Les deux courses

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« La course pour la troisième place n’est pas insignifiante : à travers elle se joue en partie l’avenir de la cause souverainiste. »

Comme le notait Joseph Facal hier dans sa chronique, la course à trois des dernières semaines, où la CAQ, le PLQ et le PQ pensaient se disputer le pouvoir, avec QS traînant loin derrière, s’est transformée ces derniers jours en deux courses à deux.


D’un côté, la CAQ et le PLQ se battent pour le pouvoir, de l’autre, le PQ et QS sont en lutte pour savoir lequel sera le principal parti souverainiste.


Pouvoir


La course pour le pouvoir met en scène deux partis qui acceptent le cadre canadien.


Le PLQ, on le sait, a une adhésion identitaire au Canada. Pour ses leaders et ses membres, notre appartenance au Canada est un bien en soi et jamais ils n’envisageraient de la remettre en question. Ils préfèrent un Québec faible dans un Canada uni à un Québec fort affranchi du cadre fédéral. Avec Philippe Couillard à sa tête, le PLQ n’est plus le parti des héritiers de Robert Bourassa, mais une succursale idéologique de celui de Justin Trudeau. D’ailleurs, il fait une promotion militante du multiculturalisme canadien.


La CAQ voit le Canada autrement. Globalement, il s’agit d’un engagement pragmatique. Bien des caquistes ont déjà voulu la souveraineté et ils l’ont moins abandonnée parce qu’ils seraient devenus passionnellement fédéralistes que parce qu’ils en sont venus à croire qu’elle n’arriverait jamais. Comme on dit, ils se sont fait une raison. Mais ils demeurent attachés au Québec d’abord. La CAQ, malgré ses tentatives à répétition pour séduire les anglophones et les communautés culturelles, demeure un parti fondamentalement enraciné dans le Québec francophone. D’ailleurs, la CAQ se dit nationaliste et n’a pas peur de l’enjeu identitaire. Ce n’est pas rien.


Souveraineté


La course pour diriger le camp souverainiste est d’une autre nature, et cela, en bonne partie parce que l’idée d’indépendance est en régression et semble condamnée à demeurer pour longtemps dans l’opposition, même dans les marges. D’ailleurs, les ressorts identitaires les plus intimes du peuple québécois semblent aujourd’hui brisés.


Le PQ demeure l’expression politique principale du nationalisme historique québécois. Mais c’est un parti handicapé, toujours occupé à donner des gages au système qu’il combat. C’est aussi le parti qui représente la social-démocratie, ou si on préfère, le centre-gauche. Ses militants et ses électeurs y adhèrent d’abord et avant tout parce qu’ils placent la cause souverainiste au centre de leur engagement politique.


QS est d’abord un parti de la gauche radicale. Lorsqu’on prend la peine de s’y intéresser vraiment, on constate que convergent dans sa base militante les courants les plus extrémistes. QS n’est pas le parti des gens ordinaires, mais des marges radicales. Pour QS, la souveraineté n’a de sens que si elle est au service de la gauche radicale. Depuis toujours, l’objectif de QS, c’est d’en finir avec le PQ et de le remplacer. Sur le plan identitaire, QS est plus proche des libéraux que des deux autres partis.


La course pour la troisième place n’est pas insignifiante : à travers elle se joue en partie l’avenir de la cause souverainiste.