Les Américains vivent 1984

La “mort de Ben Laden” sert trop d’agendas qui couvrent le spectre politique pour que l’évidence de la supercherie soit reconnue par beaucoup.

Ben Laden est mort, et avec lui, ses secrets...


L’histoire de la Maison Blanche sur “la mort de Ben Laden” s’est totalement décousue par elle-même. Cela fait-il une différence de savoir que dans les 48 heures qui suivirent l’annonce télévisée du président Obama de dimanche soir, l’histoire a tellement changé, qu’elle ne présente plus aucune crédibilité ?
Cela n’a jusqu’ici eu aucune importance pour la BBC, autrefois célèbre et renommée, qui le 9 Mai, 8 jours plus tard, continue de répéter la litanie propagandiste que les navy SEALS ont tué Ben Laden dans son complexe pakistanais, la où Ben Laden vivait en voisin de l’académie militaire pakistanaise, entouré de l’armée pakistanaise.
Même le président pakistanais ne trouve rien à redire de cette histoire rocambolesque. La BBC rapporte que le président lance une enquête totale pour savoir comment Ben Laden a bien pu vivre pendant des années dans une ville de garnison sans jamais être repéré.
Pour la plupart des Américains, l’histoire a commencé et fini avec ces cinq mots: “nous avons eu Ben Laden”. Les célébrations, la saveur sucrée de la vengeance, du triomphe et de la victoire sur “l’homme le plus dangereux de la planète” sont semblables à l’excitation expérimentée par les supporteurs de sport quand leur équipe de foot bat leur vieil ennemi ou quand leur équipe de baseball gagne les world series. Aucun fan ne veut entendre le jour d’après que cela n’est pas vrai, que tout cela était une erreur. Si ces Américains, des années dans le futur, apprennent que cette histoire n’a été qu’une fadaise orchestrée afin de propulser quelque agenda que ce soit, ils refuseront de le croire et diront que tout cela n’est que du défaitisme libéral-rose-coco.
Tout le monde sait que nous avons tué Ben Laden. Comment pourrait-il en être autrement ? Nous – le peuple indispensable – la nation vertueuse, la seule super-puissance au monde, les chapeaux blancs, sommes destinés à dominer. Il n’y a pas d’autre issue.
Personne n’a remarqué que ceux qui ont fabriqués l’histoire ont oublié de montrer la machine à dialyse rénale, machine qui de fait, a maintenu en vie Ben Laden pendant plus de dix ans. Il n’y avait aucun médecin sur les lieux.
Personne ne se rappellera qu’en Décembre 2001, Fox News a rapporté qu’Oussama Ben Laden était décédé de sa maladie.
Si Ben Laden avait contre toute attente pu survivre une autre décennie et attendre, désarmé et sans défense, l’arrivée des Navy SEALS la semaine dernière, comment est-il alors possible que “le cerveau de la terreur”, qui n’a pas seulement tenu en échec la CIA et le FBI, mais aussi 16 autres agences de renseignement ainsi que celles des alliés des Etats-Unis en Europe, Israël, le conseil national à la sécurité, le Pentagone, le NORAD, le contrôle aérien, la sécurité des aéroports, 4 fois dans la même matinée, etc, etc… n’a jamais connu un autre succès, même pas mineur ? Qu’a fait le “maître de la terreur” pendant 10 ans après le 11 Septembre ?
La “mort de Ben Laden” sert trop d’agendas qui couvrent le spectre politique pour que l’évidence de la supercherie soit reconnue par beaucoup. Les patriotes sont euphoriques que l’Amérique ait battu Ben Laden. Les progressistes ont saisi l’opportunité de cette histoire pour vilipender les méthodes de justice extra-judiciaire des Etats-Unis, ce qui nous brutalise tous. Quelques gens de gauche ont acheté l’histoire à cause de la satisfaction émotionnelle qu’ils reçoivent des Arabes oppressés qui rendent les coups à leurs oppresseurs impérialistes. Ces gens de gauche sont très contents qu’il ait fallu une décennie entière aux incompétents américains pour trouver un Ben Laden qui se cachait en pleine vue. Pour ceux-là, l’incompétence américaine à trouver Ben Laden est simplement la preuve de l’incompétence du gouvernement qui déjà avait failli de les protéger lors des attaques du 11 Septembre.
Ceux qui ont donné les ordres et ceux qui ont écrit ces mémos illégaux et totalement incompétents qui stipulaient que la torture était autorisée par la loi états-unienne et la loi internationale, ainsi mettant Bush et Cheney dans une position où ils pourraient être légalement inquiétés, participent à l’euphorie générale en déclarant que c’est grâce à la torture et les informations ainsi obtenues que les assassins de Ben Laden ont pu le trouver. D’un seul coup, d’un seul, la torture, qui était enfin retournée au pilori où elle avait été mise depuis des siècles, est de nouveau une bonne chose. Quoi que ce soit qui puisse mener à l’élimination de Ben Laden est un outil utile et valide.
Ceux qui veulent augmenter la pression sur le Pakistan pour qu’il la ferme au sujet des Américains assassinant des citoyens pakistanais au Pakistan depuis les airs ou par leurs troupes au sol, ont gagné une nouvelle matraque qui va amener le gouvernement pakistanais à se soumettre: “vous nous avez caché Ben Laden !”
Ceux qui veulent continuer à engraisser le complexe militaro-industriel et les pouvoirs de la Sécurité Intérieure (Homeland Security), comme la secrétaire d’état Clinton, utilisent la seconde ou la neuvième mort de Ben Laden comme preuve que l’Amérique a du succès dans sa guerre contre la terreur et que la guerre doit continuer sur ce chemin glorieux jusqu’à ce que tous les ennemis soient éliminés.
