On ne peut que déplorer, comme Jean-Jacques Nantel ou Alexandre Cormier-Denis, toutes les exactions et détournements commis par nos conquérants et leurs successeurs. Mais il est absurde de dire que les Québécois en auraient été victimes. La province de Québec est la pierre angulaire du système colonial mis en cause. C’est pour beaucoup de par l’action de la « communauté québécoise d’expression anglaise » que le Canada britannique s’est édifié et que Montréal en fut longtemps la métropole. L’extraordinaire essor économique montréalais a reposé là-dessus et, à la fin du 19e siècle, ceux qui en profitaient le plus habitaient généralement le Golden Square Mile à Montréal. Ils nous ont d’ailleurs légué McGill, la plus prestigieuse université québécoise.
Vous êtes Québécois? Et bien, James McGill l’était tout autant. Il faudrait peut-être apprendre à assumer notre québécitude.
D’autant plus qu’aujourd’hui le phénomène se poursuit par le détournement systématique d’institutions gouvernementales ou financières québécoises naguère mises sur pied pour favoriser l’émancipation économique des Canadiens-Français. Voyez comment la québécitude oriente l’investissement des fonds de la Caisse de dépôt : 6 ou 7 milliards de dollars investis dans le REM pour le seul développement du Montréal anglais sans que personne n’y trouve à redire. Idem pour le CUSUM.
Il n’y a qu’entre les années 1910 et la fin des années 1960 que les Canadiens-Français ont pu user des pouvoirs de leur province avec réel avantage. Ils y arrivèrent tant et si bien qu’en 1965 Daniel Johnson père en était venu à exiger la reconnaissance du Québec en tant qu’État national des Canadiens-Français.
Cette reconnaissance politique était primordiale puisque, sans elle, le Québec demeurait une colonie, une Rhodésie, qui, même si elle parvenait à l’indépendance, n'aurait jamais été qu’une version nord-américaine de ces pays d’Afrique ou d’Amérique latine, une construction plurinationale si vulnérable aux manipulations des multiples impérialismes idéologiques ou économiques.
Mais on le sait, plutôt qu'une reconnaissance nationale, c’est la québécitude qui est advenue. C’est elle qui, sous forme de multiculturalisme post-moderne appliqué au seul Québec, devait reconsolider le système d’aliénation coloniale mise en place en 1763 pour parachever ainsi la Conquête. En somme, c’est elle qui se devait d’en finir avec les Canadiens-Français. Oh oui, de « la belle ouvrage », comme dirait l’autre.
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