Le Québec peut accueillir davantage de réfugiés, contrairement à ce qui est véhiculé par la Coalition avenir Québec (CAQ), estime le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Jean-Nicolas Beuze présentera un mémoire à l’Assemblée nationale le 15 août prochain, dans le cadre de la consultation sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2020-2022. Il s’agit là d’une première.
Il recommandera au gouvernement Legault d’admettre davantage de réfugiés et de considérer certains d’entre eux comme des immigrants économiques, a appris La Presse canadienne.
En 2018, le Québec a accepté 8832 réfugiés. Le gouvernement caquiste cherche maintenant à obtenir l’accord d’Ottawa pour plafonner ce nombre à 7500 par année jusqu’en 2022. Le nombre d’immigrants économiques, lui, passerait de 29 190 en 2018 à environ 34 000 quatre ans plus tard.
En juin dernier, le premier ministre François Legault s’est justifié en déclarant : « on fait plus que notre part du côté humanitaire ». Or, le Canada et le Québec peuvent et doivent accueillir davantage de réfugiés, a soutenu M. Beuze en entrevue téléphonique de son bureau d’Ottawa.
Le Canada accueille actuellement environ 25 000 réfugiés sur une population de 37 millions d’habitants. En comparaison, au Liban, une personne sur cinq est réfugiée, et même si les Libanais manquent d’eau potable, « ils ont accueilli ces gens à bras ouverts », a fait valoir M. Beuze.
Le représentant du Haut-Commissariat déplore la montée au Canada d’un discours « nocif », « très dangereux » et empreint de « racisme » entourant les réfugiés depuis 2017, année où des milliers de migrants sont entrés au Canada de façon irrégulière par le chemin Roxham, au Québec.
« On est en train de stigmatiser des populations, a-t-il déclaré. On l’a vu à travers les campagnes électorales au niveau provincial, en particulier au Québec et en Ontario.
Fausses perceptions
M. Beuze souligne qu’on imagine à tort que les réfugiés constituent un fardeau pour la société, qu’il ont du mal à s’intégrer.
« On essaye d’apporter un narratif différent sur ces questions-là basé sur des faits, par exemple le fait que la plupart des réfugiés très rapidement trouvent un travail et donc ne sont pas un fardeau pour le contribuable québécois », a soutenu M. Beuze, en citant des données du recensement de 2016 de Statistique Canada.
Les chiffres démontrent également que les réfugiés sont ceux qui ont le plus tendance à rester dans les régions, et que les enfants des réfugiés ont de meilleurs taux de réussite scolaire que les enfants nés au Canada, a-t-il renchéri. « Ils ne sont pas des criminels, ils ne mettent pas en danger la sécurité des Québécois. »
Le représentant des Nations unies croit que le Québec devrait s’efforcer de changer la perception du public selon laquelle les réfugiés ne sont que des « assistés », et atténuer la stigmatisation sociale, en acceptant certains réfugiés par l’entremise du programme d’immigration économique.
Le Plan d’immigration du Québec pour l’année 2019 prévoit l’admission de 40 000 personnes immigrantes au Québec, ce qui constitue une diminution de plus de 20 % par rapport au nombre total de personnes immigrantes admises ces dernières années dans l’ensemble du Québec et dans chacune des catégories d’immigration.
L’intention du gouvernement est d’augmenter progressivement le nombre de personnes immigrantes admises au cours de la période pour s’établir entre 49 500 et 52 500 personnes en 2022, et d’atteindre, en fin de période, une proportion de personnes admises dans la catégorie de l’immigration économique de l’ordre de 65 %.