Pascale Breton - Le député libéral Pierre Paradis n'a pas tort en affirmant que le bilan des libéraux en matière de santé n'est pas aussi bon qu'ils le prétendent. C'est aussi l'impression qui circule dans le réseau de la santé.
Le Parti libéral du Québec avait mis la barre haute lors de la campagne électorale de 2003. «On va éliminer l'attente une fois pour toute», affirmait Jean Charest dans une publicité.
Quatre ans plus tard, il y a des progrès. Mais l'accessibilité reste un problème. Dans un récent sondage CROP mené pour La Presse, 82 % des répondants estiment d'ailleurs que l'accès au réseau est identique ou pire qu'il y a quatre ans.
«Effectivement, nous aurions aimé faire encore mieux», reconnaît le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, en entrevue à La Presse. «Mais nous avons accompli des progrès sans précédent parce que nous avons investi et que nous avons introduit de nouvelles façons de faire. Il faut continuer.»
Les urgences sont constamment sur la corde raide. La moindre éclosion de gastroentérite ou de grippe brise le fragile équilibre. Le personnel débordé est obligé de faire des heures supplémentaires.
À Montréal, la durée moyenne de séjour aux urgences a légèrement baissé l'an dernier pour remonter un peu cette année.
Dans l'ensemble du Québec, les patients qui passent plus de deux jours aux urgences sont moins nombreux. Les séjours de 48 heures sont passés de 6,2 % en 2002-2003 à 5,6 % aujourd'hui. Une petite baisse.
«Ça ne s'est pas amélioré, ça s'est détérioré», dénonce pourtant la présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires du Coeur-du-Québec (affilié CSQ), Claire Montour.
«Ce qu'on a soigné, ce sont des chiffres, des données. Personne n'a parlé du patient couché sur une civière. On gère des colonnes de chiffres», dit-elle.
Des progrès en chirurgie
Les listes d'attente sont légèrement moins longues. Les progrès sont surtout tangibles pour les chirurgies de la cataracte, de la hanche et du genou. Trois priorités du gouvernement Charest.
«Globalement, c'est sûr que ça s'est amélioré pour les chirurgies de la hanche ou du genou», reconnaît le Dr Pierre Lavallée, président de l'Association des médecins orthopédistes du Québec. Les hôpitaux ne sont plus limités par des quotas comme c'était le cas il y a quelques années.
À Montréal, le délai est passé de 12,5 à 5,8 mois pour une arthroplastie de la hanche ou du genou. Le temps d'attente pour une chirurgie de la cataracte a aussi diminué de moitié.
De façon générale, les listes d'attente sont loin d'être éliminées. Près de 30 000 Québécois attendent depuis plus de six mois leur tour de passer sous le bistouri.
«Il y a des endroits où la situation s'est améliorée, comme en radio-oncologie, mais nous, en hémato-oncologie, on n'a pas vu de différence», explique le Dr Daniel Bélanger, président de l'Association des médecins hématologues et oncologues du Québec.
Le gouvernement Charest a mis l'accent sur les données qu'on peut facilement colliger comme la durée moyenne d'attente aux urgences ou l'attente pour une chirurgie de la cataracte, du genou ou de la hanche, souligne-t-il.
«On n'en parle pas, mais une consultation pour de l'anémie peut prendre de six mois à un an auprès d'un hématologue. (...) L'ensemble de l'argent et de l'énergie est mis à régler ce qui est mesurable, ce qui est en vitrine, parce que ça paraît mal.»
Progrès ou pas, les libéraux n'ont pas rempli leurs promesses, estime la porte-parole de la Coalition Solidarité Santé, Gabrielle Pelletier. «Ce n'est pas un bilan extraordinaire. Il y a peut-être eu des éléments à certains endroits mieux qu'ailleurs. On peut penser à la baisse des listes d'attente pour une cataracte à Montréal, mais en général, on ne peut pas dire qu'ils ont rempli leur promesse.
L'écho est similaire du côté de la Fédération interprofessionnelle du Québec. «D'un point de vue apolitique, il y a eu quelques améliorations, mais le réseau en tant que tel ne s'est pas amélioré», croit la présidente, Lisa Bonamie.
Élément positif tout de même, souligne le directeur général du Comité de protection des malades, Paul Brunet: «Je ne suis pas au courant qu'il y a du monde qui meurt encore sur les listes d'attente, contrairement à avant.»
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