Le sabir de Just'in au pays de Pierre-Karl

Ou de la trudeaulalie * chez TVA / Québecor

022505693fff092cc381a60bd3d5b217

Tribune libre

Att. : Gens de TVA / Québecor


TVA <relations.auditoire@tva.ca>, Journal de Québec <jdq-scoop@quebecormedia.com>, Journal de Montréal <jdm.transmission@quebecormedia.com>, Opinion des lecteurs <opinions@quebecormedia.com> 


 



« La langue française n'est pas malade, elle est en guerre. Elle est victime d'une agression. Elle est envahie par les armées du sabir qui la ravagent comme les armées anglaises ravageaient la France pendant la guerre de Cent ans. » 


Jean Dutourd



 


La présente porte sur la piètre qualité de la langue française sur les plateformes numériques de Québecor – l'aire des Nouvelles TVA au premier chef.


Aussi est-ce sans autre forme que j’entre dans le douloureux du sujet. 


 


1) Victime d’un violent délit de fuite 


(texte « non signé », TVA Nouvelles et JdM, 25 déc. 2018) 


- Pourriez-vous me dire, svp, ce que c’est qu’un « violent » délit de fuite ??? À saisir par distinction d’un doux, d’un tendre, d’un empressé, d’un amusant, d’un rocambolesque… délit de fuite ??? 


- « Elle s’est brisé le nez et cassé plusieurs dents. » Il est étonnant d’apprendre en l’occasion, car c’est bien ce qui est affirmé ici, stricto sensu, que la victime « se soit » administré pareil traitement elle-même…  


- « l’individu qui a manqué de lui porter assistance. » Manqué… ?!? De la sémantique sanskrite, sans doute. 


- « se confit-elle. » Sans commentaires. Par trop déconfit je suis.


- « Quiconque aurait été témoin de l’impact est invité à se manifester. » Manifester ??? À qui, où, comment ? Sur les plaines d’Abraham à la faveur de la prochaine Fête nationale ???  


 


2) Un homme perd la vie en patinant 


(texte « non signé », TVA Nouvelles [Agence QMI], 25 déc. 2018) 


Quel titre « songé » ! Présumons de suite du prochain décès annoncé : Un homme perd la vie... en marchant, en mangeant, en dormant, en riant, en respirant. Voire, en mourant… 


 


3) Une grand-maman sauve sa famille d’une mort certaine 


(texte « non signé », TVA Nouvelles, 25 déc. 2018)  


- Ah... chère grand-maman. Grand-maman est un vocable de relation (« relatif... à ». En l’occurrence, à de petits-enfants). Et devient donc un terme impropre lorsque utilisé, absolument (sans objet), de la sorte. Hormis, bien sûr, que celle-ci se soit fait un devoir, dans les circonstances, de ne soustraire au drame en cours que ses « petits-enfants ». Les autres membres de la fratrie n’ayant aucun rapport avec son statut de mère-grand. 


- « Le sapeur a demandé à la vieille dame… ». Pourquoi « vieille » ??? « Dame », n’était-ce pas amplement suffisant ??? (Dans le même registre, mais de manière plus générale : Pourquoi identifier systématiquement, par exemple, ou quasi, la marque de commerce d’un véhicule impliqué dans un accident, ou autre événement ? Une redevance est-elle à chaque fois versée au média rapportant la manchette…?)


- « Si la mamie ne s’était… ». Voir (les deux) points précédents tout ensemble ! La grand-maman, la vieille dame, la mamie... Décidément, parle-t-on ici d'un personnage de théâtre, sinon d'un objet, ou bien d'une personne ?


- « la famille serait sans doute morte… ». Me voilà soulagé d’apprendre que la « famille » est un être vivant. Ah ! mais quel béotien je fais. 


- Et ne parlons pas de la syntaxe… (dans ce cas de figure, certes ; mais hélas partout ailleurs, également, dans ces pages élaborées chez - ou relayées par - Québecor). 


 


4) L’aveu d’impuissance face aux Franco-Ontariens 


(Emmanuelle Latraverse, TVA Nouvelles, 20 Nov. 2018)  


- « Coincés entre les principes des libéraux et ceux des conservateurs, les Franco-Ontariens ont servi de pions dans la joute partisane fédérale. » 


Or quelqu’un peut-il me donner le coefficient explicatif d’une formulation pareille ? Pour « éclairage », je suggère, par l’autre bout de la lorgnette, d’interroger à savoir s’il y a un enjeu, un seul, susceptible de ne pas se loger, à Toronto, Ottawa… ou ailleurs, entre les « principes » des partis politiques en place…?


