«On ne réussit qu’une seule chose : On réussit ses rêves.»
Jacques Brel, dans un entretien à la RTBF (1971)
Faisant métier d’écriture, je suis plutôt d’un naturel loquace. Or aujourd’hui je ne parviens pas à me saisir de la plume, ou du clavier, pour exprimer, disons, convenablement ma reconnaissance à l’endroit d'un compatriote — compatriote d’une envergure peu commune.
Aussi dois-je me faire violence pour oublier un instant, un tout petit instant, ma peine. Qui me paralyse. Oublier. En effet. Dans l’espoir d'approcher le clavier investi d’un minimum d’intelligence. De pertinence. Et de clarté dans les esprits. Ne serait-ce que pour me donner l’illusion du verbe, alors que c'est dame Silence — dans la tempête des mots qui ne manquent pas, déjà, de partout proliférer — qui me crie, qui me prie, de demeurer à l’écart. Et de rester "recroquevillé". Et ce, afin simplement de revoir en pensée, dans le recueillement, la solitude et le calme, tout ce qu’un homme (ou une femme), parfois, peut, dans une vie, réaliser à lui ou à elle seul-e.
Pour tous.
Or pour l’instant la réflexion qui m’habite, quoique baignant dans les larmes, est tout entière dans la formulation suivante : Monsieur aura à lui seul contribué à l’avancement général du peuple québécois — et je pèse mes mots au moins autant que je les pense (les deux verbes étant d’ailleurs issus de la même source étymologique) — plus que la totalité des gouvernements Charest et Couillard à la faveur, à ce jour, de onze années à la barre de l’État québécois.
C’est pourquoi — ce qui au reste constitue sans doute une loi psycho-sociologique de l’Histoire — j’incline à penser que la médiocrité, la terrible médiocrité ambiante (laquelle ne manque jamais d’apparaître au lendemain de la disparition des de Gaulle et des René Lévesque de toutes les époques), ne manquera pas d’intensifier sa violence ici et maintenant (car la médiocrité en effet, sous quelque forme que ce soit, est toujours violence; y compris dans l’abstention, l’aveuglement, la modicité intellectuelle, la carence d’envergure et la lâcheté), en pays de Gilles Vigneault, à compter de ce Jour initial de Juin 2015. Que l’un des plus grands Serviteurs de l’État de l’Histoire du Québec (Ministre, stricto sensu, signifie: Serviteur) aura choisi pour se retirer paisiblement en ses vignobles d’outre-cieux.
Monsieur Jacques Parizeau n’était plus aux affaires depuis plusieurs années. Certes. Mais sa présence auprès de Nous, citoyens du Québec, nous rassurait en quelque façon. La Liberté et la Dignité du pays de Pierre Bourgault restaient pour ainsi dire incarnées, tel un phare lumineux, par un homme. Un vrai. Là, vivant, ici. Réel. Avec lui avec nous, nous pouvions nous dire : « Non ! Nous n’avons pas rêvé. La Dignité n’est pas un mot creux sans signification. Et sans lendemain ».
Monsieur Parizeau, à vos pieds chaussés des bottes de sept lieues vers un avenir à la hauteur de «Quelque chose comme un grand Peuple» (dixit monsieur René un certain 15 Novembre), je ne vois plus désormais que petitesse, corruption, idéologie étroite (à courte vue, sans vision et sans imagination), provincialisme heureux, anglodéfrancisation et canadodéquébécisation enfin, et tout azimut. En clair: Je ne vois plus que fourmillement d’insignifiance.
Et il me faudra du temps, Monsieur, beaucoup de temps.
Pour vous pardonner. De ne pas être éternel.
(Madame Lisette Lapointe et enfants de Monsieur, Isabelle et Bernard, je vous embrasse. Intensément)
Un simple citoyen, qui avait 20 ans en 1976.
Et qui les a toujours, dans son identité citoyenne.
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2 commentaires
André Taillon Répondre
4 juin 2015Chers, ères compatriotes,
Tout comme vous et moi croyons avoir perdu un grand homme en MONSIEUR Jacques Parizeau. c'est bien sûre que personne ne diras le contraire du coté visionnaire de l'homme de ce Québec moderne d'aujourd'hui!
Aujourd'hui ce n'est pas la journée pour faire de la basse politique et MONSIEUR Parizeau n'en faisait jamais.
Tous ses adversaires l'adule avec une admiration excessive et complaisante, mais attendez voir demain!
PKP LE BON TIMMING!
Ce n'est que l’achèvement du rêve de MONSIEUR Jacques Parizeau qui soit dit en passant ressemble à si méprendre à celui de PKP tous deux issu de famille aisée et venu en politique non pas pour l'argent mais le Pays! Deux hommes de conviction et d'honneur pour la PATRIE!
Mes sympathies à la famille Parizeau.
Nous poursuivons la réalisation de votre combat MONSIEUR!
Par respect pour vous et la Nation du Québec!
Ont se relève les manches, ont se crache dans les mains et ont fini la job!
André Taillon Ex président comté de Laurier 1988
Archives de Vigile Répondre
3 juin 2015Votre mot est délicieux monsieur Gouin pour auréoler ainsi l'image d'un géant pourtant à dimension humaine. Les relents de la politique actuelle, issue de cerveaux au service de l'insignifiance et du vil profit immédiat, nous a éloigné de l'espoir pourtant pas utopique de se construire patiemment et même laborieusement une maison, un environnement de vie qui nous convienne, un pays où il fait bon de vivre. Monsieur Parizeau reçoit aujourd'hui de grandioses hommages de tous ceux qui l'ont apprécié mais aussi de ceux, hypocrites qui n'ont eu de cesse de tenter de le salir. Il serait mal vu, dans les circonstances pour ces personnages, de ne pas se joindre au concert de louanges dues à ce grand homme. La fatuité de nos dirigeants actuels accentue davantage leur manque abyssal d'intégrité et d'intelligence sociale.
M. Parizeau est parti mais nous a laissé un héritage d'une richesse inouïe. Il ne nous reste qu'à le faire fructifier. Je me joins à vous pour apporter un réconfort à Mme. Lisette Lapointe et à la famille.