Depuis que le gouvernement Couillard a sauvé la C Series de la « faillite » en y investissant 1,3 milliard de dollars canadiens en octobre 2015, Laurent Beaudoin et la famille Bombardier ont vu la valeur de leur bloc d’actions s’apprécier de 773 millions de dollars, soit de 160 %.
Pendant ce temps-là, la valeur de « notre » placement dans la C Series fondait de 755 millions $, pour une perte sur papier de 58 %.
LA DÉBANDADE
Voici comment s’explique la débandade de « notre » placement dans la C Series.
En date du 31 mars dernier, l’investissement de Québec de 1,3 milliard $ dans la C Series ne valait plus qu’environ 340 millions $. Cette évaluation est basée sur la valeur nette de l’actif de la société en commandite de la C Series qui sera bientôt cédée à Airbus.
Il faut savoir qu’en vertu de l’entente conclue avec Airbus, Bombardier lui a gratuitement donné le contrôle (soit 50,01 %) de la C Series. Ce qui a pour effet de réduire la participation du gouvernement du Québec dans la société en commandite de la C Series à seulement 17 % (au lieu de 49,5 % comme à l’origine). Et Bombardier voit sa participation diminuer à 33 %. Comme la valeur nette de l’actif de la C Series s’élève actuellement à 2 milliards $ canadiens (1,54 G$ US), notre participation de 17 % vaut donc ainsi 340 millions $.
À cette valeur restante de 340 M$ s’ajoute par contre une plus-value de 205 millions $, laquelle plus-value est attribuable à la valeur marchande du bloc de bons de souscription d’actions que Bombardier a octroyé au gouvernement Couillard lors de son investissement dans la C Series.
On résume : notre placement de 1,3 milliard $ dans la C Series vaut donc présentement 545 millions $ (340 M$ + 205 M$), soit 755 millions $ de moins qu’à l’origine.
BEAUDOIN
Que Laurent Beaudoin, grand manitou de Bombardier, soit peiné d’avoir cédé le programme C Series à Airbus, c’est bien le moindre des regrets qu’il pouvait exprimer !
Après tout, c’est lui, le grand stratège de la famille Bombardier, qui a lancé le programme de la C Series en 2008.
Son fils Pierre a pris la relève... et le programme C Series s’est transformé en un gouffre financier.
« Définitivement que, si tout avait été normal, on aurait préféré le garder. Mais je pense que l’association avec Airbus donne un potentiel plus grand à notre C Series pour le futur », a déclaré Laurent Beaudoin jeudi dernier, lorsqu’il a tiré sa révérence après 55 ans à la tête de Bombardier.
COUILLARD ENFARINÉ
J’aimerais lui signifier que nous, contribuables québécois, on a le sentiment que le gouvernement Couillard s’est fait rouler dans la farine lorsqu’il est venu au secours de la famille Beaudoin-Bombardier pour sauver la C Series de la déconfiture.
Au lieu d’investir directement dans la survie de la C Series, le gouvernement aurait dû forcer Laurent Beaudoin et son conseil d’administration à accepter que l’investissement de Québec soit fait dans le capital-actions de Bombardier.
Si tel avait été le cas, « notre » placement de 1,3 milliard $ dans la C Series vaudrait aujourd’hui plus du double... en raison de la forte hausse de l’action (160 %) depuis octobre 2015.
Au lieu de cela, on se retrouve dans le trou de 755 millions $.