La refondation du Bloc québécois, adoptée par son conseil général sur proposition du forum jeunesse, s’avère une thérapie nécessaire pour la formation politique après la crise sévère qui l’a secoué. Certains analystes politiques pourront considérer que c’est un pari très risqué à un an des élections générales, mais le Bloc a un urgent besoin de ressouder ses militants et ses députés, s’il veut espérer survivre au prochain scrutin. L’attentisme des députés dissidents qui ont abandonné le parti demeure toutefois une sérieuse ombre au tableau.
Rhéal Fortin, député dissident, qui agit comme chef intérimaire de Québec debout, déclarait en marge du conseil général du Bloc, « observer de loin, sans vouloir s’immiscer ». Malgré que les objectifs de refondation du Bloc reflètent les buts poursuivis par les dissidents, monsieur Fortin ferme la porte à un retour en demeurant vague sur un avenir plus lointain. Cette façon de faire est plutôt renversante pour un groupe qui s’est plaint pendant près de deux ans d’être laissé pour compte par l’ex-chef Martine Ouellet. Invité aujourd’hui à réintégrer le Bloc et à contribuer à la redéfinition de sa mission, il semble que le chef des dissidents préfère que les débats se fassent en son absence pour se conforter dans l’entretien de la division. Faut-il comprendre que des ambitions plus personnelles se cachaient derrière les reproches faits à Martine Ouellet?
Les souverainistes convaincus doivent espérer que le pari de Mario Beaulieu, chef intérimaire du Bloc qui a pris les commandes pour éjecter Martine Ouellet et reconstruire les ponts entre les différentes factions, sera gagnant. Il faut reconnaitre à monsieur Beaulieu son grand attachement à la cause indépendantiste et une grande humilité en s’évinçant lui-même aujourd’hui de la présidence du parti. Il avait posé un geste comparable lors du dernier scrutin général en passant la main à Gilles Duceppe. Nous pouvons constater qu’il s’est employé durant tout l’été à redynamiser le parti dans toutes les régions et à mettre en place les conditions pour recréer l’harmonie entre les souverainistes. L’attitude de Fortin nous fait cependant voir que ses efforts n’ont pas ébranlé tous les dissidents.
Il sera toujours sidérant de constater à quel point les indépendantistes peuvent être leur pire ennemi. C’est d’autant plus déconcertant dans la conjoncture actuelle à la veille d’une élection provinciale où le Parti québécois jouerait son existence selon certains observateurs et que l’unité devrait s’imposer impérativement. Fortin et sa garde rapprochée espèrent peut-être que le Bloc vienne se fondre dans les rangs de sa nouvelle formation, mais c’est hautement improbable. Le projet défendu par Québec debout est une chimère qui peut bercer à court terme les rêves de quelques ambitieux, mais qui n’a aucune chance de survivre à la prochaine élection générale.