En présentant dans la confusion la plus totale son escouade économique de 6, 7, 35 et 36 candidats, le chef de la CAQ multipliait les cafouillages et résumait sa pensée économique à la réduction de la bureaucratie. Il tentait de camoufler le jupon qui dépasse à droite en ne se faisant pas accompagner de son candidat libertarien Youri Chassin, mais les apparences ne trompent pas et elles nous révèlent une CAQ au service des entreprises et loin des citoyens.
La meilleure manière de répondre aux attentes de dérèglementation espérées par les associations patronales consiste à ne pas appliquer les lois et les règlements. C’est précisément l’effet qu’a eu la réduction du nombre de fonctionnaires au cours du règne libéral en privant l’État d’une expertise essentielle et des ressources pour assurer la surveillance. François Legault entend poursuivre dans la même veine en retranchant 5000 postes de fonctionnaires, affirmant que ce n’est que le commencement de la réduction des effectifs. On comprend mieux son obsession lorsqu’il nous présente sa ribambelle de candidats provenant du monde des affaires. Cette faune peste contre toutes les contraintes qui freinent leur enrichissement et contre les politiques publiques qui favoriseraient un meilleur partage de la richesse.
Le bordel informatique gouvernemental avec ses coûts astronomiques, la corruption dans l’industrie de la corruption, les détériorations environnementales de nos lacs et nos rivières, la chute d’un viaduc ou de paralumes sur l’autoroute Ville-Marie sont quelques exemples parmi d’autres de l’affaiblissement de la capacité de l’État. Privé de son expertise à l’interne, la sous-traitance et l’impartition sont devenues monnaie courante et ont entraîné une hausse faramineuse des coûts qui échappent à tous les contrôles. Encore plus dramatique, ce sont les entreprises qui s’auto-inspectent en matière de qualité et de sécurité au regard de leurs travaux avec toute la subjectivité qui en découle et les aélas pour la sécurité publique.
Le chef caquiste promet à tout rompre avec des engagements dépassant déjà les 3 milliards de dollars dans une première semaine de campagne. Ridiculement, il espère économiser près d’un milliard de dollars dans les services informatiques tout en se rendant encore plus dépendant de l’entreprise privée en se délestant de postes de fonctionnaires. Plutôt que d’apprendre de l’expérience libérale en cette matière qui a coûté fort cher aux Québécois parce que le gouvernement a refusé de s’approprier l’expertise et par conséquent s’est rendu vulnérable, monsieur Legault veut poursuivre le modèle en croyant qu’il fera des économies avec moins de personnel.
Il nous rappelle la déclaration tristement célèbre de l’ex-chef créditiste Camil Samson et qui pourrait s’adapter à lui aujourd’hui : « Le gouvernement libéral nous a mené au bord du précipice, faisons un pas en avant avec la CAQ ».