Il est vrai que demoiselle Latraverse, cela dit pour sa « défense », héritage de cette Radio-Canada des vingt dernières années (pâle sinon moribonde copie, comme on sait, de l’excellence d’antan), a toujours éprouvé, outre l’aspect souvent tendancieux de son verbe, de fortes dispositions pour les expressions, disons, vacantes de signification. Du tout-cuit (ou réchauffé ?) pour Nouvelles TVA. À n'en pas douter. 


- Autre détail : « ont servi de pions ». Plutôt basique (comme on le dirait en France). Pas exactement de la grande littérature non plus, Mam'zelle. 


 


5) QS brasse la cage 


(Emmanuelle Latraverse derechef, TVA Nouvelles, 10 Déc. 2018) 


- « Les démocraties occidentales sont en train de payer le prix d’un rejet massif de l’ordre établi. »


C’est ce qui s’appelle formuler exactement le contraire de sa propre pensée. Tout de même étonnant, prenons acte, chez une journaliste dite d’expérience. Il est vrai que ce n'est pas la première fois que madame nous présente solécismes par-dessus barbarismes. 


Affubler Jean-François Lisée de l’épithète de « mesquin », par exemple, lors du dernier débat des chefs (dans le cadre de la campagne électorale nationale de l’automne dernier), sous motif que celui-ci cherchait, auprès de Manon Massé, à savoir qui tenait les fils chez Québec Solidaire (interrogation pourtant on ne peut plus légitime), participe sans doute de cet autre type de « prédispositions » chez la nouvelle venue au sein de la maison Québecor. 


- Autre hypothèse : Parfaitement consciente de son geste verbal (oublions alors le barbarisme), elle aura tout simplement choisi, un instant, manière Michel C. Auger, ou Luc Lavoie, de troquer le professionnalisme, exigé par les lieux et le moment, pour le mode de la chronique d’humeur à la sauce CBC / radio-canadienne. Le cas échéant on saisira, hélas, que le professionnalisme ne relève pas chez tous, indistinctement, du réflexe naturel. Auquel cas la mesquinerie en question – ou petitesse d'esprit, si on préfère – se logerait, en tout état de cause, moins chez le perçu que chez le percevant. 


- Autre détail... pour clore le « dossier » Latraverse : « ...sont en train de ». Une fois de plus, pas vraiment du Françoise Giroud. Si je puis dire. Ni du Judith Jasmin. Que les moins de vingt, de trente, de..., je vous l'accorde, ne peuvent pas connaître. Il est désolant de constater, on l'admettra sans difficulté, oralité comprise, que les nombreuses années d'expérience ne puissent parvenir, chez vous, dame Emmanuelle, ou très laborieusement (car enfin, vous n'êtes tout de même pas une scribouilleuse de manchettes de faits divers chez TVA), à peaufiner votre principal outil de travail. J'ai nommé : la langue française. 



6) Près d'une chance sur quatre d'avoir un infarctus pendant sa vie


(texte « non signé », Journal de Montréal [Agence QMI], 23 déc. 2018)


- « Une chance sur quatre » ! Courez chez Loto-Québec sur-le-champ. Car une chance pareille, monsieur, ça ne se présente pas deux fois. Dans une vie... 



7) Je me souviens en outre avoir lu, il y a peu, toujours chez les grands amoureux de la langue française qui sévissent (comme dans : sévices, n’est-ce pas) chez TVA, qu’un sofa avait été… « détruit ». Et même, tenez-vous bien, « anéanti ». Point endommagé, abîmé, détérioré, esquinté ou amoché, voire défoncé jusqu’à ce que tous les ressorts en ressortent. Mais bien détruit / anéanti. Rien moins. Encore heureux qu’on n’ait pas eu droit à un sofa blessé. Ou, pourquoi pas, surmené... On s’attend donc (tout de même) à trois ans ferme de pénitencier. Pour l’auteur/e de ce texte.    


