Le Québec est une superpuissance morale

Chronique de Jean-Jacques Nantel


Le but de cet article n'est pas de convaincre des convaincus, mais de montrer aux souverainistes que leur stratégie actuelle est maladroite et emploie les mauvais arguments pour convaincre la population. Pour gagner, il nous faut absolument changer de paradigme et renouveler notre discours. Notre impuissance politique actuelle a en effet une cause essentiellement morale, idéologique et psychologique.
Emportés par les courants culturels qui agitent l'Occident dont ils font partie, les Québécois ont assimilé dans leurs fibres les plus intimes les principaux réflexes créés par l'idéologie anti-raciste de l'époque actuelle. Selon le racisme à rebours présentement à la mode, les hommes à peau blanche sont forcément toujours des agresseurs et les non-blancs, des victimes innocentes. Dans le cas québécois, ce genre d'autodénigrement est tout à fait injustifié puisque notre peuple n'a pratiquement pas participé aux grands crimes contre l'humanité commis au cours des quatre derniers siècles.
Nous ne sommes pas parfaits, puisque nous sommes des Humains, mais nous sommes moralement supérieurs à la plupart des autres peuples, blancs ou non! Certes, en fouillant dans notre passé, on pourrait découvrir des tortionnaires, des esclavagistes, des tueurs en série et peut-être même des cannibales mais, chez nous, des criminels de ce genre ont toujours été des cas d'exception. Nous n'avons d'excuses à présenter à personne.
En fait, nous sommes une superpuissance morale. C'est même le seul domaine où le Québec soit une superpuissance. Il serait temps qu'on s'en rende compte et qu'on commence à s'en servir pour défendre nos intérêts au lieu de passer notre temps à nous excuser de crimes que nous n'avons pas commis. Pour comprendre l'importance de toujours affronter nos contradicteurs en insistant lourdement sur notre supériorité morale, il suffit de considérer tout ce que les Juifs ont obtenu, depuis les Nazis, en utilisant ce type d'arguments.
Profitons-en pour mentionner que les Québécois n'ont aucune excuse à présenter aux Juifs pour l'holocauste nazi. En réalité, nous sommes en droit d'EXIGER des remerciements pour tout le sang versé par nos soldats - tous volontaires - de la Seconde Guerre mondiale, pour les pleurs de leurs veuves et pour la sueur de nos travailleurs d'industries.
On nous accuse de génocide contre les Amérindiens? Où et quand s'il-vous-plaît? S'il y eut des combats en Nouvelle-France, jamais il n'y eut de génocide, du moins du côté français. Pour le prouver, il suffit de dire qu'il aurait été impossible (et suicidaire) à quelques centaines de colons armés de fusils à un coup de massacrer des centaines de milliers de guérilleros-nés qui connaissaient cet immense pays boisé comme le fond de leur poche. Quant aux Hurons, aux Abénaquis et aux Malécites, il s'agit carrément de réfugiés qui sont jadis venus de l'extérieur du Québec pour implorer notre protection. Nous sommes exactement l'inverse d'un peuple de génocidaires!
On nous accuse d'avoir volé leur pays à ses premiers occupants? Jamais! Pour commencer, lorsque nos ancêtres amérindiens arrivèrent au Québec, il y a 11000 ans, le territoire était vide. (Notons qu'à l'époque où cela faisait chic d'être des Blancs purs, les Anglais nous traitaient de métis dégénérés parce que nous avions du sang indien. Aujourd'hui que cela fait bien d'être un métis, on nous accuse plutôt d'être des sortes de Nazis qui agresseraient les autres groupes ethniques.)
Quand, à leur tour, nos ancêtres français s'installèrent à Québec en 1608, ils ne le firent pas après avoir ravagé le pays, comme les Anglais devaient le faire en 1759. Tout au contraire, ils s'installèrent tout tranquillement au milieu de leurs clients, de leurs fournisseurs, de leurs amis et de leurs alliés. Jamais les Montagnais et les Algonquins, au milieu desquels ils allaient vivre pendant des siècles, ne devaient chercher à les rejeter à la mer. Non seulement nos ancêtres français étaient-ils les bienvenus dans le pays parce qu'ils y amenaient des produits en forte demande que les aborigènes ne savaient pas fabriquer (outils de fer, armes à poudre, alcool, miroirs, etc) mais, dès 1609, ces derniers demandèrent à Champlain de les accompagner dans l'actuel Etat de New York pour guerroyer contre leurs ennemis iroquois.
De toute façon, la colonisation française en Amérique du Nord était une colonisation de nature commerciale et non une colonisation de peuplement puisque seulement 2600 colons français y ont laissé des descendants. Toute une invasion! Loin de vouloir massacrer les Indiens, les gouverneurs de la Nouvelle-France envoyaient même chaque année des présents aux chefs des tribus de l'intérieur pour se les concilier. Mieux: les tribus de la région des Grands Lacs, sous la direction de Pontiac, se sont révoltées contre les Anglais quand, à la suite du Traité de Paris de 1763, elles apprirent que la France avait laissé tomber le Canada, car elles savaient que, sans notre aide militaire, les colons américains ne tarderaient pas à venir leur voler leurs terres; ce qui arriva effectivement quelques courtes années plus tard.
