Le racisme systémique fera bien l'objet d’une consultation publique à Montréal

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Avec Plante, Montréal devient le laboratoire politique de l'extrême gauche racialiste

La Ville de Montréal a confirmé qu'elle consultera ses citoyens, dans les prochains mois, au sujet du racisme et de la discrimination systémiques, une notion qui demeure controversée. C'est l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) qui recevra du comité exécutif le mandat de mener l'exercice.


« Ce n’est pas la Ville de Montréal qui initie ce mouvement-là, cette consultation, mais bien des citoyens qui se sont mobilisés [en vertu de] ce qu’on appelle "le droit d’initiative" », a souligné la mairesse Valérie Plante, en entrevue à Gravel le matin, sur les ondes d’ICI Première.


Les deux groupes à l’origine de la pétition, Montréal en action et le Centre de recherche-action sur les relations raciales, ont pu récolter 20 000 signatures depuis le 1er mai dernier.


Le greffier de la Ville a validé que ce sont bien des citoyens montréalais qui ont apposé 16 700 des signatures soumises. Son équipe a préféré ne pas poursuivre l'opération au-delà de ce nombre, puis que le seuil nécessaire pour forcer une consultation n'est que de 15 000 signatures.


Qu'est-ce que le racisme systémique?


Le concept de « racisme systémique » (à ne pas confondre avec « systématique ») soulève souvent les passions, bien peu de gens acceptant de se reconnaître « racistes ». Certains nient jusqu'à son existence. Le Barreau du Québec le définit comme « la production sociale d’une inégalité fondée sur la race dans les décisions dont les gens font l’objet et les traitements qui leur sont dispensés ». La Ligue des droits et libertés parle d'« un système auquel nous participons tous, parfois volontairement, mais souvent inconsciemment ». Le Plan stratégique triennal de l’Ontario contre le racisme indique lui aussi que « cette attitude n’est pas toujours intentionnelle et ne signifie pas nécessairement que le personnel de l’organisme concerné est raciste ».


Balarama Holness, de Montréal en action, attribue le succès de cette mobilisation à l’intérêt des jeunes pour la question.


« La jeunesse, génération Z, X, les milléniaux : ce sont eux qui ont mené la pétition, ce sont eux qui ont récolté les signatures, a-t-il indiqué.



La jeunesse, c’est elle qui va amener plus d’inclusion, plus de diversité, et c’est l’optimisme de la jeunesse qui a fait en sorte qu’on a récolté les 20 000 signatures.


Balarama Holness, du groupe Montréal en action


M. Holness, un ancien joueur des Alouettes, a lui-même été candidat pour Projet Montréal, le parti de Valérie Plante, lors des élections de l'automne dernier. Il a accusé Projet Montréal de l'avoir « utilisé » comme minorité visible sans lui donner les moyens d'être élu.


« Étant donné que tout a été fait en bonne et due forme, on doit se saisir de ce dossier-là, a expliqué Mme Plante. Et on a décidé de demander à l’OCPM, qui est un organisme indépendant, de mettre le cadre autour de ça. »


Balarama Holness et Valérie Plante dans une vidéo promotionnelle de la chef de Projet Montréal. Balarama Holness et Valérie Plante dans une vidéo promotionnelle diffusée durant la campagne électorale.  Photo : Facebook/Projet Montréal


La Ville au banc des accusés


« Le message est clair : ce n’est pas normal, au 21e siècle, d’avoir un comité exécutif homogène, d’avoir encore du profilage racial, profilage social, a fait valoir Balarama Holness. La discrimination à l’emploi est encore systémique : le taux de chômage à Montréal est dans les 7 %, dans certaines communautés racisées, c’est jusqu’à 20 %. »



Oui, il y a un problème de représentation. Maintenant, parler de racisme systémique, là, on entre dans un autre registre.


Valérie Plante, mairesse de Montréal


« Dès le lendemain de mon élection, j’ai dit : "C’est quand même dommage qu’au sein de l’ensemble de nos élus – on en a 103 –, il y ait très, très peu de représentation culturelle, alors que 30 % de la population est issue des minorités culturelles" », a-t-elle rappelé.


« C’est sûr qu’il faut avoir une volonté politique, a-t-elle dit. Nous, on l’avait mis de l’avant dans notre élection : 30 % des candidats et candidates devaient être issus des minorités culturelles de la même façon que 50 % des candidats devaient être des femmes. Mais là, ça demande une volonté des partis. »


Valérie Plante dit souhaiter améliorer le sort des Montréalais issus des minorités culturelles.


« Ce qu’on a décidé de faire, depuis que je suis en poste, c’est de mettre en place une table sur l’inclusion, pour pouvoir trouver des mécanismes pour s’assurer, par exemple, qu’on niveau des 28 000 employés de la Ville de Montréal, on ait une meilleure représentation. On est vraiment dans cette mouvance-là », a assuré Mme Plante.


Les minorités visibles à Montréal



  • 30 % des Montréalais

  • 12 % des employés municipaux

  • 7,4 % des policiers de Montréal

  • 1 % des pompiers


Il n’est cependant pas question, pour l’instant, d’élaborer une réglementation sur le racisme et la discrimination systémiques. L’administration Plante préfère se fixer des objectifs.


« C’est un sujet qui est sensible, mais je pense qu’on peut [l'examiner] de façon constructive », a estimé la mairesse.


« Je n’attends pas les résultats de cette consultation-là [pour agir]. Ce qui m’intéresse, comme mairesse, c'est de voir sur quoi je peux agir pour m’assurer que tout le monde à Montréal a des chances égales, par exemple, de se loger, de travailler, de se déplacer », a-t-elle assuré.


Avec des informations de Benoît Chapdelaine