QUÉBEC – Le PQ a réussi à faire sortir le chat du sac ! Une fois la «période de dialogue » terminée dans deux ans sur l’opportunité d’imposer ou non un ticket modérateur en santé, le gouvernement libéral compte récolter pas moins de 500 millions de dollars pour financer le système.
Le premier ministre Jean Charest s’est fait mettre en boîte jeudi par le « cow-boy » du Parti québécois, Bernard Drainville, qui, avec l’aide de François Bonnardel de l’ADQ et de l’indépendant Éric Caire, a réussi à débusquer les réelles intentions financières du gouvernement sur le ticket modérateur dans la pile de documents du budget 2010-2011.
Un simple petit tableau dans un des documents indique ce qui attend les Québécois, vraisemblablement à compter du 1er janvier 2013, où la fameuse franchise sera introduite, devine-t-on.
Une ligne précise les montants que rapportera annuellement la contribution de la santé, qui sera de 25 dollars à compter du 1er juillet prochain, puis de 100 dollars en juillet 2011 et 200 dollars en juillet 2011.
Une autre ligne mystérieuse intitulée « Autres contributions à identifier » parle d’un revenu de 50 millions en 2012-2013 et de 500 millions en 2013-2014, ce qui représenterait les revenus engendrés par le ticket modérateur, en a déduit le député Drainville.
Le même document reprend également un passage du rapport de Claude Castonguay qui fixe à 25 dollars le coût d’une visite chez un médecin. Cette franchise serait payée lors de la déclaration de revenus annuelle en s’appuyant sur un relevé émis par la Régie de l’assurance maladie du Québec.
Franchise ou ticket modérateur ?
Il n’en fallait pas plus à Bernard Drainville pour déchirer sa chemise.
« Les libéraux appellent ça une franchise, mais c'est bien d'un ticket qu'il s'agit, parce que tu vas payer chaque fois que tu vas voir un médecin. Tu as besoin de voir ton médecin de famille pour ton suivi de grossesse, tu vas payer 25 $ la visite. Tu as besoin de voir ton médecin spécialiste pour ton problème de coeur ou de cancer, tu vas payer chaque fois que tu vas le voir. »
« Est-ce que (le ministre Bolduc) peut nous expliquer aujourd'hui pourquoi il tient tant à taxer la maladie au Québec ? Pourquoi est-ce qu'il tient tant à taxer les malades du Québec ? » a demandé le critique péquiste de la santé.
C’est plutôt Jean Charest lui-même qui s’est levé dans un premier temps. Il a accusé le député Drainville de faire de la « désinformation », que la seule chose que son gouvernement propose, c’est « un dialogue sur la question d’une franchise santé ».
« Il essaie de faire croire aux Québécois qu'il va y avoir un ticket modérateur chaque fois qu'ils iront à l'hôpital. C'est faux. De manière éhontée, il essaie de faire peur aux Québécois, alors que le budget qu'on a présenté, c'est un budget qui présente des mesures qui sont nécessaires pour préserver l'avenir du système de soins de santé », a répliqué le premier ministre.
Contributions à identifier
Continuant de nier que tout est déjà budgété, Jean Charest a sommé Bernard Drainville de « nous montrer à quel endroit c'est budgété ».
Le député péquiste s’est exécuté, déposant au secrétaire général de l’Assemblée nationale le tableau cité plus haut, sous les rires des gens de l’opposition, qui se moquaient. « On va vous l’expliquer votre budget. »
Jean Charest est demeuré bouche bée et a laissé son ministre de la Santé se débrouiller seul avec cette boulette gênante.
C’est finalement Éric Caire, député indépendant, qui a arraché au ministre Yves Bolduc une explication sur ces « autres contributions à identifier » qui rapporteront 500 millions de dollars en 2013-2014.
Le ministre a eu une réponse sec et sibylline qui ressemblait beaucoup à l’aveu d’un enfant pris en flagrant délit la main dans le pot de biscuits : « On lit la même chose en français, c'est autres contributions à être identifiées. Point. »
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