Pauline Marois, la chef du Parti québécois, revient donc à l'Assemblée nationale par la grande porte grâce aux électeurs de Charlevoix qui ont été nombreux à se déplacer pour voter, lundi. Ce n'est pas tous les jours qu'une élection partielle attire 60 % des électeurs. Compte tenu d'une telle participation et de l'absence d'un candidat libéral, on se serait attendu à ce que l'ADQ obtienne un résultat beaucoup plus fort que les 39 % enregistrés. Que dire aussi des tiers partis qui n'ont pas su profiter du tout de cette absence libérale?
Avec 59 % du vote exprimé, Mme Marois confirme qu'elle est bien en selle à la tête du Parti québécois qui, ne l'oublions pas, ne forme même plus l'opposition officielle depuis les dernières élections.
Compte tenu de l'échéance rapprochée du printemps pour la tenue probable d'élections générales, la chef du PQ devra mettre les bouchées doubles pour être en mesure de présenter un programme plus original et emballant que la dernière fois. Privé de son principal argument de mobilisation des troupes souverainistes -- le référendum -- le Parti québécois doit construire de toutes pièces un projet de gouvernement original, nationaliste de centre gauche. Depuis sa nomination comme chef, Mme Marois a lancé des signaux qui la situent plus à droite qu'au centre de l'échiquier, une zone pourtant occupée par l'ADQ et le PLQ.
Les Québécois ne veulent pas de ces grands programmes coûteux à la manière des décennies précédentes, pour le moment du moins, mais ils restent séduits par les idées originales. En matière de santé, d'éducation, de transport, d'environnement, le PQ doit se démarquer de ses adversaires en faisant la preuve qu'il est encore capable d'innover dans la résolution des problèmes concrets. À ce jour, libéraux et péquistes se sont fait doubler par Mario Dumont sur ce terrain, même si plusieurs des solutions avancées par ce dernier étaient plus démagogiques que réalistes.
Les sondages indiquent que Mme Marois est la chef en qui l'électorat a le plus confiance à l'heure actuelle. Cette confiance est même son principal atout puisque plus personne ne sait trop ce qui différencie le Parti québécois des autres formations. Or, la confiance est un sentiment diffus qui peut partir en fumée aussi vite qu'il est apparu. Rappelons-nous combien l'affaire des toilettes silencieuses installées à grands frais dans ses bureaux avait nui à Mme Marois.
La publication dans The Gazette, samedi, d'un reportage accusant le mari de Mme Marois d'avoir payé un individu pour qu'il signe un affidavit mensonger à l'appui d'une demande de dérogation à la Loi sur la protection du territoire agricole dans le but de construire un luxueux manoir, pourrait détruire cette confiance. À ce jour, les Marois-Blanchet ont renvoyé les journalistes aux documents détenus par la Commission de protection du territoire agricole. Quant à l'accusation de faux témoignage, ils la nient malgré les déclarations du signataire aux médias. Tout cela n'est pas clair. Mme Marois doit prendre les devants et faire la lumière à la satisfaction des médias, sans quoi l'affaire reviendra la hanter en campagne électorale. Le ton de l'article de la Gazette était particulièrement malicieux, mais les accusations sont graves et Mme Marois ne peut pas attendre un lointain procès pour effacer cette histoire.
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