Les déclarations de Pierre Fitzgibbon sur une situation d’apparence de conflit d’intérêts n’ont rien à voir avec le genre de Sylvie Lalande, dit François Legault en réponse à une lettre de Pierre Karl Péladeau.
«J’ai demandé à Martin Koskinen [le chef de cabinet du premier ministre] de parler avec M. Péladeau et de lui dire que, d’abord, ça n’a rien à voir avec le fait que ce soit un homme ou une femme, et que, deuxièmement, tout ce que dit M. Fitzgibbon, c’est qu’il y avait une apparence de conflit d’intérêts, point final», a dit M. Legault en mêlée de presse vendredi.
La veille, le grand patron de Québecor, propriétaire du Journal de Québec, du Journal de Montréal et de Groupe TVA, avait envoyé une lettre au premier ministre pour lui faire part de son «indignation» concernant les propos du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon à l’endroit de Sylvie Lalande.
Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Fitzgibbon s’était inquiété d’une «apparence de conflit d’intérêts» concernant Mme Lalande, présidente du conseil d’administration de Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD). CRCD a récemment refusé d’appuyer le projet de relance de Groupe Capitales Médias sous la forme d’une coopérative. Il s’agit d’un concurrent du Journal. Or Mme Lalande est également vice-présidente du conseil d'administration de Québecor et présidente du conseil d'administration de Groupe TVA.
Desjardins a rétorqué que Mme Lalande n’avait pas pris part aux discussions sur ce possible investissement, et Mme Lalande a envoyé une mise en demeure au ministre Fitzgibbon.
Sexisme
M. Péladeau semble plutôt voir dans cette affaire une attaque sexiste contre une femme. Dans sa lettre, il s’en est pris à M. Fitzgibbon: «Le Québec devrait promouvoir l’avancement des femmes dans tous les domaines et particulièrement dans le monde des affaires. Votre ministre nous ramène en arrière par ses déclarations intempestives faites sans réflexion et pleines de préjugés», a-t-il déploré.
L’ancien chef du Parti québécois et député de Saint-Jérôme a ajouté que le ministre s’était «attaqué à l’intégrité d’une femme de grande expérience qui a consacré sa vie à défendre le rôle des femmes dans le milieu économique au sein des entreprises et des conseils d’administration».
Dans l'entrevue qu'il a accordée au quotidien La Presse, M. Fitzgibbon indiquait que la présence de Mme Lalande au CA de CRCD «doit susciter un questionnement». «Est-ce que, dans ce cas-là, Mme Lalande a eu une contribution à la discussion sur l’investissement? J’espère que non. Parce que, carrément, il y a apparence de conflit. Mais apparence de conflit ne veut pas dire qu’il y en a un, conflit», avait-il soutenu.
De son côté, le premier ministre François Legault a tranché, estimant qu'«il n’y a rien pour s’excuser».