes de M. Charest et aux prestations embrouillées des ministres Beauchamp et Courchesne, abonnées compulsives au mot «mode». Elles étaient en mode ouverture, en mode écoute, en mode négociation, en mode recherche de solution, en mode sortie de crise, en mode gagnant-gagnant, et j'en passe. Non mais c'est quoi, cette nouvelle mode langagière?
Troisième erreur du gouvernement, le fait de s'être engagé dans des négociations qui n'avaient aucune chance de réussir, parce que les étudiants ne voulaient rien céder et que le gouvernement n'entendait pas céder davantage.
Au lieu de donner l'heure juste à la population et de s'en tenir à sa position - une position parfaitement juste et équitable -, le gouvernement a tenté d'apaiser les pleureuses qui le suppliaient de négocier à tout prix et qui auraient accepté n'importe quel règlement pour en finir avec le «trouble». (Parmi les pleureuses, une mention spéciale va à l'ancien ministre Castonguay, qui a réclamé à cor et à cri le dégel des droits pendant plus de vingt ans, et qui s'est écrasé à la première secousse en suggérant une médiation, voire un moratoire!)
Ce faisant, le gouvernement a saisi au passage, comme autant de brins d'herbe auxquels amarrer un radeau en dérive, de mauvaises pistes de solution improvisées dont les effets pervers auraient été bien plus nocifs que la hausse - comité sur la gestion des universités, détournement du crédit d'impôt et du programme épargne-études, etc. (voir une analyse plus détaillée dans mes chroniques de mardi et jeudi derniers).
Quatrième et dernière erreur, cette loi 78 dont les aspects les plus répressifs ont servi d'aiguillon aux manifestants et leur ont apporté la sympathie de l'étranger. Cette partie de la loi était contre-productive en plus d'être inutile. Elle n'est d'ailleurs même pas appliquée et tout le monde la brave impunément, ce qui ne fait que renforcer le sentiment que l'État de droit a cédé le pouvoir à la rue.
Le gouvernement jouissait, dans ce conflit, d'un atout formidable, soit l'appui massif de la population - un soutien d'autant plus remarquable que sur les autres questions, le même gouvernement est impopulaire. C'était là sa force, et ce qui aurait dû orienter toute son action.
Les erreurs de Charest
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