Article originellement paru en français dans le quotidien Présent.
Pologne – La région Centre – Val-de-Loire, dirigée par les socialistes et les écologistes, a rompu ses relations avec la région polonaise de Petite-Pologne (Małopolska), dont la capitale est à Cracovie, elle-même aux mains du parti conservateur PiS. Tout cela à cause d’une résolution adoptée par le conseil régional de Petite-Pologne en avril 2019 et qui tient en peu de lignes (et que le journal Présent a traduit en français ici), puisqu’elle se contente de déclarer le soutien des autorités régionales à la famille traditionnelle et leur intention de protéger les écoles de la région de toute propagande LGBT. Une propagande et une idéologie dénoncées comme remettant en cause les libertés et droits fondamentaux garantis par le droit international et la constitution polonaise.
Le scandale a commencé avec la publication en janvier sur Internet d’un « Atlas de la haine » par un groupe de militants LGBT. Cet « Atlas de la haine », relayé en France par le magazine LGBT Têtu, est une carte de la Pologne avec, en rouge, toutes les collectivités locales qui ont adopté ce type de résolutions ou bien encore une Charte des collectivités locales pour les droits de la famille élaborée par l’Institut Ordo Iuris, une organisation d’avocats et juristes pro-vie et pro-famille. Si cette charte est un engagement des collectivités locales polonaises à s’engager en faveur des familles comprises au sens normal, traditionnel, du mot, le sigle LGBT et le mot « homosexuels » n’y figurent pas, et il n’y est bien sûr aucunement question de discriminations à l’égard de quiconque, y compris sur la base de l’orientation sexuelle. Quand des médias français prétendent que cette charte prévoirait de supprimer toute aide financière aux organisations luttant pour les droits des personnes homosexuelles, ils se réfèrent en fait à un paragraphe par lequel les collectivités locales s’engagent à ne pas financer d’organisations remettant en cause l’ordre constitutionnel polonais. Y compris, donc, les organisations remettant en cause la nature millénaire du mariage rappelée dans la constitution polonaise, celle-ci imposant aux autorités publiques de soutenir le mariage et la famille.
Toujours est-il que les auteurs de ce fameux « Atlas de la haine » ne font pas la distinction sur leur carte entre la Charte des droits des familles et les résolutions anti-idéologie LGBT et qu’ils l’accompagnent d’affirmations mensongères, parlant de « zones libres de personnes LGBT ».
C’est pourquoi plusieurs représentants de collectivités locales signataires de la Charte des droits de la famille (déjà adoptée par 37 collectivités locales, dont une voïvodie) et le président de l’ONG Ordo Iuris ont annoncé le 3 février en conférence de presse à Varsovie qu’ils allaient engager des poursuites en diffamation à l’encontre des auteurs de cet « Atlas de la haine ».
Les représentants de ces collectivités locales ne comprennent que l’on puisse qualifier la Charte des droits des familles de haineuse à l’égard des personnes homosexuelles. « C’est comme-ci nous signions une Charte des seniors et que quelqu’un considérait que c’est contre les jeunes », a expliqué l’un d’eux. « Les personnes qui nous diffament ne connaissent de toute évidence pas cette charte », a dit un autre. Un élu local, qui tient depuis 25 ans avec son épouse un foyer familial d’accueil pour enfants, affirme avoir voté pour cette charte pour une raison bien simple, fondée sur son expérience d’éducateur : « le rêve de chaque enfant est d’être avec ses deux parents, c’est d’avoir un papa et une maman même quand il sait que ce n’est pas possible ». Et c’est pourquoi, estime-t-il, il est important de soutenir les familles au niveau local.
Roman Łucarz (PiS), président du powiat (comté) de Tarnów, où se trouve la commune de Tuchów avec laquelle le conseil municipal de Saint-Jean-de-Braye, en France, a décidé de rompre un jumelage vieux de 25 ans, interrogé par votre correspondant sur la décision de la municipalité française : « La commune de Tuchów a pris modèle sur une résolution que nous avions nous-même adoptée au niveau du powiat. Nous avions voulu exprimer notre position, dire quelles valeurs nous voulions transmettre aux élèves dans nos écoles. En tant que personnes libres, si nous sommes catholiques, si nous sommes pour les valeurs qui ont fait notre identité nationale depuis mille ans, c’est-à-dire la foi et la famille, nous avons le droit et le devoir de l’exprimer de manière claire. Un jumelage ne consiste pas à être d’accord sur tout. Nous sommes des gens différents, des collectivités locales différentes, et si les Français sont pour l’idéologie LGBT, je ne leur en fais pas le reproche. Ils sont libres eux aussi. »