Si les Québécois de souche ont fini par devenir majoritaires au Québec, c'est, non parce qu'ils ont massacré ou spolié les Amérindiens, mais parce que ceux-ci sont morts d'épidémies d'origine eurasiatique contre lesquelles ils n'avaient aucune défense immunitaire. Quand on connait les faits historiques, il est impossible d'accuser les colons français du Canada d'avoir brutalisé systématiquement les autochtones. Ici encore, nous avons gardé les mains propres.
En matière d'excuses, les Québécois en doivent peut-être de minuscules aux Noirs pour l'épisode de l'esclavage, car il y a effectivement eu quelques dizaines d'esclaves de maisons durant le régime français. (C'est vrai, alors admettons-le!) Mais il s'agissait d'esclaves de maisons qui, partout sur la planète, étaient relativement bien traités précisément parce qu'ils vivaient dans les demeures de leurs maîtres.
Dans ce domaine, de toute façon, les Noirs africains devraient présenter leurs excuses en premier au reste du monde puisque c'était eux qui agressaient et capturaient leurs voisins, les futurs Afro-américains, pour ensuite aller les vendre sur les côtes à des marchands arabes ou européens. (Notons que le premier Européen à avoir pénétré à l'intérieur du continent noir fut Livingstone, au 19ème siècle). Les Noirs des Caraïbes également devraient nous précéder dans les excuses, puisque les affranchis de la région achetaient souvent des esclaves. Ils savaient de quoi il s'agissait et ils s'y lançaient quand même!
A tous ces crimes que nous n'avons pas ou peu commis, il faut ajouter le traitement exemplaire que les Québécois offrent depuis toujours aux minorités vivant sur leur territoire. Il suffit de comparer la pauvreté matérielle des francophones hors-Québec avec la situation outrageusement déséquilibrée dont profitent les Anglophones du Québec pour montrer que ce dernier est la meilleure partie du Canada, la plus généreuse et la plus authentiquement respectueuse d'autrui. Quiconque, sur cette planète, désire apprendre comment traiter généreusement des minorités doit venir au Québec; nous le lui enseignerons.
De toute façon, qui ose nous accuser de crimes? Le peuple canadien anglais, un petit peuple dont on ne peut se fier ni à la parole ni aux promesses ni même aux signatures de ses représentants. On l'a bien vu en 1981 quand sept de leurs neuf premiers ministres provinciaux, sept de leurs meilleurs citoyens, renièrent leurs signatures pour voler le droit de veto du Québec. Consultés, les juges de la Cour Suprême feignirent, quant à eux, d'ignorer que le droit britannique (dont ils sont issus) est de nature cumulative et historique; ce qui veut dire qu'une convention reconnue et appliquée y devient un droit. C'est ainsi depuis la Grande Charte de 1215. Aussi malhonnêtes que leurs concitoyens, ils déclarèrent alors que le droit de veto du Québec n'existait pas en dépit du fait qu'il avait été appliqué à Victoria en 1971 et qu'il avait fait l'objet d'une entente signée par huit premiers ministres provinciaux lors d'une conférence constitutionnelle en bonne et due forme. Lors de cette conférence, Elliott Trudeau, qui connaissait la piètre valeur morale de son peuple, se plaisait d'ailleurs à répéter à René Lévesque: ¨... mais vous avez abandonné votre droit de veto¨; ce qui signifiait en gros: ¨Votre signature est honorable, mais les nôtres ne le sont pas¨.
Nous parlons ici du même peuple canadien anglais qui a commis trois ethnocides (contre les Acadiens, contre les Métis de Louis Riel et contre les aborigènes) et qui rêve ouvertement d'en commettre un quatrième à notre détriment. En dépit de leurs discours prétentieux concernant leur fair-play, les Canadiens anglais ont amplement prouvé qu'ils n'étaient pas un peuple de gentlemen.
Nous avons été et nous sommes encore les victimes d'un autre petit peuple aussi sans importance que le nôtre; un petit peuple qui nous a envahi à coups de canons pour ensuite nous appauvrir artificiellement pendant un quart de millénaire en utilisant toutes sortes de petits trucs sales (expulsion de nos élites en 1763, Serment du Test, tests d'intelligence en anglais, etc). Nous sommes les agressés et ils sont les agresseurs! C'est cela la vérité historique. Et elle est incontestable!
Si nos élites faisaient correctement leur travail, elles ne laisseraient pas un tel peuple nous calomnier et elles feraient honte à tous ces étrangers qui sont envoyés au Québec pour nous nuire.
Oui, c'est exact, nous avons la peau blanche! Mais NOUS SOMMES BLANCS ET INNOCENTS.
Parce que l'être humain est naturellement bon, l'argument moral devrait être notre meilleure arme pour convaincre les immigrants de se joindre à nous. L'expérience de Ghandi, de Martin Luther King, de Nelson Mandela et de bien d'autres montre que, dans un conflit politique, celui qui réussit à établir sa suprématie morale, finit infailliblement par vaincre et à court terme. Car ce sont les idées qui mènent le monde.
Mais qu'attendent donc les souverainistes pour se mettre à défendre la vérité, le droit et la morale?
Jean-Jacques Nantel, ing.
Janvier 2011