Avec sursis, bien entendu (je me sens singulièrement généreux en cette folle période des Saturnales...) 


J’arrête ici cet exercice pénible. Mais d'un pénible, M’dame… Mais point futile. Je pense. J’invite plutôt les lecteurs de la présente, à compter de maintenant, à consulter par eux-mêmes les lumineuses pages des Nouvelles TVA. Ils y trouveront chaque jour, soyons-en convaincus, leur compte d’un média qui semble recruter ses journalistes – un bon nombre d’entre eux, en tout cas – chez les finissants de premier cycle. 


Du Secondaire. 


[ Un bicycle à trois roues avec ça ? À moins que vous ne préfériez le tricycle à deux roues. En exclusivité au Québec ! Only in Kwabek !  Ou plutôt au Canada, et plus précisément à Montréal. Ainsi que nous l'annonce partout, actuellement, « notre » Kanuk  national (« Est. 1970 » - comme dans : Established). Anything but Québécois, quoi... Ah ! fière Kanuk de nos amours... Mais pardon, ami/es, je m'égare ici...] 


Il est vrai que Radio-Canada, quant à elle, il faut bien le préciser dans le présent contexte (par souci critique d'équité), semble inspirée par un dispositif analogue – orientation de l'opinion publique en prime, sinon la propagande à l'occasion – littéralement séduit, comme pour mieux la reconduire en boucle ensuite, par la médiocrité générale de notre temps. 


Cela étant, que pensez-vous de tout ceci, pour votre part, madame Sophie Thibault et monsieur Pierre Bruneau, figures emblématiques du réseau des Nouvelles chez TVA ? Bien sincèrement, j'apprécierais beaucoup vous entendre sur le sujet. 


Monsieur Pierre-Karl Péladeau, bien respectueusement, concise question en terminant : Croyez-vous que l’on va pouvoir enfin bâtir, Nous, Franciens des Amériques, ce Pays rêvé par votre propre père avec, à la clé, dans vos propres médias, un charabia à la Justin Trudeau de cette sorte…? 


 


       * lalie : du grec λαλια ́« babil, bavardage » 


 


Jean-Luc Gouin


LePeregrin@yahoo.ca  


Stadaconé, 27 décembre 2018 


 


 


Featured 9d70efc13bfcf28a347710d42fbdde90

Jean-Luc Gouin94 articles

  • 113 306

Chambrelan du verbe et indocile citoyen de la Cité (les dossiers de la Francité et de la « Question » nationale du Québec l’occupent – et le préoccupent – tout particulièrement), mais également docteur en philosophie diplômé de l'Université Laval et spécialiste nord-américain du penseur allemand Hegel, JLG a publié ouvrages et maint article portant pour la plupart sur celui-ci.



Hegel. De la Logophonie comme chant du signe, son dernier opus, fruit de trente ans de recherche, a été publié simultanément, en 2018, et aux PUL, à Québec, et chez Hermann à Paris.

 

Textes « citoyens » choisis de Jean-Luc GOUIN ( 1995-2018 )

( parmi quelques centaines, qui hélas ne vieillissent pas )

 

•• Les Bilinguistes. Grands sorciers des langues phagocytaires

•• Débat sur la langue dans le quotidien Le Devoir (Été de 1998)

•• Qui sort, digne ! Franchir le miroir de notre schizophrénie collective

•• Le Franc Pays. Québécois ou Québec coi ? (+ de 20 ans plus tard, rien n’a changé...)

•• Le Lys dans le lisier (Ou pourquoi l’Indépendance du Québec, en quelques mots)

•• Aux larmes citoyens ! (anthropoème en hommage à Gaston Miron)

•• Philippe Couillard : Le Philippe Pétain de notre temps (Lettre à mon premier sous - ministre)

•• Autres espaces de réflexion (Société, Culture, Politique... dont : Ouvrez le Feu ! , Liquider pour argent liquide , Halloween. Plaie ou plaisir de l’enfance ? , Interdit de ne pas fumer ! ...) 

•• De l’humain travesti en divin (modeste contribution au projet d’une Charte de la laïcité)

•• Précis sur la malhonnêteté intellectuelle (aussi nommée mauvaise foi)

•• L’Homme Prométhée (une forme de « CQFD » irrésistible aux textes qui précèdent...?)

 

 





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé