Triste ! En colère ! Étonné ! Effrayé ! Ce qui se passe dans le monde arabo-musulman est irrationnel, haineux et absurde. En Irak, pays de Beyt El-Hikma, terre d’El-Moutazilite, d’Abou Nouas, d’El-Mutanabbi, d’El-Halladj, de Badr Shakir Al-Sayyab, de Mahdi Al-Jawahiri, d’Abdel Wahab Al-Bayyati, de Jawad El-Assadi… le séisme fanatique frappe fort ! Dans cette terre de Gilgamesh et de Babylone, une secte islamiste, religieusement fasciste appelée Da3ech, a mis la main sur la ville historique d’El-Mossoul. Autrefois El-Mossoul s’appelait Ninaoua, citée 34 fois dans la Bible.
Au nom de leur Islam, cette bande de dévoyés a demandé aux chrétiens, citoyens de la ville depuis la nuit des temps, d’abandonner leur ville ! Contraindre les enfants d’El-Mossoul à quitter leur mémoire, leurs biens, leurs amours, leurs souvenirs, leurs cimetières et leurs ombres… est un acte criminel. Mon Dieu, en quel temps sommes-nous ? Cynisme ! Jaillissant des ténèbres les plus ténébreuses de l’histoire de la sauvagerie humaine, cette bande de brigands tire sur toute lumière existante dans la tête d’un Arabe. Afin de pouvoir faire barrage à ces fous d’Allah, il est demandé, et en urgence, de lancer un vrai débat autour de la citoyenneté, de la laïcité et de la liberté de confession. Mon Dieu, en quel siècle, sommes-nous ? Le droit à la citoyenneté passe avant la démocratie, avant la religion.
Il n’y a pas de citoyenneté sans respect à la diversité confessionnelle, à la diversité linguistique et aux droits de l’homme. En chassant les chrétiens irakiens de leur ville, la secte Da3ech a commis un crime contre l’humanité.
Crime à haute tension. Toutes les guerres sont sales, certes. Mais les plus sales, les plus haineuses sont celles dénommées “les guerres saintes”, les guerres religieuses. Faut-il rappeler que les écrivains arabes chrétiens, depuis la moitié du XIXe siècle, ont entamé avec brio et amour la modernisation de la langue et de la littérature arabes ?
Ou encore faut-t-il rappeler qu’ils étaient les pionniers en matière de traduction vers l’arabe ? Ils ont traduit les classiques universels et introduit les dictionnaires bilingues dans le monde livresque arabe. Qui parmi nous, toutes générations confondues, n’a pas lu quelque chose de ces écrivains chrétiens arabes ou maghrébins : Al-Akhtal (resté chrétien tout au long de sa vie, malgré les demandes du calife omeyyade de se convertir à l’Islam), Georgi Zidane, Gibran Khalil Gibran, May Ziyadé, Elia Abou Madhi, Mikhaïl Nouaymah, Édouard El-Kharrat, Georges Schéhadé, Elias Abou Chabaka, Albert Hourani, Chebli Chmiel, Khalil Haoui, Saïd Aki, Louis Chikho, Georges Al-Rassy, Elias Lahoud, Elias Khoury, Andrée Chedid, Etel Adnane, Samir Tahane, Bechara El-Khoury (Al-Akhtal As-Saghir), Elia Haoui, Amin Malouf, Paul Shaoul, Amin Rayhani, Salah Steté, Émile Habibi, Antoine Makdessi, Joumana Haddad, Albert Hourani, Édouard Saïd, Michel Kilo, Jean Amrouche, Taos Amrouche, Jean Sénac, et d’autres. Grâce aux écrivains arabes chrétiens, “l’arabe coranique devient langue de l’arabité, de l’homme, renoue avec le passé et rentre dans l’histoire.” (Slimane Zeghidour). Qui parmi nous n’a pas écouté, et avec délectation, les chansons de Fayrouz ou de Marcel Khalifa, ou vu avec fascination les films de Youcef Chahine ou de Michel Khalifé, les pièces théâtrales des frères Rahabani… Après la chasse aux hommes, débutera la chasse aux livres ! L’inquisition islamique est aux portes de nos bibliothèques, écoles et universités.
Demain nous nous réveillerons pour nous retrouver devant un paysage néfaste : la secte Daech et ses alliés fêteront, en liesse l’incinération des œuvres écrites ou traduites par les chrétiens arabes ou maghrébins !! C’est du haram !! Ce qui se passe, autour de nous, dans la terre d’Islam, menace la culture des lumières, la beauté, la vie, la liberté, la cité, l’amitié, l’amour, Mohamed et le Christ. La honte !
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