Pauline Marois et Jean Charest sont comme un vieux couple aigri, condamné à cohabiter, qui ressasse les mêmes chicanes depuis des années. Chacun connaît les points faibles de l’autre et prend un plaisir mauvais à retourner le fer dans la plaie.
Hier, il a suffi que l’animateur Pierre Bruneau prononce le mot « corruption » pour que les deux chefs commencent instantanément à se crêper le chignon avec encore plus de hargne qu’ils ne l’ont fait quotidiennement à l’Assemblée nationale au cours des trois dernières années.
C’était à celui qui sortirait le plus de squelettes du placard de l’autre : les permis de garderie de Tony Tomassi, le rapport Moisan, le petit déjeuner de Line Beauchamp avec un mafioso, la nièce mineure de Mme Marois qui a versé 2500 $ à sa campagne au leadership, etc. À ce jeu, c’est M. Charest qui est gagnant. Si tout le monde est pourri, pourquoi le lui reprocherait-on? Désolant.
C’est François Legault qui devait s’esclaffer devant sa télévision. Bien des Québécois ont dû se dire que le chef de la CAQ avait bien raison : il faut que ça change.
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La discussion sur la crise étudiante, qui avait été escamotée lors du débat à quatre de dimanche, a été l’occasion d’une autre pluie d’accusations mutuelles d’irresponsabilité sans apporter d’élément neuf. Au moment où les étudiants retournent tranquillement dans leurs salles de cours, il était quand même un peu surréaliste de voir M. Charest s’empourprer en accusant la chef péquiste d’avoir encouragé l’intimidation et la violence.
Quand le dossier de la santé a été abordé, on attendait simplement le moment où M. Charest en arriverait à parler des mises à la retraite de 1997 comme la source de tous les maux qui affligent le réseau. Il fait la même chose à chaque débat. Après combien d’années de pouvoir un gouvernement peut-il être tenu responsable de l’échec de ses propres politiques ?
Pour tous les chefs libéraux depuis 40 ans, c’est une figure imposée d’évoquer « l’épée de Damoclès » que constitue la possibilité d’un autre référendum, mais, à entendre les circonlocutions de Mme Marois, il faut presque être paranoïaque pour s’en effrayer réellement.
Il faut reconnaître que le style chat de ruelle convient mieux à M. Charest qu’à son adversaire péquiste. Il a réalisé une bien meilleure performance qu’en 2008. Le contexte était cependant très différent. À deux semaines des élections, le PLQ menait par 12 points dans les sondages, de sorte que M. Charest ne sentait pas l’obligation d’en mettre plein la vue. Cette fois-ci, il se battait pour rester en vie.
L’impact de ce face-à-face risque toutefois d’être faible. M. Charest a très peu de chances d’arracher des électeurs au PQ, et les péquistes tentés de voter libéral sont très rares. Les face-à-face Charest-Legault et Marois- Legault des prochains jours pourraient avoir plus de conséquences.
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