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2 commentaires

  • Lise Pelletier Répondre

    11 janvier 2011

    M.Nantel
    Vous êtes un homme d'intelligence de fond, la géo-politique
    vous sied très bien.
    La croyance que vous éprouvez envers le peuple du Québec et la richesse du Québec à de quoi rendre les pessimistes honteux. Inutile de vous redire à chaque fois que vous me faites un bien immense et que vous rechargez mes batteries, mais c'est bien le cas.
    Pour ce qui est des anglais, je fais quand même une distinction entre ceux qui gouvernent du côté fédéral et qui font tout pour nous anéantir et le peuple anglophone lui-même. La bonté et la morale existe chez tous les peuples, le problème est toujours la soif du pouvoir et de domination d'une minorité sur une majorité.
    Idem pour la gouvernance actuelle avec le PLQ., pour le PQ il y en a sûrement aussi.
    Merci !
    Lise Pelletier

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2011

    Je vous félicite monsieur Nantel pour cet excellent texte. En effet, la nation québécoise n'a pas de leçon à recevoir du Canada-anglais.
    Notre Assemblée Nationale fut la première législation au Canada à honorer de leurs présences, des députés d'origine juive et noire. J'ai déjà écrit un papier à sujet. Et honte encore à ceux et celles qui firent un procès d'intention dégoûtant à l'un de nos plus respectés patriotes et j'ai nommé monsieur Yves Michaud.