Mario Girard - Pour garder les brebis écossaises dans le pré anglais, Tony Blair n'a pas hésité à utiliser le cas du Québec comme l'exemple à ne pas suivre. Selon lui, les deux référendums québécois ont fait perdre à Montréal le titre de métropole économique canadienne.
Dans une longue lettre publiée hier dans le Daily Telegraph, le premier ministre britannique a multiplié les exemples pour convaincre les Écossais ne pas choisir le Scottish National Party (SNP) aux prochaines élections du Parlement d'Édimbourg. Ce parti indépendantiste, qui bénéficie pour le moment de l'appui du tiers des électeurs, promet de procéder à un référendum sur l'indépendance de l'Écosse une fois élu.
«Montréal a déjà été la capitale économique du Canada, écrit Tony Blair. Et même si les Québécois ont abandonné leur projet de séparation, cette situation lui a fait perdre son titre au détriment de Toronto.»
Sur un ton prophétique et menaçant, M. Blair conclut en affirmant que l'Écosse pourrait connaître le même sort si jamais elle mettait fin à l'Acte d'union la lie à l'Angleterre depuis trois siècles.
«Je ne suis pas surpris de cela, dit Jean-François Lisée, directeur du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CERIUM) et conseiller aux affaires internationales de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard. Un premier ministre qui ne veut pas que l'une de ses provinces se sépare utilise des arguments fédéralistes de cette taille.»
Exagération
Selon M. Lisée, les référendums québécois sont souvent évoqués dans la presse internationale, particulièrement en Angleterre. «Le cas québécois est très souvent utilisé par les Anglais. Cela dit, il faut souvent les corriger certains détails. Je trouve que, dans ce cas-ci, il est exagéré de laisser croire que c'est uniquement à cause des référendums que Montréal n'est plus la métropole économique du Canada.»
Jean-François Lisée trouve étrange que Tony Blair ait recours à une foule d'arguments pour tenter de convaincre les Écossais alors que la Constitution protège l'Angleterre. «Il n'aurait qu'à leur dire qu'une séparation est inconstitutionnelle, et il ne le fait pas. À mon avis, ça cache quelque chose. Ça veut peut-être dire qu'il n'a pas l'intention d'aller jusque là advenant un oui des Écossais.»
Le 3 mai prochain, les Écossais choisiront les 129 députés du Parlement d'Édimbourg, actuellement dirigé par un gouvernement de coalition formé du Parti travailliste écossais et du Parti libéral démocrate.
Advenant une victoire du SNP, son chef, Alex Salmond, promet de présenter, dans les 100 jours, un projet de loi demandant aux citoyens d'accorder au Parlement le mandat de négocier «une nouvelle entente avec la Grande-Bretagne pour que l'Écosse devienne un État souverain et indépendant».
À quelques mois des élections et au moment où on vient de souligner les 300 ans de l'Acte d'union entre l'Écosse et l'Angleterre, le SNP a placardé les rues d'Édimbourg de son slogan : «1707, pas le droit de choisir, 2007, le droit de choisir.»
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