On n’a pas appris grand-chose du conflit étudiant de 2012 et le Québec pourrait revivre une crise aussi grave, croit Serge Ménard, qui a présidé la commission sur le printemps érable.
«Ce que je crains, c’est la crise sociale. Je n’aime pas ça. Ça va peut-être arriver plus tôt qu’on le prévoit», s’inquiète Serge Ménard.
Près d’un an après le dépôt de son rapport, l’ancien ministre péquiste n’a toujours pas digéré l’accueil glacial que le gouvernement Couillard a réservé à ses recommandations, dont un grand nombre visait les forces policières.
«Je pensais que j’avais acquis une réputation de ne pas faire de politique partisane. Pis criss, ils viennent m’accuser et m’ignorer.»
«Vous avez payé 800 000 $ pour [la commission]. Vous ne voulez pas vous en servir? Servez-vous-en pas!» ironise-t-il.
Chaos
Alors que près de 55 000 étudiants sont de nouveau en grève, le chaos pourrait être de retour sur les campus puisque la démocratie étudiante baigne toujours dans le même flou juridique.
«On va recommencer la ronde des injonctions», soupire M. Ménard.
La semaine dernière, la direction de l’UQAM a obtenu une injonction des tribunaux empêchant quiconque de perturber les activités de l’Université.
Le lendemain, une poignée de militants masqués ont tout de même fait irruption dans une classe de droit, tenant à faire respecter le vote de grève.
Vote secret
Pour se sortir de ce cul-de-sac, le droit de grève devrait être reconnu aux étudiants, affirme M. Ménard, mais à condition que le vote soit secret et «précédé d’une assemblée à laquelle tous sont convoqués».
«Donnez ce pouvoir aux étudiants et je suis convaincu que la majorité n’en abusera pas», martèle-t-il.
Si la loi était clarifiée de cette façon, les tribunaux reconnaîtraient les votes de grève et les injonctions n’auraient plus lieu d’être.
Aussi, le vote secret réduirait le pouvoir de ceux qui veulent manipuler les assemblées, explique-t-il.
«La grève, c’est le recours ultime. Pour le recours ultime, à mon avis, il faut le vote secret.»
La situation actuelle est toutefois différente de celle de 2012, car les revendications anti-austérité sont moins précises, estime-t-il.
«On va négocier avec qui? On va négocier quoi?» se demande M. Ménard.
Itinéraire
Pour ce qui est des affrontements entre manifestants et policiers, M. Ménard croit que les organisateurs devraient remettre l’itinéraire des manifestations à la police.
Il se montre néanmoins outré qu’à Québec, un policier ait tiré de la poudre irritante dans le visage d’une manifestante. Pour lui, il s’agit d’une autre preuve que certains corps policiers n’ont pas lu son rapport.
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