La Commission européenne redoute que le Royaume-Uni n'agisse contre les intérêts européens durant la période de transition pré-Brexit. Elle a imaginé des sanctions en cas de défaut de coopération, qui outragent les conservateurs britanniques.
Le 7 février, les négociations sur le Brexit se sont subitement tendues suite à la parution dans la presse anglaise d’un document de 5 pages concernant la période de transition, qui permettra au Royaume-Uni d'organiser sa sortie de l'UE, rédigé par cette dernière.
Le texte évoque un certain nombre de sanctions très contraignantes pour le Royaume-Uni s’il prenait des décisions portant atteinte au «principe de coopération sincère» avec l’Europe. Des précautions perçues comme des menaces par les Tories et la presse britannique.
Durant la période de deux ans précédant le Brexit qui aura lieu en mars 2019, la Commission européenne compte sur l’application par Londres des nouvelles règles qu'elle a adoptées ou qu'elle adoptera entre temps. En outre, Londres doit, selon Bruxelles, continuer à respecter les règles qui s'imposent aux pays membres, et ce jusqu'au jour même du Brexit. Loin de n'être qu'un simple point de détail, cette contrainte empêche la Grande Bretagne de négocier des accords commerciaux avec des pays hors de l’Union européenne, d’accorder des subventions à certaines industries ou des réductions d'impôts à certains secteurs économiques.
Si Londres devait ne pas se conformer à ces obligations, Bruxelles envisage notamment d'annuler des vols commerciaux ou d'imposer le paiement de droits d'atterrissage. L'UE s'autoriserait en outre à suspendre l’accès au marché unique et à imposer les droits de douane aux produits venant du Royaume-Uni pendant la période de transition. De quoi pénaliser les exportations britanniques et les ports pourraient être saturés à cause des contrôles que cela impliquerait. Même la City pourrait se voir privée du droit d'accéder aux marchés européens.
Dieu merci, nous quittons une organisation qui prend de telles décisions
Cité par The Times, le parlementaire conservateurJacob Rees-Mogg s'est ému de ces révélations : «Dieu merci, nous quittons une organisation qui prend de telles décisions quand on ne fait pas ce qu’on nous dit de faire». Un pouvoir considéré comme démesuré et abusif par les conservateurs, qui estiment que le Royaume-uni se verrait relégué au rang d'«Etat vassal», selon les mots de Jacob Rees-Mogg
Theresa May, Premier ministre britannique, est actuellement mise sous pression par tous les secteurs de l’économie qui redoutent un blocage ou un ralentissement des échanges commerciaux avec le continent. Plaidant aujourd'hui pour un nouvel accord douanier, elle a réuni les onze ministres concernés par le Brexit le 8 février pour tenter de définir avec eux le contour futur des relations à entretenir avec l'UE et d'apaiser le climat de tension dans lequel se déroulent des négociations pourtant tout aussi cruciales pour Londres que pour les 27 Etats membres.