Mitraillé de promesses qu’il devra lui-même payer, l’électeur moyen reste bouche bée devant la campagne électorale que mènent ceux qui veulent le gouverner.
C’est la Soirée canadienne réinventée: un jour, c’est Gertrude qui valse et qui bourdonne, le lendemain, c’est le shérif Caire qui perd ses éperons, ses bottes et ses culottes pendant que Michelle Blanc, m’as-tu-vue des médias sociaux, sacre, peste et postillonne avant de s’excuser piteusement...
D’abord, cet emprunt absolument absurde d’Éric Caire de qui on n’attendait pas une connerie de si grande ampleur...
On avait fini par oublier son curriculum vitae botoxé, sa passion pour Donjons et Dragons... On avait fini par le voir en preux chevalier. Un shérif sans peurs et sans reproches. On ignorait qu'il venait tout juste de jouer avec Loranger dans un western caquiste: Le shérif en arrache! Et ça, c'est impossible à oublier. Du moins pour l'électeur moyen idéaliste...
À quoi pensait-il, bon dieu!, en acceptant 55 000 $ de l’invétéré snowbird de L’Ancienne-Lorette, un personnage si exemplaire que n’importe quel débutant l’aurait fui sans réfléchir... Remarquez que tendre la main est parfois plus facile que d'aller à la caisse pop... Même si c'est plus risqué.
Le chef Legault, le roseau de l'éthique, dit que Caire, vivant un épisode personnel difficile, s’est tout simplement tourné vers un «ami». Un «ami» n’exige pas des intérêts, sauf peut-être l'amité de Loranger...
Le shérif Caire ne retrouvera jamais sa superbe. Il est comme les autres, pas meilleur. Jamais pourra-t-il refaire la leçon à ses pairs. Il sera confiné aux ponts et chaussées... Peut-être devrait-il viser la mairie de L'Ancienne-Lorette...
Quant à François Legault, étrangement libéral dans cette affaire, il est de moins en moins celui que l’on croyait. On croyait ses principes solides comme le métal, ils sont apparemment de caoutchouc...
Au PQ, ce n’est pas la joie non plus. Le chef Lisée fait une campagne étonnante mais lui aussi a des gugusses à gérer, le plus en vue étant Michelle Blanc, vedette d’un monde dématérialisé, éclopée des médias sociaux, bravache dans un univers où les insultes sont monnaie courante.
Là, dans les égoûts de la modernité, on croit pouvoir dire n’importe quoi sans coup férir. Mais quelqu’un qui aspire à siéger à l’Assemblée nationale doit démontrer plus de discernement. De la jugeotte. Montrer, au minimum, qu'on a conscience de la noblesse de la tâche parlementaire. Ne pas agir comme si on voulait perdre ou comme si on ne tenait pas vraiment à gagner. Et, surtout, ne pas écrire de conneries quand il se fait tard...
Il fallait que le PQ soit dans un sérieux pétrin pour l’envoyer en pâture dans Mercier, là où le docteur Khadir a planté les graines de la révolution. Comme Caire, Blanc ne se remettra pas de cette débarque. D’ailleurs, Lisée a dû intervenir avec force pour éviter que l’affaire ne prenne une plus grande ampleur...
La campagne électorale ne fait que commencer et on aura sans doute droit à d’autres controverses similaires. Les élections ne nous montrent pas toujours sous notre meilleur jour. Le Québec est peut-être le meilleur au monde dans tous les domaines, (même si internet n'est pas disponible partout), mais il abrite aussi des personnages qu'on ne gagne pas toujours à connaître...
L’électeur moyen profite tout de même de ces esclandres politiciennes pour se divertir un peu mais, au 1er octobre, il risque d'être le seul et unique dindon de la farce...