Les chiffres ne disent pas nécessairement tout, mais ils sont souvent éclairants. Si la proportion des étudiants qui fréquentent les universités francophones et anglophones était la même qu’au niveau primaire et secondaire, il y aurait 37 000 étudiants de plus que maintenant dans les universités francophones, qui bénéficieraient d’un financement supplémentaire d’un milliard.
À une semaine du Sommet sur l’enseignement supérieur, le chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, et son ancien collègue péquiste Pierre Curzi ont jugé utile de rappeler une réalité qui constitue un véritable tabou : les universités anglophones, McGill en particulier, reçoivent la part du lion, alors qu’elles forment à nos frais des étudiants dont une grande partie s’empresseront de quitter le Québec sitôt leur diplôme en poche.
Tout le monde convient que les universités anglophones sont d’une grande qualité et doivent le demeurer, mais est-il équitable qu’elles accaparent 25 % des effectifs et près de 30 % de tout le financement universitaire, alors que la communauté anglophone représente seulement 8,3 % de la population ?
Leur succès s’apparente à celui de la saucisse Hygrade. Elles sont mieux financées parce qu’elles attirent plus d’étudiants et elles attirent plus d’étudiants parce qu’elles sont mieux financées, ce qui permet d’embaucher plus de professeurs, dans des disciplines mieux subventionnées, qui reçoivent aussi plus de budgets de recherche…
En 2008-2009, les universités anglophones ont obtenu 36 % des budgets de recherche accordés par les organismes fédéraux, qui en accordent trois fois plus que leurs équivalents québécois. À elle seule, McGill a également reçu 43 %, soit 96,4 millions, des dons faits aux universités québécoises par des organismes à but non lucratif ou des entreprises privées.
Un rééquilibrage constitue cependant une opération délicate dans un contexte de ressources limitées. On aura beau dire qu’il ne s’agit pas de financer moins les institutions anglophones, mais plutôt de mieux financer les institutions francophones, cela signifie inévitablement un transfert des unes vers les autres.
C’est la même chose pour l’affichage : augmenter la place du français, que ce soit en imposant l’unilinguisme ou en appliquant la règle de la « nette prédominance », implique de diminuer celle de l’anglais. On ne fait malheureusement pas d’omelette sans casser d’oeufs.
Même si le PQ semble avoir définitivement renoncé à étendre au niveau collégial les dispositions de la loi 101 qui régissent l’accès à l’école primaire et secondaire, ce qui aurait réduit la fréquentation des universités anglophones par des résidents québécois francophones et allophones, il serait possible de les rendre moins attrayantes pour les étudiants étrangers ou canadiens non résidents du Québec, mais inclure un facteur linguistique dans le calcul des subventions est impensable.
Adopter le critère dit de « première génération », qui consiste à adapter le financement des universités en fonction de la proportion d’étudiants dont les parents n’ont jamais fait d’études universitaires, aurait toutefois le même effet, tout en favorisant l’accessibilité.
Sans surprise, c’est dans les composantes de l’Université du Québec qu’on retrouve les plus hauts taux d’étudiants de « première génération ». À Chicoutimi, en Abitibi et à Rimouski, il dépasse les 70 %. À Montréal et Laval, il est de 49,5 %. Pour l’ensemble des universités anglophones, la moyenne est de seulement 35,8 %. À McGill, le chiffre est de 20 %.
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Dans le Devoir
Sur le site de Mouvement Québec français
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