Donc, le nombre de professeurs qui se sont fait indemniser parce qu’ils ont été victimes de violence de la part d’élèves a augmenté de 25 % en trois ans.
Mince consolation : il n’y a pas qu’au Québec qu’on vit ce genre de problème.
Partout en Occident, on assiste à une véritable crise de l’autorité.
UN MONDE SANS HIÉRARCHIE
Flics tabassés, politiciens insultés, enseignants menacés, parents injuriés par leurs propres enfants : toutes les figures d’autorité en prennent pour leur rhume depuis quelque temps.
Comme si on ne pouvait plus supporter d’avoir des gens au-dessus de nous qui nous disent quoi faire, de quelle façon nous comporter et comment vivre.
Puis-je proposer une théorie susceptible d’expliquer (en partie) ce phénomène ?
C’est à cause des médias sociaux.
Les gens passent de plus en plus de temps sur les médias sociaux. Nous avons toujours la tête penchée au-dessus d’un écran.
Grâce à une poche imperméable, nous pouvons maintenant apporter notre cell dans la piscine ou dans notre bain.
Or, sur internet, la hiérarchie n’existe pas. Il n’y a pas de chef.
Tout le monde est sur le même pied d’égalité.
Le plus anonyme des nobodies peut haranguer ou invectiver une star internationale, un chef d’entreprise ou le premier ministre d’un pays.
Les médias sociaux aplanissent tout.
C’est le triomphe de l’horizontalité.
TOUS ÉGAUX
Or, quand on émerge du monde virtuel et qu’on tombe dans la « vraie » vie, on se retrouve dans un monde qui a été construit sur le mode vertical.
Les parents, les policiers, les politiciens, les patrons et les enseignants en haut.
Les enfants, les citoyens, les électeurs, les employés et les élèves en bas.
Contrairement au monde virtuel, le monde réel privilégie la hiérarchie, la subordination.
Le hic, c’est que nous sommes de plus en plus habitués à fonctionner sur un mode horizontal.
Les uns à côté des autres, et non les uns sur — ou sous — les autres.
Plus on passe de temps dans le monde horizontal des médias sociaux, plus on a de la difficulté à accepter la verticalité du « vrai » monde.
Et le temps n’arrangera rien à l’affaire, au contraire.
Plus ça ira, plus on sera allergique à la hiérarchie.
Quel est le mot le plus utilisé depuis quelques années ?
Égalité.
Tout le monde est égal, toutes les cultures et toutes les religions s’équivalent.
Les enfants sont les égaux des parents, et les élèves sont les égaux des professeurs.
Bientôt, si ça continue, on va dire que les arbres, les fleurs et les plantes sont les égaux des humains.
LES JEUNES ET LES VIEUX
Le philosophe Michel Onfray a accordé un long entretien au magazine Le Point, il y a quelques semaines. Il parlait entre autres de l’éducation.
« Pour apprendre, il faut convenir qu’on ne sait pas. Or, la pédagogie du jour prétend que les élèves ont des choses à apprendre aux professeurs.
« Aujourd’hui, toute différence est transformée en inégalité. »
Avant, on disait que les vieux en savaient plus que les jeunes. Mais avec la révolution technologique, les jeunes (qui sont beaucoup plus « technos ») en savent maintenant plus que les vieux.
Comment voulez-vous qu’on respecte la hiérarchie, dans ces conditions ?