La cerise sur le gâteau fut la déclaration du directeur de la CIA disant que la mort de Ben Laden mènerait a de nouvelles attaques sur le sol américain et de nouveaux 11 septembre par Al Qaeda qui voudra se venger. Cet avertissement, fait quelques heures à peine après la déclaration du président Obama dimanche soir, “téléphona” l’inévitable message sur internet d’Al Qaeda qui posta que l’Amérique souffrira de nouveaux 11 septembre pour avoir tué leur leader.
Si les Talibans savaient en Décembre 2001 que Ben Laden était mort, quelqu’un pense-t-il qu’Al Qaeda ne le savait pas ? En fait, personne du public n’a les moyens de savoir si Al Qaeda n’est pas juste une organisation de façade créée par la CIA et qui est chargée “des annonces d’Al Qaeda”. La pertinence du fait que les annonces faites par Al Qaeda soient faites par la CIA est très forte. Les différentes vidéos reçues et diffusées ces dernières neuf années ont été démontrées falsifiées par des experts. Pourquoi Ben Laden enverrait-il de vidéos montage bidouillées ? Pourquoi Ben Laden a-t-il arrêté de s’exprimer sur vidéo, mais seulement par messages audios ? Une personne qui dirige une grosse entreprise terroriste internationale devrait-être capable de produire ses propres vidéos. Il serait aussi certainement entouré de bien meilleure protection que celle de quelques femmes. Où était Al Qaeda, qui selon Donald Rumsfeld consiste en “un groupe d’assassins les plus vicieux et les mieux entrainés sur cette terre” ? Ces hommes les plus dangereux de la planète ont-ils abandonné leur leader ?
L’avertissement du directeur de la CIA concernant de futures attaques terroristes, suivi par une menace suspecte “d’Al Qaeda”, suggèrent que si le public américain continue de perdre son enthousiasme pour les guerres sans fin menées par les Etats-Unis, guerres qui sont faites aux frais du contribuable et donc du déficit budgétaire, aux dépens de la valeur du dollar, de l’inflation, de la sécurité sociale, du Medicare, des programmes de support sociaux et de salaires, de l’emploi, de la sortie de la crise etc, “Al Qaeda” se jouera encore des 16 agences de renseignement, de celles de nos alliés, du NORAD, etc, etc… et infligera de nouveau à la seule super-puissance mondiale une nouvelle défaite humiliante, qui revigorera le support des citoyens pour la “guerre contre le terrorisme”.
Je pense “qu’Al Qaeda” pourrait faire sauter la Maison Blanche, ou le congrès ou les deux, et les Américains croiraient encore à cette fadaise, tout comme les Allemands, un peuple bien mieux éduqué et plus intelligent, se sont laissés berner par l’incendie du Reichstag, tout comme bon nombre d’historiens par ailleurs.
La raison pour laquelle je dis ceci est pour signifier que les Américains ont succombé à la propagande qui les a conditionnés à croire qu’ils sont sous attaque perpétrée par des ennemis omnipotents. La preuve de ceci est ce qui est diffusé tous les jours. Par exemple j’ai entendu sur la radio nationale publique à Atlanta le 9 Mars, que l’université Emory, une université privée assez cotée gratifia sa classe de 3 500 étudiants fraichement diplômés d’un discours de Janet Napolitano, la directrice de Homeland Security.
Ceci est une agence qui a des gardes-chiourmes payés pour palper les organes génitaux de jeunes enfants et d’adultes dans les aéroports et qui a annoncée l’extension de cette pratique des passagers aériens aux clients de galeries marchandes, aux voyageurs de bus et de trains. Qu’une université sérieuse ait invité une telle personne de bas-étage, qui n’a clairement aucun respect pour les libertés civiles et individuelles des citoyens et qui est totalement dépourvue de tout bon sens commun, pour s’adresser à une classe de jeunes diplômés d’une élite du sud des États-unis est une claire indication que le Ministère de la Vérité a prévalu. Les Américains vivent le 1984 de Georges Orwell.
Pour ceux qui n’ont pas lu ce roman classique d’Orwell, prédisant notre époque, Big Brother, le gouvernement, y pouvait dire aux citoyens n’importe quel mensonge et celui-ci était accepté sans aucune discussion. Comme un lecteur perceptif me fit remarquer un jour, nous les Américains, avec notre “liberté de presse”, sommes à ce point aujourd’hui: “Ce qui est le plus alarmant aujourd’hui est la totale désinvolture de ces mensonges, comme si le gouvernement était devenu tellement confiant de sa capacité à tromper le peuple, qu’il ne fait virtuellement plus aucun effort pour paraître même crédible.”
Un peuple aussi naïf que le peuple américain n’a aucun avenir.
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Article original en anglais : http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=24698
Traduit par Résistance 71.
Paul Craig Roberts est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.
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Paul Craig Roberts was Assistant Secretary of the Treasury in the Reagan administration. He was Associate Editor of the Wall Street Journal editorial page and Contributing Editor of National Review. He is coauthor of The Tyranny of Good Intentions.He can be reached at: paulcraigroberts@yahoo.com





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