Le séparatisme? C'est le bon sens

Chronique de José Fontaine

Les élections régionales en Belgique ont lieu dans 7 mois. Ces élections régionales – dans les entités fédérées – ont un impact fédéral. Toute la vie politique belge en est déjà tétanisée. C’est vrai de tous les Etats fédéraux. Quand, en Allemagne, les partis – ou un parti – de la coalition au pouvoir au niveau fédéral subit un échec dans un Land important, cela peut ébranler la coalition toute entière. Même si, en principe, des élections dans un Land, ce n’est pas la même chose que les consultations au niveau de l’Etat fédéral tout entier, le résultat électoral a valeur de test (comme un sondage avec quelque chose de plus).
En Belgique, les choses se compliquent parce ce que ce pays qui n’est fédéral que depuis peu (1980), avait au départ des parlements régionaux composés au départ d’élus nationaux siégeant à temps partiel dans les parlements régionaux. A Bruxelles, les habitants ont pu élire un parlement régional dès 1989. En Flandre et en Wallonie, cela s’est fait 6 ans plus tard. Au départ, les premières élections régionales (en vue de la composition des Parlements flamand et wallon par des élus directs), eurent lieu en même temps que les élections fédérales (en 1995 et en 1999). Puis – dans une logique fédérale – les élections ont eu lieu à des moments différents. Le Parlement fédéral s’est renouvelé en 2003, les Parlements wallon, bruxellois, flamand, en 2004. Mais cela a eu comme conséquence que les élections fédérales eurent lieu en 2007 et que les élections régionales auront lieu en 2009, la durée de la législature régionale étant de 5 ans et celle de la législature fédérale étant de 4 ans.
On a donc voté en 1999 (fédéral et régional), en 2003 (fédéral), 2004 (régional), 2007 (fédéral) et on votera encore en 2009 (régional). Et on pourrait continuer : en 2011 (fédéral), 2014 (régional), 2015 (fédéral)… Tous les deux ans. Or, la particularité de ces élections, c’est qu’elles représentent, certes, chaque fois, l’enjeu auquel elles sont liées (régional ou fédéral), mais que, fédérales ou régionales, elles ont lieu dans toutes les parties du pays. Chacune de ces élections pèse donc sur d’autres enjeux que les leurs puisque les élections tant régionales que fédérales ont lieu partout. Certains disent que, pour limiter le nombre des élections, mieux vaudrait faire coïncider élections régionales et fédérales. Mais ce serait introduire des confusions encore plus grandes entre enjeux fédéraux et régionaux.
Comme les conflits sur l’avenir du pays se sont encore envenimés après les élections de 2007, un gouvernement fédéral ayant le plus de peine à se former, on se dit qu’il y a peut-être un exécutif de trop en Belgique. Qu’il faudrait, pour y voir clair, supprimer ou diminuer considérablement l’importance d’un niveau de pouvoir. Or la discorde ne se vit pas au niveau de la Flandre, de la Wallonie ou de Bruxelles (et de leurs gouvernements), mais du gouvernement fédéral. Ne conviendrait-il donc pas de le supprimer ou de le rendre moins important? En le ramenant à un organe coordinateur aux pouvoirs limités ayant des comptes à rendre devant les trois ministres des différentes régions chargés de cette tâche ? Certains diront que je dévoile ainsi mon arrière-pensée séparatiste ou du moins confédéraliste. C’est possible. Mais comme il y trop de niveaux de pouvoir en Belgique et que ce n’est manifestement pas le niveau régional qui fonctionne mal, que faire d’autre ? D’autres diront que c’est hypothéquer la politique notamment internationale de la Belgique. Qui envisage depuis le 21 novembre d’envoyer des soldats au Congo. Mais cette démarche peu banale s’envisage avec un ministre (flamand) des affaires étrangères devenu inopérationnel pour le Congo (qui lui refuse l’accès de son territoire). Tandis qu’il en permet l’entrée à d’autres ministres (en l’occurrence wallons). Et il y a tout le temps ce genre de trucs. Alors ?
José Fontaine

Featured 11746605790305d4d2500c52aa75121d

José Fontaine355 articles

  • 386 651

Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.

Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé